La chirurgie mammaire et l’allaitement sont-ils compatibles? Est-il possible d’allaiter malgré une chirurgie mammaire?
Nous allons répondre à ces questions en détaillant les cas des différentes chirurgies mammaires qu’elles soient d’ordre esthétique ou liées à une pathologie.
Retrouvez un visuel récapitulatif en fin d’article !
1. Anatomie du sein
Pour bien comprendre comment les chirurgies mammaires peuvent impacter une lactation, il faut comprendre comment elle se déroule.
Voici comment est composé le réseau lacté:
L’aréole et le mamelon possèdent de nombreux capteurs nerveux qui, sous la succion, transmettent l’information à l’hypothalamus qui lui-même transmet à l’hypophyse d’activer les hormones responsables de la production et de l’éjection lactée. Donc de la prolactine, un peu d’insuline et de cortisol (production) et de l’ocytocine (éjection). Ces capteurs nerveux sont reliés aux nerfs qui eux-mêmes suivent plusieurs chemins dans le sein, tout autour des glandes mammaires.
À l’intérieur du sein se trouvent les glandes mammaires qui sont constituées de lobes eux-mêmes constitués de lobules. Il y a 20 à 40 lobules par lobe et chaque lobule contient 10 à 100 alvéoles/acini où se déroule la production de lait.
Les capteurs nerveux envoient donc le signal aux hormones de produire et les lobules, abritant des cellules très bavardes, se dépêchent de produire le lait tout en contractant les membranes qui les entourent pour l’envoyer vers les canaux galactophores. Ces canaux prennent leur origine dans les alvéoles/acini et se dirigent, par un réseau complexe de ramifications, vers l’aréole et le mamelon (où ils se rejoignent) pour permettre au lait de s’extraire du sein.
Le mamelon, lui, possède ce qu’on nomme des pores galactophores, ces petits « trous » qui permettent de laisser sortir le lait ¹.
Lors d’une chirurgie mammaire il est possible que les canaux galactophores et les nerfs soient endommagés. C’est pourquoi elle est susceptible de perturber la conduite de l’allaitement.
2. Règle générale à toutes les chirurgies mammaires
Plus la chirurgie est susceptible d’approcher les canaux galactophores, les nerfs et les glandes mammaires, et plus il y a de risque que la lactation soit impactée. Pour toute chirurgie il est donc préférable d’avoir une incision la plus éloignée de l’aréole.
Le métabolisme de la femme est épatant. La mise en place et l’entretien du « réseau lacté » agit sous le joug d’hormones telles que l’œstrogène et la progestérone mais aussi de sa propre capacité de régénérescence cellulaire. Pendant la grossesse, ce réseau lacté se développe, puis involue à la fin de l’allaitement, mais cette involution n’est pas totale. Ainsi, les grossesses ainsi que le nombre d’années depuis la chirurgie mammaire peuvent jouer sur la reconstruction partielle ou totale de canaux galactophores potentiellement endommagés.
S’il y a des nerfs endommagés, il est possible qu’ils se régénèrent. Le nerf principal reliant la glande mammaire est le 4ème nerf intercostal ; ce dernier a des rameaux et ramifications qui se développent tout autour des glandes mammaires, suivant souvent le réseau artério-veineux. Si lors de la chirurgie ce 4ème nerf intercostal est touché, il est possible que ses rameaux et ramifications soient affectés.
Certains chirurgiens garantissent le bon fonctionnement des glandes mammaires malgré une incision péri-aréolaire. Il est impossible de le garantir. Même le plus précis et le plus doué des chirurgiens peut endommager ce réseau. Les canaux galactophores prennent base au niveau du mamelon et le réseaux nerveux a pour sommet le mamelon également. Autour de ce mamelon gravite donc une immense « toile » composée de canaux galactophores, de nerfs, d’artères et de veines et il est délicat d’y naviguer.
Afin de connaître l’impact d’une chirurgie sur ce « réseau lacté », il est possible de se fier à quelques signes avant l’accouchement.
Si l’aréole a été déplacée il y a de fortes chances pour que le réseau ait été endommagé, c’est une procédure très délicate. Et s’il y a perte de sensibilité, qu’il y ait déplacement ou non de l’aréole, il est possible que le réseau nerveux ait été endommagé. Par contre, il est impossible de savoir à quel degré tant que la lactation n’est pas établie.
C’est pourquoi, même la procédure de chirurgie la plus invasive n’entraînera pas forcément un mauvais fonctionnement des glandes mammaires.
Les variables sont larges. On ne peut savoir à l’avance si et comment le réseau a été endommagé. On ne peut pas savoir si et depuis combien de temps une potentielle régénérescence a eu lieu. Tout dépend du type de chirurgie et du métabolisme de la maman. Cet ensemble de points est vérifiable lors de l’accouchement et de la mise en place de la lactation.
C’est pourquoi il faudra toujours vérifier les paramètres d’un bon transfert de lait avant de se prononcer sur l’éventuelle mise en place d’un protocole d’allaitement. Protocole permettant un accompagnement dans le cadre d’une chirurgie mammaire qui aura été trop invasive pour allaiter exclusivement (point n°3).
Pour savoir si le transfert de lait est bon, il faudra se fier aux nombres de couches mouillées, aux selles (et au départ, l’évacuation du méconium) et à la prise de poids.
Il est recommandé de vous faire accompagner par une consultante en lactation certifiée IBCLC et/ou une association formée en allaitement.
3. Protocole pour accompagner l’allaitement en cas de chirurgie mammaire invasive
Les protocoles décrits ci-dessous doivent se faire sous l’accompagnement d’un professionnel formé en allaitement, tel qu’une consultante en lactation certifiée IBCLC ou tout autre professionnel sérieusement formé en allaitement.
Si la chirurgie mammaire ne permet pas un allaitement exclusif il sera possible pour la maman de mettre en place un protocole de stimulation et de compléments à donner au bébé sans risque de perturbation/modification de succion.
Dans ce cas précis, il est conseillé à la mère de pratiquer le tirage avec un tire lait à double pompage de qualité hospitalière dès l’accouchement. Le nombre de tirages peut être ajusté en fonction du métabolisme de la maman et de sa production lactée.
Si la production est, dès le départ, peu conséquente, il pourra être nécessaire de tirer le lait après chaque tétée. La maman pourra continuer à tirer son lait aux 3h du jour et de la nuit dans un 1er temps.
Par la suite, il faudra surveiller la conséquence de ces tirages sur la production lactée, vérifier que le sein soit bien drainé par le bébé (donc vérifier également la prise au sein du bébé), afin d’éviter les engorgements potentiels.
Si le sein n’arrive pas à être drainé malgré la bonne succion du bébé, il faudra ajuster cette production excessive en réduisant le nombre de tirages.
Ces tirages doivent être ajustés pour que la lactation soit optimale, ni trop stimulée, ni pas assez. Dans un cas comme dans l’autre la surveillance doit rester accrue afin d’ajuster le protocole en fonction du métabolisme de la maman.
Le bébé pourra avoir besoin de compléments si la mise en place d’un allaitement exclusif n’est pas possible. Dans ce cas, il sera possible de compléter le bébé avec le lait que la mère aura tiré, et/ou aux PCN si les tirages n’étaient pas suffisants.
Il est vivement recommandé d’utiliser le DAL au sein afin de ne pas perturber la succion du bébé dans cet allaitement déjà fragile mais également afin de stimuler la production lactée par la succion de bébé.
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4. Augmentation mammaire
L’augmentation mammaire consiste à intégrer des prothèses mammaires, le plus souvent il s’agit d’implants pré-remplis en gel silicone, mais ils peuvent l’être aussi au sérum physiologique ou plus rarement à l’hydrogel. Il existe les implants gonflables au sérum physiologique mais de moins en moins utilisés car ils peuvent se dégonfler brusquement et donner des plis avec un aspect moins naturel². Les implants pré-remplis en gel silicone ne sont pas contre indiqués pour l’allaitement, car « la sécurité des implants en silicone sur la santé des nourrissons est évoquée et semble sans danger » d’après la source de Hurst N- Breastfeeding after breast augmentation de 2003 ³. Il n’y a aucune donnée concernant ceux à l’hydrogel (composé de carboxy-methyl-cellulose).
- L’incision et le placement des prothèses
Il existe 3 sortes d’incisions pour le placement des implants.
- En péri-aréolaire, la plupart du temps en hémi péri-aréolaire inférieure, donc en demi-cercle sous l’aréole.
C’est l’incision la plus couramment pratiquée du fait de sa discrète cicatrice.
- Sous mammaire donc sous le pli du sein. D’un point de vue esthétique elle est moins sollicitée car on peut la voir en position allongée.
- Axillaire donc sous l’aisselle. Également moins sollicitée du fait du placement assez visible de la cicatrice, de la possibilité d’une cicatrice épaisse, de la macération possible pouvant entraver une bonne cicatrisation, du placement difficile des implants pour le chirurgien et du risque de déplacement de la prothèse vers le haut ⁴,⁵.
Le placement de la prothèse peut se faire en sous pectoral (sous le muscle), ou sur pectoral (entre les glandes mammaires et le muscle) ou en dual plan (ou bi-plan) avec la moitié inférieure de l’implant mammaire entre le muscle et la glande et la moitié supérieure de l’implant derrière le muscle pectoral.
