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Les causes des régurgitations

Lorsque notre enfant recrache du lait de manière fréquente, nous ne pouvons nous empêcher de nous inquiéter et de nous poser des questions : est-ce normal? est-ce à cause de ce que je mange? mon lait est-il bon? est-ce que je lui donne trop la tétée? pas assez ? Face à un bébé qui recrache du lait, il convient tout d’abord d’identifier s’il s’agit de régurgitations ou de vomissements (en jet ou non). En effet, les régurgitations sont courantes, physiologiques et souvent « normales » même lorsqu’elles interviennent plusieurs fois par jour sur plusieurs mois. Les vomissements trop fréquents sont, quant à eux, bien souvent le reflet d’une pathologie plus « grave » (virus, sténose du pylore etc.) qu’il convient de diagnostiquer afin de pouvoir la soigner.

Il convient aussi d’identifier s’il existe un problème d’allaitement. Pour cela, il faut regarder les selles, la fréquence des urines, la prise de poids, l’éveil de bébé, si l’allaitement est douloureux, etc. Les régurgitations peuvent, en effet, comme nous allons le voir, être associées à des difficultés au niveau de l’allaitement. Apporter des solutions à ces difficultés apaisera donc les régurgitations.

Les causes possibles :

Historiquement, tous les bébés avaient des longues bavettes qui étaient lavées quotidiennement… Il faut donc garder en tête qu’une bonne partie des nourrissons, pour ne pas dire tous les nourrissons, régurgitent régulièrement. 

Faisons le tour des causes les plus fréquentes de ces régurgitations, elles sont souvent multifactorielles. Certaines sont sans incidence sur la santé, elles ne posent qu’un problème de linge et ne nécessitent aucune intervention. Elles ne sont pas non plus douloureuses pour le bébé.

1. L’immaturité du cardia (clapet situé en haut de l’estomac devant, une fois mature,  bloquer la remontée du bol alimentaire dans l’oesophage) :

La première cause est l’immaturité du cardia. Le bébé va donc régurgiter une partie de ce qu’il avale dû à cette immaturité (le clapet se ferme « mal »). On ne peut pas agir sur cette cause, le temps et le développement de bébé résoudront ce problème.

2. Les manipulations après tétées :

Toujours sans gravité, le bébé peut aussi régurgiter s’il a été trop manipulé ou trop brusquement, à proximité d’une tétée. Vous pouvez donc éviter au maximum de déplacer ou manipuler bébé après une tétée et comme pour le trop plein ci-dessous, garder bébé dans une position verticale.

3. Le “trop plein” :

Bébé peut également régurgiter s’il a « trop » tété, le trop plein va donc ressortir. Il sera souvent bénéfique de garder bébé dans une position assez verticale un certain temps. Le portage vous aidera à prendre soin de bébé ou à passer le relais à votre partenaire ou à un proche tout en poursuivant une activité. Profitez-en pour vous accorder une pause ! Pensez à suivre un atelier de portage car certaines positions sont plus favorables aux bébés souffrant de reflux.

4. Vitamines et autres compléments :

Certains médicaments ou compléments vont aussi favoriser les régurgitations, c’est le cas notamment de certaines vitamine D3 (données systématiquement aux bébés jusqu’à 18 mois). La vitamine Zyma D, par exemple, contient de l’huile essentielle d’orange douce ainsi que de l’huile raffinée, ces ingrédients peuvent causer des régurgitations ou accentuer les régurgitations causées par un reflux gastro-œsophagien (RGO) déjà présent. Si votre bébé régurgite beaucoup, il vaut donc mieux privilégier une vitamine D3 avec le moins d’ingrédients possibles et avec de l’huile de bonne qualité.
Voir notre article: La vitamine D .

5. Le Réflexe d’Éjection Fort chez la mère :

Si la maman a un réflexe d’éjection fort (REF) (voir notre article Le REF (Réflexe d’Éjection Fort)), cela peut également accentuer les régurgitations pour son bébé. En effet, celui-ci va avaler une grande quantité de lait très rapidement, il va aussi souvent avaler de l’air, tous ces facteurs feront qu’une partie du lait va  « ressortir » par la suite (trop plein, trop d’air dans l’estomac …). Pour ces mamans, le mieux reste de vider légèrement leur sein (expression manuelle) avant la tétée afin de limiter la puissance du REF. Il est aussi très important, après chaque tétée, de faire faire le rot aux bébés. En effet, la verticalité permettra au clapet du bébé de bien se « refermer » et l’air avalé sera « évacué ». Les rots limitent ainsi grandement les régurgitations.

6. Les problèmes de “tension” chez le bébé :

D’une manière générale, les bébés qui souffrent de tensions vont également être plus sensibles aux régurgitations. Ces tensions sont fréquentes chez les nourrissons et elles peuvent avoir de nombreuses causes, elles peuvent être « positionnelles ». Par exemple, une mauvaise position in utéro peut entraîner des torticolis, un syndrome de KISS, etc. Elles peuvent aussi être dues à des allergies alimentaires ou causées par des freins restrictifs, etc. Ces tensions sont souvent également la cause des fameuses « coliques du nourrisson».

Quand un bébé est tendu, sa bouche, sa langue, son estomac, etc. sont tendus, la succion est alors bien souvent modifiée (c’est d’ailleurs une cause d’échec d’allaitement ou d’allaitement mis en place difficilement, douloureux …). La digestion est également «altérée» et tout cela aura souvent comme conséquence des régurgitations d’une partie du lait ingéré.