Évidemment lors de ce type de chirurgie il est préférable de ne pas avoir d’incision péri-aréolaire ni de prothèses placées sur le muscle. En effet, cette dernière placée entre le muscle et les glandes mammaires peut comprimer ces glandes et créer de nombreux engorgements et mastites. De plus, il est possible qu’une coque se crée autour de la prothèse et accentue encore cette compression en risquant d’atrophier les glandes mammaires.
Dans ce cas là, il faudra rester vigilant à ces engorgements potentiels.
Si l’incision est en péri-aréolaire il faudra être attentif lors de la mise en place de la lactation (voir points n°2 et n°3).
Selon certaines méta-analyses, les participantes avec des implants mammaires peuvent avoir des difficultés d’allaitement, en particulier pour mettre en place un allaitement exclusif ⁶. Cependant l’incision péri-aréolaire ne semble pas réduire le taux d’allaitement exclusif ⁷.
Selon une étude retrospective une femme a 75% de chance d’allaiter quels que soient le type et le volume de l’implant. La probabilité est de 82% avec des implants rétromusculaires (sous le muscle pectoral) et 17% avec des implants rétroglandulaires (entre les glandes mammaires et le muscle pectoral) ⁸.
Cependant, cette étude unique, rétrospective est à contrebalancer avec les méta-analyses ayant normalement un niveau de preuves plus élevé .
Si vous rencontrez des difficultés d’allaitement, veuillez vous référer au point n°3.
5. Hypotrophie / Aplasie / Hypoplasie mammaire
Il est possible qu’une chirurgie d’augmentation mammaire puisse cacher des signes d’aplasie ou d’hypoplasie mammaire.
L’hypotrophie est un manque de développement du sein, par rapport à la morphologie de la femme et n’impactant pas forcément les glandes mammaires.
L’hypoplasie mammaire est un développement anormalement petit des glandes mammaires.
L’aplasie mammaire est par définition l’absence de poitrine chez la femme et peut donner lieu à un développement anormal des glandes mammaires.
L’aplasie et l’hypoplasie mammaire peuvent se déclarer à la puberté ou apparaître plus tard avec une diminution de la poitrine. Elles trouvent pour causes un syndrome génétique, la maladie de Poland ou l’intoxication chimique ou médicamenteuse de l’embryon⁸. Dans ce dernier cas il s’agit d’une agénésie mammaire ( arrêt partiel de développement d’un organe, d’un tissu au stade embryonnaire, provoquant certaines atrophies ou anomalies, qui est définie par l’arrêt partiel du développement de l’organe / tissu au stade embryonnaire provoquant une atrophie / anomalie).
Pour l’aplasie mammaire le diagnostic est rapide au vu de l’absence de poitrine. Afin de définir si l’aplasie est bien liée à une diminution des glandes mammaires il faudra surveiller la bonne mise en place lors de l’allaitement (point n°2 et n°3).
Pour l’hypoplasie mammaire l’examen se fait aussi visuellement. L’hypoplasie mammaire peut être autant sur des seins grands que petits, il s’agira plutôt de regarder la forme du sein et de l’asymétrie
Le praticien formé pourra regarder différents points tels que:
- L’asymétrie mammaire
- Un écart de plus de 4cm entre les seins
- Une poitrine de forme tubulaire (la poitrine a une base étroite et son volume est long plutôt que rond)
- Les aréoles peuvent être grandes et bulbeuses (comme s’il s’agissait d’une structure séparée attachée au sein)
- Une absence de modification mammaire pendant la grossesse, après la naissance ou les deux.
Évidemment des femmes pouvant présenter différents signes énoncés au dessus n’auront pas forcément de problèmes pour allaiter ¹⁰.
Il conviendra toujours, lors de la grossesse, de se préparer à cette éventualité sans écarter la possibilité d’allaiter qu’il s’agisse d’un allaitement exclusif ou partiel.
6. Réduction mammaire / Hypertrophie mammaire
La réduction mammaire consiste à enlever une partie de la graisse et du tissu mammaire afin de réduire le volume de la poitrine.
Le chirurgien commence généralement par le côté profond de la glande au plus près du muscle pectoral ; la quantité de graisse enlevée varie selon l’âge ¹¹.
L’incision se fait en 3 cicatrices. Une péri-aréolaire, une verticale sous le sein et une à l’horizontale à la base du sein, ce qui forme une cicatrice en « T » inversé ou ancre marine.
L’aréole pourra potentiellement être détachée et déplacée en fonction de la quantité de tissu enlevé. Dans ce cas, il est évident que l’aréole ayant été déplacée, les canaux galactophores pourront être largement endommagés. Il faudra se fier à la sensibilité de l’aréole et compter sur les capacités régénératrices du corps pour pouvoir potentiellement allaiter.
Il existe une revue systémique ⁶ regroupant de nombreuses études et qui donne cette conclusion:
Les techniques qui maintiennent intacte la colonne du parenchyme mammaire sous-aréolaire (tissu fonctionnel de l’organe glandulaire) semblent offrir de meilleures chances d’allaiter.
La conclusion s’accorde à dire que les femmes souhaitant se faire opérer devraient être informées du nom de la technique de réduction mammaire proposée mais aussi de ses caractéristiques. Y compris dans la mesure où le parenchyme sous-aréolaire sera préservé, ainsi que la largeur du pédicule ⁶.
Donc on peut conclure également que plus une part importante de tissu est enlevée et plus le risque d’abîmer les canaux et les nerfs est élevé. Et si l’aréole est déplacée l’allaitement peut être davantage compromis. Il en est de même si le mamelon a été greffé selon la technique de Thorek ou s’il y a complication post-opératoire avec perte du mamelon par nécrose ³.
En cas de difficulté d’allaitement se référer aux points n°2 et n°3.
7. Ptôse mammaire
La ptôse mammaire est définie par un affaissement des glandes mammaires vers la partie inférieure des seins, et une distension de la peau qui l’enveloppe.
Elle peut être due à une perte de poids fulgurante ou une hypertrophie mammaire, et parfois après un sevrage de l’allaitement maternel.
Il y a différentes types de ptôse qui donneront lieu à des prises en charges différentes:
- La ptôse légère: le sein commence à chuter et le mamelon se situe au niveau du sillon sous mammaire (le pli sous le sein).
- La ptôse modérée: le mamelon est légèrement tourné vers le bas et est situé sous le sillon sous mammaire.
- La ptôse sévère: l’aréole se trouve plus bas que le sillon sous mammaire et les mamelons sont tournés vers le bas ¹³.
Elle consiste à tendre le tissu et à enlever une partie, potentiellement remonter l’aréole. Il s’agit d’un lifting mammaire, une mastopexie.
En fonction des différents types de ptôses, les incisions seront différentes.
- Pour la ptôse légère et modérée: il y aura 2 incisions en forme de T:
Une ronde autour de l’aréole mais qui peut être raccourcie voire supprimée, et une à la verticale sous l’aréole entre le bas de l’aréole et sous le pli du sein
- Pour la ptôse sévère: il y aura 3 incisions en forme d’ancre marine:
Une ronde autour de l’aréole, une verticale sous l’aréole entre le bas de l’aréole et sous le pli du sein et une horizontale plus ou moins arrondie sous le sillon mammaire
En cas de ptôse légère ou modérée il est apparemment possible de ne pas avoir de cicatrice péri-aréolaire, il sera nécessaire d’en discuter avec votre chirurgien afin de préserver au maximum l’intégrité de vos canaux galactophores et nerfs.
En cas de chirurgie déjà effectuée associée à des difficultés d’allaitement, se référer aux points n°2 et n°3.
- Aparté concernant le rapport ptôse mammaire et allaitement maternel
L’allaitement ne provoque pas de ptôse mammaire. Un ensemble de facteurs peut participer au relâchement des tissus.
Une étude de 2008 conclut que la ptôse mammaire est susceptible d’augmenter avec le nombre de grossesses mais que l’allaitement ne semble pas aggraver ces effets ¹⁴.
Une revue datant de 2013, reprenant les travaux de 3 études, affirme que les changements mammaires sont causés par la grossesse et que l’allaitement n’était pas un facteur de risque significatif dans la ptôse ¹⁵.
Enfin une dernière étude datant de 2017 a établi que la ptôse mammaire était associée à l’augmentation de l’IMC de la femme, le statut post-menauposique, et la durée de l’allaitement (plus de 6 mois) ¹⁶. Cependant la durée de l’allaitement maternel ne peut pas être le seul facteur aggravant de ptôse mammaire, les éléments de cette étude ne pouvant pas être dissociés.
8. Chirurgie des mamelons ombiliqués / invaginés
Les mamelons ombiliqués / invaginés sont une malformation congénitale apparaissant généralement vers la puberté. Il s’agit d’un défaut de saillie du mamelon qui est retenue à l’intérieur de l’aréole par des brides rétractiles qui le retiennent en profondeur et l’empêchent de s’extérioriser ¹⁷.
Lorsque les mamelons ombiliqués / invaginés ne peuvent pas être ressortis par des méthodes d’extraction classique manuelle ou à l’aide d’ustensiles (lien article Audrey), l’opération peut parfois sembler nécessaire pour des raisons d’hygiène (macération) et d’esthétique.
Attention si vos mamelons venaient à se rétracter il sera important de les faire vérifier par un professionnel de santé, car cela peut être un signe avant-coureur de galactophorite (cf: chapitre 9, section « cas d’abcès péri-aréolaire) voire de cancer, bien que ce signe à lui seul ne fasse pas office de diagnostic. Toute masse pouvant provoquer une inflammation des sinus galactophores peut provoquer une invagination des mamelons également.
Dans ce cas il existe 2 méthodes.
La 1ere est particulièrement invasive et compromet l’allaitement de façon inévitable. Elle est choisie pour son aspect esthétique car la cicatrice est réduite. Le mamelon est tenu par un fil de traction qui permet de le faire ressortir. Une incision de 2mm est faite pour permettre de sectionner tous les canaux galactophores qui retiennent le mamelon en profondeur. Enfin, un point profond est effectué avec du fil résorbable pour maintenir le mamelon en position de saillie extérieure.
La 2eme est moins invasive et théoriquement non nuisible pour l’allaitement mais avec une cicatrice plus étendue.
Le mamelon est tenu par deux fils de traction qui permettent de le faire ressortir. Une incision est effectuée entre les deux fils au milieu du mamelon et de l’aréole, de façon verticale sur toute la hauteur, parallèlement aux canaux galactophores qui ne sont ainsi pas sectionnés. Les deux parties de l’aréole et du mamelon vont être alors adossées par des sutures maintenant le mamelon en position d’extériorisation. Les sutures sont réalisées avec des fils résorbables ¹⁷.
La 1ere technique est très invasive et laisse peu de chances à un allaitement même partiel. Bien que le corps puisse avoir de fortes capacités de régénérescence et de reconstruction, il sera nécessaire d’être très attentif à la mise en place de l’allaitement. Si les canaux se reconstituent, même partiellement, la maman pourra être sujette à de nombreux engorgements et une grande difficulté à allaiter.
La 2ème technique semble être garantie par le chirurgien comme préservant l’intégrité des canaux galactophores et par ce fait l’allaitement. Or, une incision au niveau de l’aréole n’est pas sans risques pour les capteurs nerveux situés sur l’aréole et une incision entre 2 fils de traction ne garantit pas qu’un ou plusieurs canaux galactophores ne soient endommagés. De plus, une chirurgie de l’aréole peut diminuer l’élasticité de cette dernière et compromettre la mise au sein
Il sera donc nécessaire d’être prudent lors de la mise en place de l’allaitement et de se référer aux points n°2 et n°3 en cas de difficultés.
( Cas exceptionnel dû à la galactophorite ectasiante dont l’opération des mamelons rétractés peut être associée à une ponction d’un abcès en zone péri-aréolaire, se référer au n°9)
9. Les masses
a) Abcès sur sein lactant
L’abcès purulent peut apparaître généralement à la suite de mastites puerpérales (survenant pendant l’allaitement) mal soignées et/ou récidivantes. Un abcès peut se former dans les glandes mammaires ou au niveau du tissu glandulaire.
Les abcès ont souvent pour germe le staphylocoque aureus (doré) mais aussi les streptocoques, les anaérobes (B. fragilis, Peptostreptococcus) et les entérobactéries ¹⁹.
La piste de l’abcès pourra être évaluée en cas de masse rouge, dure et douloureuse persistante en dépit du traitement adéquat.
Il pourra être diagnostiqué grâce à une échographie ²².
- Prise en charge chirurgicale
Le traitement consiste en un drainage de l’abcès associé à une antibiothérapie par voie générale Les traitements proposés sont tous compatibles avec l’allaitement.
- Ponction par aspiration échoguidée
Il sera toujours préconisé en 1ère intention une ponction par aspiration échoguidée. C’est-à-dire qu’une ponction sera réalisée sous échographie afin d’être la plus précise possible avec une irrigation d’une solution isotonique.
Si la ponction ne s’avère pas suffisante il pourra être réalisé plusieurs autres ponctions. Dans ce cas, la pose d’un drain pourra être nécessaire afin de permettre plusieurs ponctions plus facilement et avec moins de gêne pour la patiente.
Pour un abcès de plus de 3cm le drain sera automatiquement posé.
Ce traitement se fait en ambulatoire, il ne nécessite aucune hospitalisation ni arrêt de l’allaitement. Au contraire, le drainage des seins sera conseillé en parallèle de la ponction pour éviter une aggravation de l’abcès ou une récidive. De plus, le lait pouvant s’écouler par le trou de la ponction pourra participer à la bonne cicatrisation grâce aux propriétés bactéricides et antifongiques du lait maternel.
Le taux de succès varie de 82% à 91%.
Le pus, ou le liquide, aspiré pourra être mis en culture pour déterminer le germe et sa résistance afin d’adapter l’antibiothérapie ²².
La seule contre-indication d’allaitement avec une ponction par aspiration échoguidée est s’il y a cloisonnement de l’abcès nécessitant d’ajouter au liquide de rinçage de l’acide hyaluronique, qui est contre-indiqué avec l’allaitement d’après la revue ¹⁸. Dans ce cas, le lait maternel devra être tiré au tire-lait et ne pas être consommé (il peut être utilisé pour un usage non alimentaire).
L’acide hyaluronique est normalement déclaré compatible avec l’allaitement d’après e-lactancia, du fait de son poids moléculaire élevé, l’absorption dans le plasma du nourrisson à partir du lait maternel ingéré semble peu probable ²⁰.
Mais il n’y a aucune étude de son usage associé au liquide de rinçage lors du traitement d’un abcès et si près des glandes mammaires. Il est donc impossible d’affirmer en toute sécurité qu’il est possible d’allaiter. Cependant sa demi-vie étant inférieure à 24h dans la peau et 3 à 5 min dans la circulation ²¹, il sera possible d’allaiter après 24h.
Enfin si les ponctions ne suffisent pas à résorber l’abcès il sera nécessaire de recourir à la chirurgie.
Dans ce cas, il sera nécessaire d’opérer sous anesthésie générale, qui ne nécessite pas un arrêt de l’allaitement ³⁶, la mère pourra allaiter dès le réveil.
L’incision se fera sur le sein, il faudra effondrer les logettes aux doigts, prélever et évacuer le pus. Il sera préférable d’inciser en suivant les lignes de la peau, et éviter les incisions radiaires ou autour du mamelon pour éviter d’abîmer les canaux galactophores.
La cavité de la biopsie sera rincée quotidiennement et la cicatrisation se fera en 3 semaines environ. L’antibiothérapie sera poursuivie 5 jours après la chirurgie ¹⁸.
Quel que soit le traitement de l’abcès, par antibiotiques, ponction par aspiration échoguidée ou par chirurgie, l’allaitement peut être poursuivi tant que la zone infectée n’est pas en contact avec la bouche du bébé ²².
Si l’abcès est placé sur le sein et qu’il nécessite une chirurgie à cause d’échecs des ponctions, une incision sur le sein est possible.
Seuls les abcès situés sur l’aréole peuvent nécessiter une incision péri-aréolaire ou autour du mamelon. Dans ce cas, les risques d’abîmer les canaux galactophores et les nerfs sont accrus. Il sera donc nécessaire de se référer aux points n°2 et n°3 en cas de difficulté d’allaitement.
Aucune incision péri-aréolaire n’est nécessaire en cas d’abcès situé sur le sein, en dehors de la zone aréolaire. Si cette prise en charge vous est proposée en 1ère intention (pas de proposition de ponction par aspiration échoguidée), ou en 2ème intention (après échec des ponctions) alors que l’abcès est situé en dehors de la zone aréolaire, il sera nécessaire de solliciter un second avis médical. La prise en charge des abcès sur un sein lactant est importante pour la bonne conduite de l’allaitement en cours et de ceux à venir. Une prise en charge mal effectuée, peut impacter la lactation actuelle et à venir, d’où l’importance de solliciter plusieurs avis si les procédures énoncées ci-dessus n’étaient pas respectées.
- Mastites non puerpérales et complications avec abcès péri-aréolaire
Les mastites non puerpérales seront plutôt des mastites péricanalaire avec une inflammation bénigne des canaux péri-aréolaire chez les femmes en âge de procréer. le tabagisme étant un facteur important. Elle toucherait 5% à 9% des femmes dans le monde. Le diagnostic est posé par un professionnel de santé qui pourra pratiquer une culture pour identifier l’organisme associé à cette mammite et une échographie peut être proposée en cas de masse mammaire ou de risque de malignité. Le stade précédant la mastite non puerpérale est une inflammation des canaux galactophores à la base du mamelon. Dans un premier temps, les canaux galactophores sous la plaque aréolaire sont dilatés et sollicités par les sécrétions, on parle alors de galactophorite canalaire simple. Lorsque les parois des canaux dilatés s’épaississent, s’ensuit des réactions impliquant un raccourcissement des canaux entraînant une rétraction mamelonnaire, on parle alors de galactophorite ectasiante. Il peut être accompagné d’écoulement jaunâtre ou brunâtre de façon intermittente. À ce stade, aucun traitement n’est proposé car l’affection est muette. Cette affection peut atteindre les lobules et dans les cas les plus graves peut nécessiter une mastectomie partielle. Le stade suivant la galactophorite ectasiante, par la stase persistante des sécrétions sera la mastite à plasmocytes. Les régressions et les récidives peuvent se succéder, de façon variable selon les femmes. À ce stade un traitement par anti-inflammatoire, l’antibiothérapie ne sera utile qu’en cas de surinfection. Les mastites granulomateuses restent des cas rares, et qui peuvent cliniquement imiter le cancer du sein, et peuvent atteindre des femmes dans les 5 ans suivant l’accouchement. Les causes restent encore à l’état de suppositions. Elles peuvent être liées à des maladies auto-immunes, des traumatismes, l’allaitement, l’utilisation de pilules contraceptives orales et l’hyperprolactinémie, et à une association avec Corynebacterium. Le diagnostic est posé par un professionnel de santé qui pourra relever les taux de prolactine et proposer une biopsie afin de savoir s’il s’agit d’une mammite granulomateuse ou d’une tumeur maligne du sein car l’échographie ne peuvent permettre d’effectuer cette distinction.