Les tensions, en général tout comme les allergies, peuvent causer ce qu’on appelle communément des « coliques » : le bébé a des gaz, il a mal au ventre, il pousse, se tortille, devient tout rouge, parfois pleure pendant des heures. Les coliques sont donc intimement liées aux régurgitations, tout d’abord car elles sont souvent le reflet d’une autre «pathologie»: tensions, allergies, REF… et également car le bébé qui pousse, qui a mal, sera encore plus tendu, et nous l’avons vu, un bébé qui est tendu régurgite davantage.

      • a- Tensions positionnelles
        Lorsque les tensions sont « positionnelles » et liées au squelette, bien souvent, des séances chez l’ostéopathe ou chez le chiropracteur suffisent à réduire les tensions et donc les régurgitations.
      • b- Allergies
        Les nourrissons souffrant d’allergies (gluten, protéines de lait de vache (PLV), oeuf …) sont également beaucoup plus touchés par les régurgitations. En effet, leur système digestif est «inflammé», ils sont également beaucoup plus tendus, souffrent ainsi souvent de «coliques». Tous ces symptômes amènent assez inévitablement des régurgitations fréquentes. Pour traiter les régurgitations dues aux allergies, il convient de stopper la consommation des allergènes à la fois pour le bébé s’il est diversifié mais aussi pour la maman si elle allaite (éviction stricte des PLV par exemple : il conviendra, dans ce cas, de choisir une vitamine D3 issue du lichen et non de la lanoline.).
      • c- Les freins restrictifs
        Les freins (frenulum) sont des éléments anatomiques qui empêchent un élément du corps de s’éloigner trop de sa position habituelle. Ainsi, dans la bouche, il y a trois sortes de frenulum : sous la langue, au niveau des joues et au niveau des gencives / lèvres. Ces frenulum jouent donc leur rôle naturel de frein. Or, il arrive, malheureusement fréquemment, que ces freins soient restrictifs. Ils peuvent, donc également, être la cause des régurgitations. En effet, un frein trop serré amènera souvent des tensions (qui auront été créées in utero) dans tout le corps et notamment au niveau de la bouche. Les freins (et les tensions qui en découlent) vont donc altérer la succion et de la même manière que pour un REF ou que pour un problème de mauvaise position d’allaitement : bébé va avaler beaucoup d’air, mal stimuler le sein et va donc ingurgiter moins de lait « gras »  (les conséquences sont alors des selles vertes). Tout cela amènera donc bien souvent des difficultés à digérer, des gaz et bébé souffrira donc de « coliques » qui, comme nous venons de le voir, contribuent à l’aggravation des régurgitations. Les freins restrictifs peuvent être coupés mais cela n’est pas toujours nécessaire. Quoi que vous décidiez de faire, il conviendra de consulter un chiropracteur qui manipulera bébé pour le soulager et vous indiquera les exercices à réaliser à la maison. Parfois (souvent !) un bon suivi chez un chiropracteur formé aux freins (attention ils ne le sont pas tous) peut suffire à réduire voire supprimer les tensions dues à un frein restrictif. 
      • d- Cause médicale et pathologie
        Il y a aussi des causes plus « médicales » qui expliquent directement les régurgitations. Dans ce cas, on parle plutôt d’un “vrai” Reflux Gastro-Oesophagien (RGO) entraînant quasi systématiquement une oesophagite (inflammation chronique de l’oesophage). Ces bébés ont des régurgitations douloureuses ( ce qui est normal puisque l’oesophage est “brûlé”). Les premières choses à faire sont de trouver la cause du RGO et de calmer l’oesophagite. Pour cela, il est primordial de consulter un médecin. Il est important que celui-ci recherche la cause du reflux pour éviter une médicamentation inutile, par exemple, si le RGO résulte d’une allergie, il “suffira” de stopper l’allergène. Il faut savoir que certains médecins face à un RGO ne cherchent pas la cause mais prescrivent des médicaments anti-reflux (comme les inhibiteurs de la pompe à protons). Ces traitements ne sont pas sans conséquence et peuvent avoir des effets secondaires dommageables. En effet, grâce à l’acidité de l’estomac, des alpha-lactalbumines du lait maternel forment la protéine “HAMLET” (qui protège des cancers infantiles, mais pas seulement ). Ces médicaments anti-reflux rendent l’estomac moins acide, empêchant alors la formation de la précieuse protéine HAMLET. Pour soulager un bébé qui souffre de RGO, il conviendra de ne pas trop le manipuler après une tétée. Vous pouvez également le porter de manière physiologique afin de le verticaliser le plus possible. Il arrive très souvent que les bébés souffrant de RGO n’aiment pas être portés (ils se cambrent…) mais il existe des façons de porter qui leur sont davantage adaptées. Consulter une monitrice de portage pour un atelier de portage sera d’un grand bénéfice si vous n’êtes pas coutumière de la pratique. Voici une vidéo d’Isabelle Sertelono sur la façon dont vous pouvez porter un bébé qui souffre de RGO : “Porter un bébé qui a un reflux”.
En Conclusion :

Rassurez vous, cette phase ne dure pas toujours. Et même si cette période vous paraît difficile et fait monter en vous un sentiment d’impuissance, gardez confiance en vous et en vos capacités à accompagner votre bébé. Bientôt, il va grandir, se déplacer, s’assoir, et cette période ne sera alors qu’un lointain souvenir.

 

Manon  pour l’Allaitement Tout Un Art