- Complications: Abcès péri-aréolaire non puerpéraux
La galactophorite ectasiante et sa forme aggravé sous forme de mastites (à plasmocytes ou granulomateuses) peut donner lieu à un abcès associé qui est souvent observé chez 58% à 100% de femmes fumeuses (alors que la prévalence du tabagisme chez la femme est de 30%). Lors de la prise en charge, un arrêt du tabac est fortement conseillé. Avant la prise en charge chirurgicale plusieurs solutions peuvent être proposées en fonction du stade de la galactophorite. Tout d’abord une attente si la galactophorite est canalaire ou sécrétante, car elle ne nécessite pas de traitement. Puis, sous avis médical, par la prise d’anti inflammatoires en cas de mastite inflammatoire précédant l’abcès. L’antibiothérapie ne sera proposée qu’en cas de surinfection. En cas d’abcès il sera nécessaire de pratiquer une ponction par aspiration échoguidée. Dans un tiers des cas la ponction voire l’incision sera nécessaire. Malheureusement il sera parfois nécessaire, après traitement de l’infection, de pratiquer une excision de l’appareil galactophorique, en passant par de larges lésions, qui correspond à une mastectomie partielle. Cette chirurgie sera associée à une chirurgie d’inversion mamelonnaire. Dans ce cas l’allaitement peut être difficilement envisagé. Se référer aux points n°2 et n°3 liés aux difficultés d’allaitement.
b) Les différentes masses mammaires bénignes ou suspectes
- Définition et prise en charge
Le kyste mammaire est un sac rempli de liquide qui se forme dans les tissus du sein . C’est le type le plus courant de masse non cancéreuse ou bénigne chez la femme de 35 à 50 ans. Ils sont rarement cancéreux et ne font pas augmenter le risque de cancer du sein. Le kyste est mou et lisse au toucher et se déplace facilement avec les doigts. Ils peuvent évoluer ou réduire en taille selon le cycle menstruel. Certains kystes sont si petits qu’ils ne sont pas palpables ²³.
Les kystes disparaissent généralement sans traitement. Si ce n’est pas le cas, il pourra être traité à l’aiguille fine (BAF) par biopsie pour drainer le liquide. S’il y a du sang dans le liquide, les médecins pourront l’enlever par chirurgie, ou si le kyste est très gros et douloureux. La chirurgie appliquée en ce cas pour sein lactant pourra être la même appliquée que pour l’abcès mammaire.
Le galactocèle a la même définition que le kyste mammaire sauf que le liquide est dû au lait maternel. Il est rarement douloureux sauf s’il grossit rapidement. Il ne devrait pas être traité par ponction par aspiration échoguidée sauf si c’était nécessaire ²⁴ (évolution rapide de la taille, douleur associée et galactocèle récidivant). En général le galactocèle, s’il n’est pas douloureux, est laissé le temps de l’allaitement car il devrait s’assécher après la fin de l’allaitement.
L’adénofibrome ou fibroadénome est une masse bénigne de tissu fibreux et de tissu glandulaire qui se développe dans le sein. Les raisons de cette masse sont peu connues mais elle pourrait être liée à une sensibilité aux œstrogènes dans une région du sein. Il n’est pas lié aux cycles menstruels mais peut grossir lors d’une grossesse ou d’un allaitement. Il a les mêmes caractéristiques que le kyste mammaire (masse mobile, roule sous les doigts) ²⁵.
Une biopsie peut être pratiquée mais ne nécessite pas d’arrêt de l’allaitement maternel. Si une opération devait être pratiquée sous anesthésie locale ou générale, seules les conditions liées aux produits utilisés devraient être prises en compte pour un arrêt partiel de l’allaitement (en fonction de la durée de vie du produit vis-à-vis de leur excrétion dans le lait maternel). Les anesthésiques locaux ne nécessitent pas un arrêt de l’allaitement maternel ²⁶, et les anesthésiques utilisés pour une anesthésie générale non plus ²². Il sera possible de vérifier la compatibilité des antalgiques sur les sites référents tels que le crat ou e-lactancia.
Les tumeurs phyllodes ont les mêmes caractéristiques que l’adénofibrome mais peuvent évoluer vers la malignité. Dans ce cas une excision sera nécessaire pour écarter toute piste de tumeurs malignes ²⁸.
L’adénome lactant est une masse indolore généralement observée chez la femme enceinte et allaitante, qui peut grossir et involuer rapidement après l’arrêt de l’allaitement.
Il pourra être nécessaire d’effectuer une biopsie ²⁸.
Le phlegmon est une masse sensible, voire douloureuse qui résulte d’une accumulation de liquide due à une obstruction et d’une inflammation avec ou sans infection. Souvent associé à un antécédent de mastite ou mastite en cours. Elle sera identifiable par imagerie et devra subir une biopsie afin d’éliminer la piste d’une tumeur maligne ²⁸.
Les chirurgies mammaires, même considérées comme moins invasives, devraient néanmoins être évitées autant que possible durant la durée de l’allaitement sauf nécessité absolue. En effet, toute chirurgie comporte des risques infectieux pouvant potentiellement nuire à la bonne conduite de la lactation ²⁴.
c) Biopsie des masses suspectes de malignité
Comme vu précédemment les masses trouvées dans le sein par imagerie, qu’elles soient associées à des antécédents de mastites ou mastites en cours, ou non associées, peuvent donner lieu à une biopsie.
Il s’agit d’un prélèvement de tissu dans la masse et d’études des cellules afin de définir si ces dernières sont cancéreuses.
La biopsie peut s’effectuer en:
- Cytoponction: réalisée avec une aiguille fine mais moins fiable que la microbiopsie donc moins souvent pratiquée.
- Microbiopsie: réalisée avec une aiguille pilotée par un pistolet et conçue pour couper un échantillon de tissus qui est ramené en même temps que le pistolet . L’opération dure 20 à 30 minutes, avec plusieurs prélèvements effectués.
- Macrobiopsie: est comme la microbiopsie mais avec une aiguille plus grosse ce qui permet d’effectuer davantage de prélèvements. L’opération dure 1h environ.
La micro et macrobiopsie se fait sous anesthésie locale de façon échoguidée ou stéréotaxique (sous mammographie) ²⁹, la suite de la biopsie ne nécessite pas d’antibiotiques autre qu’un antalgique dont nombreux sont compatibles avec l’allaitement. Ces biopsies ne nécessitent donc aucun arrêt de l’allaitement.
10. Cancer du sein – Mastectomie / Mammectomie
Les diagnostics des cancers du sein sont basés sur l’histologie (qui traite toute la structure des tissus vivants), leur prise en charge est multidisciplinaire, complexe et adaptée à chaque patiente ²⁸.
Si la biopsie devait révéler une tumeur cancéreuse demandant une ablation totale ou partielle du sein il sera nécessaire de procéder à un arrêt de l’allaitement.
Tout d’abord ces démarches s’inscrivent dans une prise en charge pluridisciplinaire qui nécessite des traitements non compatibles avec l’allaitement.
La chimiothérapie n’est pas compatible avec l’allaitement. Les produits utilisés sont toxiques, faits pour tuer les cellules cancéreuses puis seront excrétés dans le lait maternel.
L’hormonothérapie n’est pas compatible avec l’allaitement, le tamoxifène et le trastuzumab sont excrétés dans le lait maternel et sont souvent prescrits sur une longue période.
Combattre un cancer est intense émotionnellement et physiquement, il faudra toutes les forces nécessaires à la patiente et l’allaitement ne sera pas la priorité dans cet accompagnement. Il ne faut pas oublier que la maternité ne se résume pas à l’allaitement. Si vous êtes atteinte d’un cancer du sein, l’essentiel est de prendre soin de vous, avant tout, pour pouvoir prendre soin de votre bébé. Nous verrons, par la suite, dans quel cas l’allaitement peut-être repris, selon vos envies.
- Les cas de figures chirurgicaux:
Elle consiste à retirer la tumeur avec une marge de sécurité en préservant le volume et la forme du sein. On parle aussi de tumorectomie. Elle s’associe à un remodelage de la glande afin d’éviter des déformations post opératoires.
Cette intervention s’intègre dans un programme de traitement pluridisciplinaire : chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie ³⁰.
Elle est pratiquée si la tumeur est trop volumineuse par rapport à la taille du sein pour envisager une chirurgie conservatrice et que la chimiothérapie et/ou hormonothérapie n’aurait pas suffit à réduire son volume. Elle peut également se pratiquer si la tumeur ou l’endroit où elle se trouve ne peut pas donner lieu à une chirurgie conservatrice ou si les tumeurs sont nombreuses sur le même sein.
Le chirurgien enlève le sein, le mamelon et le revêtement des muscles du thorax (fascia pectoral). Il laisse en place les ganglions lymphatiques, les nerfs et les muscles du thorax ³¹.
- Mastectomie radicale modifiée
La procédure est identique à la mastectomie totale sauf que le chirurgien enlève aussi les ganglions lymphatiques de l’aisselle afin qu’ils soient analysés, permettant d’aider à relever le degré d’extension du cancer du sein.
- Possibilités d’allaitement après le cancer et la mastectomie
En cas de mastectomie partielle ou totale/radicale modifiée sur un seul sein, l’allaitement pourra être poursuivi sur le sein controlatéral (non atteint par le cancer / non opéré).
En cas de mastectomie totale ou radicale modifiée malheureusement l’allaitement ne sera pas possible sur le sein opéré.
En cas de mastectomie partielle sur un sein et volonté d’allaiter sur ce sein, la bonne intégrité des glandes mammaires pourra être compromise en fonction de la quantité de tissu retirée. De plus, la reconstruction du mamelon peut poser des problèmes de prise au sein, et le confort de la mère post-opératoire devra aussi être pris en compte ³².
En cas de mastectomie partielle sur les 2 seins, l’allaitement peut être essayé mais devra être correctement suivi par un professionnel de santé formé en allaitement. Se référer aux points n°2 et n°3. La bonne garantie d’un allaitement, même partiel, n’est pas assurée.
- Possibilité d’allaitement après radiothérapie
L’allaitement peut être compromis dû à la fibrose des tissus pouvant entraver la production lactée. De plus, l’aspect et la texture du mamelon peuvent potentiellement rendre la tétée difficile pour le bébé.
Mais chaque cancer est unique et l’allaitement n’est pas proscrit. Il peut être pratiqué de façon sécuritaire, il serait même bénéfique puisqu’il rentre dans la prévention du cancer du sein. Il faudra juste prendre en compte que certaines difficultés peuvent se poser, notamment lorsque le recours à une thérapie agressive a durablement altéré l’aspect et/ou le fonctionnement du sein ³².
Néanmoins certains praticiens peuvent déconseiller la reprise de l’allaitement et/ou un sevrage de quelques mois en cas de forts risques de cancer récidivant. En effet, l’allaitement peut rendre difficile la lecture des mammographies et échographies de contrôle ³².
Tout ceci reste à discuter avec le praticien au vu des éléments donnés ci-dessus.
11. Piercing au mamelon
Le piercing n’est pas censé nuire à l’intégrité des canaux galactophores situés sous la base du mamelon du fait de l’insertion superficielle de la barre sur ce mamelon. Mais il peut arriver dans certains cas que des canaux puissent être néanmoins endommagés.
Ceci dit, le mamelon étant soumis à de nombreuses variations de taille, il est conseillé de mettre une barre plus grande et souple du style Téflon le temps de l’allaitement, et de le retirer à chaque tétée. Le mamelon s’étire jusqu’à 2.5 fois dans la bouche du bébé, le piercing pourrait potentiellement devenir inflammatoire et créer des douleurs, inconforts et difficultés d’allaitement. De plus, il peut entraver la bonne succion du bébé et créer des risques d’étouffement.
Certaines mamans insèrent un bijou temporaire entre les tétées, appelé dispositif de retenue, permettant de garder le trou ouvert entre les tétées ³⁴.
Du lait pourra s’écouler du trou du piercing ce qui ne pose pas de problème avec l’allaitement.
Le risque de canaux obstrués, de mammite et d’abcès est majoré avec un piercing ³³. Une perte de sensibilité ou une sensibilité accrue peuvent être aussi observées. Le piercing peut être associé à un REF ou à une production faible du lait ³⁴.
Les piercings au sein peuvent donner lieu à des difficultés lors de l’allaitement.
Il est déconseillé de se faire percer durant la grossesse et le piercing devra être retiré aux 6 mois de la grossesse pour éviter un risque de stimulation et de contractions prématurées. Il est déconseillé de se faire percer durant l’allaitement, il est préconisé d’attendre 3 mois minimum après le sevrage avant d’envisager un piercing au mamelon ³⁴.
Marina Boudey pour l’Allaitement Tout Un Art
¹ Anatomie de la glande mammaire- support de cours- université médicale virtuelle francophone- comité éditorial pédagogique de l’UVMaF de 2011
² Questions- réponses à destination des femmes porteuses d’implants mammaire- ministère des solidarités et de la santé de 2017
³ Allaitement maternel et chirurgie mammaire- COFAM de 2016
⁴ www.lachirurgieesthetique.org
⁵ www.docteur-picovski.com
⁶ The impact of cosmetic breast implants on breastfeeding: a systematic review and meta-analysis International breastfeeding – journal 9 (1), 1-8 de 2014
⁷ Do breast implants influence breastfeeding? A meta-analysis of comparative studies – Journal of human lactation 34 (3), 424-432 de 2018
⁸ Impact on Breastfeeding According to Implant Features in Breast Augmentation
A Multicentric Retrospective Study – Annals of plastic surgery 82 (1),11-14 de 2019
⁹ https://www.fiches-de-soins.eu/content/post.php?id=aplasie-mammaire
¹⁰ https://www.breastfeeding.asn.au/bfinfo/insufficient-glandular-tissue-breast-hypoplasia
¹¹ https://www.topsante.com/beaute-soins/medecine-esthetique/chirurgie-esthetique/reduction-mammaire-de-la-decision-a-l-operation-624803
¹² https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5648284/
¹³ https://www.crpce.com/corps/poitrine/ptose-mammaire
¹⁴ The effect of breastfeeding on breast aesthetics – Brian Ricker ane All, Aesthet surgery J, sept-oct de 2008
¹⁵ The Effect of Breastfeeding on Breast Ptosis Following Augmentation Mammaplasty – Plastic and reconstrutive surgery- volume 132 de oct 2013
¹⁶ A Prospective Study of Breast Anthropomorphic Measurements, Volume and Ptosis in 605 Asian Patients with Breast Cancer or Benign Breast Disease –
Nai-si Huang, Chen-lian Quan, Miao Mo, Jia-jian Chen, Ben-long Yang, Xiao-yan Huang, Jiong Wu- de 2017
¹⁷ https://www.docteurbenelli.com/chirurgie-esthetique/seins/mamelons-ombiliques.html
¹⁸ https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-268/Abces-du-sein-privilegier-la-ponction-aspiration-echoguidee#rb1
¹⁹
https://www.revmed.ch/RMS/2014/RMS-N-427/Infections-du-sein
²⁰ http://www.e-lactancia.org/breastfeeding/hyaluronic-acid/product/
²¹ https://biologiedelapeau.fr/spip.php?article62#:~:text=La%20demi%2Dvie%20de%20l,semaines%20au%20niveau%20des%20cartilages.
²² Protocole ABM #4 – de Mars 2014
²³ https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/breast/breast-cancer/non-cancerous-conditions/breast-cysts/?region=on#:~:text=Le%20kyste%20mammaire%20est%20un,risque%20de%20cancer%20du%20sein.
²⁴ Jack Newman, MD, FRCPC, 2017, 2018
Breast surgery and its effect on breastfeeding (part 2)
²⁵ https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Les-maladies-du-sein/Fibroadenome
²⁶ https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=875#:~:text=La%20lidoca%C3%AFne%20est%20un%20anesth%C3%A9sique,de%20lidoca%C3%AFne%20sont%20g%C3%A9n%C3%A9ralement%20faibles.
²⁷ Le sein inflammatoire Bénin- La lettre du senologue n°3- déc 1998 janv 1999
²⁸ Protocole ABM #30 – de 2019
²⁹ https://www.roche.fr/fr/patients/info-patients-cancer/diagnostic-cancer/diagnostic-cancer-du-sein/biopsie-mammaire.html#:~:text=Pour%20la%20microbiopsie%2C%20on%20utilise,Plusieurs%20pr%C3%A9l%C3%A8vements%20sont%20effectu%C3%A9s.
³⁰ https://www.monreseau-cancerdusein.com/dossiers/mieux-comprendre/chirurgies/tumerectomie-ou-mastectomie-partielle/questce-quune-mastectomie-partielle#:~:text=La%20mastectomie%20partielle%20consiste%20%C3%A0,d’%C3%A9viter%20les%20d%C3%A9formations%20postop%C3%A9ratoires.
³¹ https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Chirurgie-tumorectomie-et-mastectomie/Mastectomie
³² https://ishh.fr/cancer-du-sein/allaitement-post-traitements-contre-le-cancer-du-sein/#:~:text=En%20cas%20de%20mastectomie%20ou,de%20son%20seul%20sein%20intact.
³³ https://www.healthline.com/health/parenting/breast-feeding/does-nipple-piercing-affect-breastfeeding#:~:text=Can%20you%20breastfeed%20if%20you,piercing%20fully%20heals%20before%20breastfeeding.,
³⁴ https://breastfeeding.support/breastfeeding-with-pierced-nipples/
³⁵ https://cbcn.ca/fr/blog/our-stories/Breastfeeding-And-Breast-Cancer#:~:text=Si%20vous%20subissez%20actuellement%20un,est%20pas%20conseill%C3%A9%20d’allaiter.
³⁶ https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=1080
Last Updated: 30/05/2024 by Allaitement Tout Un Art
Positions d’allaitement et prise au sein.
Comment bien s’installer pour que bébé puisse téter ? Le secret, être le plus confortable possible. Pour cela vous avez simplement besoin de vous installer confortablement, comme bon vous semble. Vous devez vous sentir bien, à l’aise et pouvoir rester longtemps dans votre position, sans ressentir de gêne. Dès la naissance, un accès au sein facile, à volonté et la pratique du peau à peau seront vos meilleurs alliés.
Il n’est pas utile de pratiquer plusieurs positions, mais les connaître vous permettra de pouvoir varier si besoin et de choisir celle qui vous correspondra le mieux à vous et votre/vos enfants.
La prise au sein
Après vous être confortablement installée dans la position de votre choix, il est important de vérifier si le bébé arrive à bien téter, pour cela on va regarder sa bonne prise au sein.
Pour une prise au sein optimale, il faut que :
On laisse le bébé venir au sein, on ne se penche pas en avant pour le lui mettre dans la bouche.
Bébé ouvre grand la bouche : Stimuler la zone du philtrum avec le mamelon, positionnement du bébé de façon à ce qu’il ait la tête en extension arrière.
Il tire la langue par-dessus sa gencive inférieure.
Il prend en bouche le mamelon ainsi qu’une bonne partie de l’aréole.
Ses lèvres sont retroussées vers l’extérieur.
Il n’ait pas besoin de tourner la tête pour atteindre le sein.
Le menton en contact avec le sein et le nez bien dégagé.
La maman ne ressent pas de douleur.
Les différentes positions d'allaitement
➫ Le biological Nurturing de Suzanne Colson
Le Biological Nurturing n’est pas une position, c’est tout un concept que nous vous invitons à découvrir sur le site de Suzanne Colson
Placement :
Maman inclinée en arrière, de manière confortable. Votre bébé a son ventre contre le vôtre, il est parfaitement libre de ses mouvements, il y a donc 360 positions possibles ! Dans l’idéal, on offrira à bébé un appui pour ses pieds afin de l’aider à se mouvoir.
Usage :
On peut pratiquer le BN dès la maternité. En cas de césarienne on va simplement s’adapter et placer le bébé de façon à ce qu’il ne puisse pas toucher à la cicatrice. Cette pratique peut également se montrer utile en cas de problèmes d’allaitement : mamelons douloureux, réflexe d’éjection fort etc.
➫La madone
Placement :
Ventre contre ventre, bébé sur le bras du même côté que le sein, le bébé doit avoir l’oreille, l’épaule et la hanche alignés, il doit être bien face au sein pour ne pas tourner la tête pour téter.
Usage : Utile quand l’allaitement est bien établi, elle peut se pratiquer facilement partout.
➫ La madone inversée
Placement :
Même positionnement qu’en Madone, mais le bras qui soutient le bébé est opposé au sein. Il tient le bébé le long de la colonne vertébrale jusqu’aux épaules, sans appuyer sur la tête.
Usage :
Cette position permet d’aider à la prise du sein par le bébé en utilisant la main libre, elle est donc parfaite pour débuter.
➫ La position couchée
Placement :
Bébé et maman sont allongés sur le côté dans un lit (on peut mettre une serviette en dessous pour éviter les fuites de lait). La maman a un coussin sous la tête. Attention à la sécurité, la maman risque de s’endormir dans cette position.
Usage :
Très utile pour les tétées nocturnes, mais aussi pour les suites de couches par césarienne, avec un coussin sur le ventre pour éviter les coups.
➫ La position en ballon de rugby
Placement :
Bébé couché ou à moitié assis contre le flanc de sa maman, du côté du sein tété. La maman soutient le bébé avec une main sous le haut du dos. C’est le bébé qui va au sein, et non la maman qui se penche, d’où l’utilité des coussins.
Usage :
Simple à mettre en place, elle est utile pour les fortes poitrines, et les douleurs de ventre post accouchement.
➫ La position à califourchon
Placement :
Bébé à cheval sur la cuisse avec une main dans le dos et une sous la nuque, sans créer de pression.
Usage :
Elle est utile pour les bébés avec une fente labio-palatine, les bébés souffrant de reflux ou même pour les réflexes d’éjection fort. Il faut néanmoins attendre que le bébé puisse tenir sa tête.
➫ L’allaitement de multiples
Les deux positions les plus classiques sont le double ballon de rugby ou bien l’approche Biological Nurturing.
Clémentine Leblanc Garcia et Emilie Sorrieul
Pour L’Allaitement Tout Un Art
Last Updated: 30/05/2024 by Allaitement Tout Un Art
Aversion, RED et REI
L’aversion et le réflexe d’éjection dysphorique sont des sujets peu abordés, même tabous et pourtant de nombreuses mères le ressentent. Il est temps de briser ce tabou et d’en parler ouvertement car vous n’êtes pas seule. Beaucoup de mères ressentant de l’aversion veulent continuer d’allaiter. Elles doivent être écoutées et soutenues de toutes les manières possibles. Il faut banaliser l’aversion et les troubles dysphoriques pour faire déculpabiliser les mères.
L’aversion
a) Définition
L’aversion et agitation à l’allaitement ou AAA est un phénomène qui déclenche lors de l’allaitement des émotions négatives très fortes. Ces émotions et ressentis sont : colère, irritation, agacement, rejet,envies de repousser l’allaité violemment, …. Il peut également y avoir des sensations physiques comme des démangeaisons du mamelon, aréole, du sein ou de la peau en général avec un besoin urgent d’enlever le bébé du sein, ou encore des nausées. Des pensées intrusives comme se sentir piégée, avoir l’idée de blesser volontairement son enfant peuvent être ressentis.
L’aversion commence presque toujours au moment où l’enfant prend le sein ou peu de temps après le début de la tétée et ce sentiment se termine quand l’enfant lâche le sein. Il arrive aussi que la maman ressente l’aversion quand elle voit un bébé téter, en pensant à l’allaitement ou quand l’enfant s’approche/ touche les seins.
L’aversion peut arriver à tout moment de l’allaitement; que ce soit l’allaitement d’un nouveau-né ou d’un bébé plus grand, durant une grossesse ou un co-allaitement (allaitement en tandem).
La durée et l’intensité de l’aversion sont variables d’une femme à une autre; certaines ne le ressentiront qu’une fois, d’autres, en revanche, à toutes les tétées.
Les mères n’osent pas parler de ces sentiments car elles ressentent souvent de la honte et de la culpabilité à ressentir cette aversion.
b) Les causes possibles et les facteurs de risque
L’aversion n’étant pas reconnue, il y a peu d’études publiées qui exposent clairement les causes de cette condition. L’une des seules sources existantes est une recherche menée par Zaineb Yate (1) sur plusieurs milliers de femmes dont elle a compilé et étudié les témoignages.
Elles exposent des causes multiples et qui peuvent se combiner entre elles :
Ce n’est qu’une liste des possibilités, l’aversion peut arriver à tout moment, quel que soit l’âge du bébé, sans grossesse, ni co-allaitement.
L’aversion n’est pas systématique; ce n’est pas parce que vous avez plusieurs facteurs de risques que vous ressentirez une aversion.
c) Les solutions et conseils
Gardez à l’esprit que l’aversion n’est pas une fatalité ! Et heureusement, car elle n’est vraiment pas facile à vivre pour la maman.
L’une des premières choses à faire est de s’entourer de personnes qui connaissent l’allaitement et l’aversion. Il faut en parler pour briser ce tabou et se sentir soutenue et écoutée.
C’est en essayant différentes choses et en faisant des erreurs que la/les causes possibles pourront être identifiées afin de réduire ou supprimer l’aversion.
Voici quelques conseils pour vous aider:
De manière générale , tenir un journal avec votre état physique, psychologique, émotionnel, peut vous aider à comprendre quand l’aversion se fait sentir,
Malgré le manque de recherche, certains compléments auraient un rôle pour enrayer l’aversion, notamment en B12, magnésium, vitamine D. Les compléments ne sont pas à prendre à la légère et il faudra demander l’avis de votre médecin. Il est possible d’éviter les compléments en rééquilibrant l’alimentation et inclure des aliments riches dans ces substances.
Le réflexe d’éjection dysphorique
a)Définition
Selon la définition du dictionnaire, la dysphorie est un trouble psychique caractérisé par une humeur oscillant entre tristesse et excitation, son contraire étant l’euphorie.
Après cette interlude sémantique, voyons comment se manifeste cette dysphorie quand il est lié à l’allaitement.
Le réflexe d’éjection dysphorique ou RED ou D-MER (en anglais) est le fait de ressentir une variété d’émotions négatives juste avant l’éjection du lait. Cette pulsion d’émotion arrive 30 à 90 secondes avant la libération du lait et se dissipe une fois le lait éjecté. Il est présent dès le début de l’allaitement.
Les émotions ressenties sont principalement de l’anxiété, découragement, tristesse, creux dans l’estomac, angoisse, désespoir, effroi, nervosité ….
Le RED n’a pas de lien avec le contact du mamelon ou l’irritation/tiraillement du mamelon. Il n’y a pas de sensation physique, il est purement émotionnel.
Les émotions et leurs intensités sont différentes pour chaque femme; le RED peut être léger et aussi extrême avec des idées suicidaires, d’automutilation. Le sentiment étant bref, les mamans n’agissent généralement pas en conséquence. Les mamans se sentent très bien tout le reste du temps sauf ce bref moment avant l’éjection du lait.
Il est possible de décrire 3 intensités:
Le RED étant présent avant l’éjection, il est possible de le ressentir uniquement lors du premier jet comme lors de chaque éjection soit entre 2 et 12 fois par tétée.
Il est possible de ressentir un RED en étant tire-allaitante.
Il peut se faire ressentir lors des tirages mais pas forcément quand bébé est au sein. Le RED en tire-allaitement peut être plus prononcé qu’au sein; au sein la maman produit plus d’ocytocine qu’ en tire-allaitement.
b) Le fonctionnement et les facteurs de risques du RED
Lors de l’allaitement, le réflexe d’éjection est le résultat conjoint de l’augmentation de l’ocytocine et la baisse de la dopamine ( qui joue un rôle inhibiteur de la prolactine qui, elle, est essentielle dans la production du lait).
Généralement, cette baisse de dopamine n’est pas ressentie par les mamans, le taux hormonal baisse de façon adéquate; chez les “mamans RED”, la dopamine diminue anormalement, ce qui engendre la vague brève et intense d’émotions négatives.
Rappelons que la libération du lait est en lien avec l’ocytocine et non la dopamine.
Certaines femmes peuvent ressentir une dysphorie dans d’autres situations, comme lors du syndrome pré-menstruel, avant les bouffées de chaleur lors de la ménopause (ce cas intervient bien après l’allaitement), réaction lors de jeu avec les mamelons dans les situations sexuelles, dysphorie lors de l’orgasme (il est conseillé d’en parler à un professionnel, sage-femme, sexologue..), ce qui peut prédisposer à la dysphorie lors de l’éjection du lait.
Les événements passés ne provoquent pas de RED mais le RED peut réveiller des moments de vie particuliers; c’est à dire que si lors d’une expérience de vie, celle-ci a provoqué une baisse de dopamine, alors il est possible d’avoir une sensation de déjà vu à chaque fois que la dopamine baisse.
A l’heure actuelle, les recherches ne permettent pas de dire exactement pourquoi certaines femmes et pas d’autres. Le RED étant médié par la dopamine, il peut y avoir une cause environnementale, carence nutritionnelle, dégradation de l’activité hormonale ou tout autre lien avec l’hormone (problème de récepteur par exemple) ou cause inconnue.
Les différents témoignages de mères souffrant de RED ont permis de mettre en avant quelques facteurs aggravants (il est possible que certains de ces éléments interviennent, comme il est possible qu’aucun ne vous influence):
Cette liste est non exhaustive et dépendant de chaque femme.
c) Les astuces pour diminuer le RED
Le RED est souvent découvert lors des deux premières semaines d’allaitement, il peut disparaître vers les 3 mois du bébé (RED léger). Pour d’autres, l’intensité du RED diminue au fur et à mesure que bébé grandit puis finit par disparaître (RED modéré). Pour certaines, le RED dure jusqu’au sevrage quel que soit l’âge du bébé (RED sévère).
De ce fait, il n’existe pas de recommandations officielles de traitement;
Il est recommandé de tenir un journal pour y noter lors de chaque dysphorie, son intensité, les émotions ressenties, les choses qui se sont passées avant ( café, stress, déshydratation….) et ce qui peut l’avoir diminué ( repos, exercice…), noter aussi les changements de vie. Cela permet de prendre conscience du RED et d’adapter le style de vie si besoin.
Ainsi l’expérience de plusieurs mères ont permis de faire cette liste d’action qui aide à diminuer le RED:
Les recommandations qui suivent doivent être vu par un médecin, sage-femme:
L’ocytocine peut aider à la disparition de certaines émotions du RED, ainsi le peau à peau, les câlins et la relaxation.
Il a également été remarqué qu’en cas de dépression post-partum ou troubles anxieux, le RED est plus difficilement gérable. Le RED est différent de la dépression post-partum et de l’aversion.
Le RED ayant un lien avec la dopamine, il est possible, de manière exceptionnelle et en consultation avec son médecin, de prendre un traitement booster de dopamine.
Un soutien et une écoute auprès de nos lact’aidantes est un vrai plus.
Le réflexe d’éjection inhibé
c) Les signes d’une bonne éjection
Le réflexe d’éjection est femme-dépendant, c’est à dire que certaines femmes le ressentent tout au long de leur allaitement, d’autres ne le ressentiront jamais et d’autres le sentiront au début de leur allaitement puis le sentiront de moins de moins jusqu’à ne plus le ressentir au fil des mois.
Il y a différents signes qui permettent de reconnaître un réflexe d’éjection sain:
Si l’éjection est plus longue que d’habitude à venir, on parle de réflexe d’éjection inhibé ou ralenti (REI).
b) Les causes du réflexe d’éjection inhibé
Il est possible d’avoir un réflexe d’éjection inhibé lors du tire-allaitement et aussi quand bébé est au sein.
Les différentes raisons du réflexe d’éjection inhibé sont l’anxiété, la douleur lors de la tétée, la gêne ressentie (exemple: allaiter quand il y a du monde ), le stress, le froid, une consommation excessive de caféine, le tabagisme, l’alcool et certains médicaments.
Il est également possible de ressentir un réflexe inhibé lorsque la maman a eu une chirurgie mammaire. Lors de la chirurgie, il est possible que certains nerfs aient été endommagés ce qui agit sur le réflexe d’éjection.
Un cercle vicieux se crée :
c) Quelques solutions pour aider le réflexe d’éjection
Vous pouvez vous concentrer sur vos sens, boire votre boisson préférée (hors alcool) pour le goût, une chanson pour l’ouïe, diffuser des odeurs…..avant chaque tétée, si possible même endroit, même circonstance au moins une chose identique que vous faites à chaque tétée.
Avant la tétée, il est possible de :
De manière générale, tout ce qui peut augmenter le niveau d’ocytocine.
Pendant la tétée, il est possible de :
ou au contraire, en fonction de ce qui vous convient le mieux :
Pour les mamans tire-allaitantes, vous pouvez:
Les maîtres-mots sont détente et relaxation. Le réflexe d’éjection inhibé n’est pas une fatalité: il se nourrit du stress! N’hésitez pas à contacter une lact’aidante ou une personne support pour vous soutenir.
Voici un exemple de sieste flash (possible d’en trouver d’autres sur youtube ou demandez à votre sophrologue ou hypnothérapeute):
Amélie Lefevre pour L’Allaitement Tout Un Art
Sources et infos utiles :
(1) Zaineb Yate auteure du livre (« when breastfeeding sucks ») et créatrice du site Breastfeeding Aversion
Site anglais spécialisé sur le RED:
Tristesse lors de l’allaitement – D-MER.org
Last Updated: 23/02/2022 by Allaitement Tout Un Art
Allaitement, hygiène bucco-dentaire et caries
1. Etat des lieux :
a. Le point sur ce que l’on sait à ce jour :
Concernant l’allaitement et les caries, on sait que l’allaitement maternel exclusif aurait un effet protecteur concernant l’apparition de caries.
Les mécanismes en jeu ont encore besoin d’être étudiés afin de savoir plus précisément de quelle manière l’allaitement maternel offrirait une protection.
Le docteur Caroline Deville explique que selon elle, c’est le mécanisme de succion qui serait en cause. En effet, lors d’un allaitement au sein, le mamelon est aspiré très profondément vers l’arrière de la bouche et le début de la trachée par le bébé (la jonction entre le palais dur et le palais mou), ce qui fait que peu de lait se trouve en contact avec les dents. Avec la tétine du biberon, beaucoup plus courte et qui se déforme peu, beaucoup plus de lait artificiel parvient sur les dents. Plus d’aliments en contact avec les dents c’est donc plus de matière à nettoyer et un risque cariogène plus élevé.
Le lait maternel possède en plus des substances intéressantes, la lactoferrine serait bactéricide et donc serait un véritable antibiotique naturel contre le streptocoque mutant.
À l’inverse, la présence de freins restrictifs, surtout non détectés et donc non traités, serait très préjudiciable pour la santé bucco-dentaire.
D’abord les freins restrictifs peuvent entraîner une respiration presque exclusivement buccale, ce qui provoque un assèchement de la salive et donc une plaque dentaire plus importante. Cela modifie également le PH buccal qui sera alors plus favorable à la prolifération de streptocoques mutants.
Les freins réduisent également la motricité de la langue ce qui diminue sa capacité à envoyer la salive partout pour éliminer la plaque dentaire. Les freins restrictifs-buccaux peuvent également empêcher le mamelon d’aller jusqu’à la jonction palais dur/palais mou et donc faire entrer en contact plus de lait avec les dents.
Les études, à ce jour, ne s’accordent pas toutes sur ce sujet mais beaucoup d’entre elles vont tout de même dans le même sens, à savoir : l’allaitement (et plus particulièrement l’allaitement nocturne) après l’âge d’un an pourrait être un facteur aggravant quant à l’apparition de caries “de lait”.
La majorité de ces études ne prend pas en compte certains facteurs, comme le milieu socioculturel dans lequel évolue l’enfant, le niveau de diversification, le nombre de tétées nocturnes, l’hygiène dentaire ou le régime alimentaire… ce qui rend les conclusions de ces études incomplètes ou imprécises.
Il est important de comprendre que, bien que ces études impliquent l’allaitement maternel dans l’apparition de caries, il n’en est pas LA cause de celles-ci. Plusieurs anthropologues ont observé les mâchoires des humains d’il y a plusieurs centaines d’années. Ce qui en est ressorti c’est qu’il y avait moins de 2% de caries et jamais sur les nourrissons (qui était à l’époque exclusivement allaités).
En effet, les caries résultent d’un phénomène multifactoriel, défini par la génétique d’une part et/ou par un terrain “à risque” .
De très nombreuses études démontrent quant à elles que l’allaitement exclusif aurait un effet protecteur sur l’apparition des caries. En attendant que la recherche progresse, on ne saurait tirer de conclusions hâtives. Mieux vaut traiter au cas par cas, chaque maman, chaque allaitement et chaque enfant en prenant en compte son individualité et les facteurs qui lui sont propres.
b. Physiologie buccale :
Une dent est composée de deux parties : la partie supérieure qui est visible (la couronne) et la partie inférieure qu’on ne voit pas (la racine).
Concernant la partie visible, on trouve l’émail qui est la pellicule superficielle visible de la dent, en dessous on trouve la dentine, une partie poreuse qui contient la pulpe, les petits canaux reliés aux nerfs et les vaisseaux sanguins.
Lorsque nous mangeons ou buvons, une partie de ces apports va persister sur la dent. C’est ce que l’on appelle la plaque dentaire. Les bactéries présentes dans la bouche vont s’en nourrir et produire ensuite un acide qui peut abîmer l’émail et laisser accès à la dentine. Une fois que les bactéries ont accès à la dentine elles peuvent proliférer et créer une carie.
La bouche est un milieu peuplé de bactéries, comme tout le reste du système digestif. Lorsque les populations de bactéries sont équilibrées, elles fonctionnent en symbiose avec l’organisme humain, le protègent des agressions extérieures et assurent certaines fonctions. Mais lorsqu’un déséquilibre survient dans ces populations de bactéries, certaines peuvent prendre le dessus sur d’autres et devenir pathogènes (créer des troubles ou des maladies).
Le streptocoque mutans est une des bactéries que l’on retrouve dans la bouche. En temps normal, lorsque la flore est équilibrée, il ne pose aucun problème. En cas de déséquilibre, il prend vite le dessus sur les autres colonies de bactéries. Sa nourriture de prédilection est le sucre et il produit énormément d’acide en le digérant. Plus l’introduction du streptocoque est précoce, plus les dommages peuvent être important par la suite.
La salive joue naturellement un rôle de nettoyeur de la plaque dentaire, ainsi que les mouvements de langue qui permettent de la faire passer partout et ainsi de venir décoller la plaque dentaire.
2. Allaitement et caries
a. Les facteurs aggravants :
Si l’allaitement maternel protège les dents de leur apparition jusqu’à environ 1 an, grâce à sa composition riche en caséine, calcium et phosphate, qui dépose une couche protectrice sur la surface des dents, passé ce délai, l’allaitement nocturne deviendrait un facteur aggravant dans l’apparition de caries, sur un terrain déjà sensible.
La présence de freins restrictifs linguaux, labiaux et de joues, empêchent la libre circulation de la salive et de fait, la protection de l’émail par celle-ci. Avec son PH neutre et son rôle antibactérien, elle permet l’auto-nettoyage des dents entre les brossages ayant pour conséquence la stagnation d’aliments dans la bouche et, de fait, l’apparition potentielle de caries. De plus, les freins restrictifs peuvent empêcher une bonne respiration nasale : la bouche ouverte, de nuit comme de jour, est une porte ouverte aux germes aériens qui ne sont plus filtrés par les narines. et la salive ne protège plus l’émail.
Le reflux gastro-oesophagien est, par définition, un reflux acide. Il peut entraîner une modification du PH dans la bouche. Ainsi, il fragilise l’émail dentaire et peut, entre autres, “ronger” les dents et favoriser les caries.
Le manque de salive favorise le dépôt de la plaque dentaire, augmentant ainsi le risque de caries. Elle peut être causée par la prise de certains médicaments, par l’obstruction d’un canal salivaire, par le syndrome de Sjögren (maladie chronique caractérisée par une insuffisance des glandes qui produisent la salive et les larmes) …
En partageant la nourriture avec des ustensiles (cuillère, fourchette …) ou en mettant la sucette à leur bouche, les parents peuvent transmettre des bactéries qui causent des caries. Chez les bébés, le risque de carie est le plus élevé si les parents ont des caries non traitées.
L’exposition à la fumée secondaire peut augmenter le risque de carie des dents de lait chez le bébé.
Une alimentation sucrée, des boissons sucrées, ainsi que la consommation de fructose (car ce sucre passe dans le lait) par la maman lors de la grossesse et de l’allaitement peut également être un facteur de risque aggravant.
La prise de médicament sucré peut créer des caries (certains sirops, pastilles, comprimés à sucer, granules d’homéopathie, surtout s’ils sont pris lors d’un traitement de longue durée). Certains médicaments provoquent des sécheresses buccales.
b. Conduite à tenir :
Tout d’abord, définissons ce qu’est un terrain à risque : Un terrain à risque est défini par la combinaison du terrain inné et du terrain acquis, ajouté aux facteurs aggravants susmentionnés.
Terrain inné :
Terrain acquis :
Aussi, même si le terrain inné d’un individu est plutôt favorable à l’apparition des caries, il est toujours possible de s’en prémunir en veillant à adopter une alimentation saine, en se brossant correctement et régulièrement les dents et en consultant régulièrement un professionnel de l’hygiène bucco-dentaire.
Si votre enfant fait partie de ce terrain dit “à risque”, il est bon de mettre en place de petites choses pour ne pas risquer ou aggraver les problèmes bucco-dentaires de votre petite tête blonde.
Avant 1 an, l’allaitement et le lait maternel protègent l’émail et les dents de manière générale. La question ne se pose donc pas.
Après l’âge d’1 an, dans le cas où votre enfant présenterait des caries et en accord avec le suivi de votre dentiste, il peut être nécessaire d’envisager une diminution des tétées nocturnes. Le sevrage nocturne complet n’étant pas forcément nécessaire. C’est une décision individuelle et spécifique selon le cas de votre enfant.
Passer de 5 à 3 tétées, par exemple, c’est déjà très bien!
Un nettoyage doux des dents, avec une compresse et un peu d’eau, après les tétées nocturnes, peut également aider à réduire les risques d’apparition ou freiner leur propagation.
Et il en va de même pour les bébés au biberon, qu’on se le dise ;).
3. Les bonnes habitudes d’hygiène bucco-dentaire et alimentaire au quotidien :
Dès la première dent, on introduit la routine de nettoyage : Avec une lingette ou une compresse humide, une brosse à dent à poil silicone adapté ou un doigtier, frotter la/les petites dents le soir avant le coucher. On évitera les dentifrices ayant pour premier ingrédient la glycérine car elle laisse un film sur les dents qui empêche la salive de faire son travail.
Lorsque l’enfant est en capacité de cracher, on ajoute une trace de dentifrice fluoré, toujours sans glycérine.
Si l’enfant conserve encore des tétées ou des biberons nocturnes, on ajoute un brossage le matin au lever car la nuit, la diminution de la salive entraîne une réduction de la protection via celle-ci.
Au niveau alimentaire, on limitera les apports sucrés pendant et entre les repas. On proposera de l’eau à la fin des repas pour aider à éliminer le surplus de nourriture entre les dents mais également en journée pour ne pas avoir une salive trop acide.
On évite les échanges de cuillères, le “je nettoie la sucette qui est tombé par terre en la mettant dans la bouche” pour ne pas transmettre des bactéries adultes à l’enfant, qui seraient trop agressives pour lui. Et ce dès les premiers mois de bébé, même quand il n’a pas encore de dents …
4. Conclusion :
Allaitement ou biberon, l’alimentation nocturne pourrait être une des causes de prolifération de caries. Mais de très nombreux autres facteurs doivent être pris en compte avant de décider d’une modification dans la conduite de l’allaitement.
Rappelons des mesures de prévention simples : nettoyage des dents dès l’apparition des premières dents, diagnostic et traitement des freins buccaux, alimentation équilibrée et pauvre en sucre.
Si vous constatez des tâches jaunes, blanches ou grises, des dents qui s’éffritent, prenez rendez-vous chez un pédodentiste rapidement et adaptez l’hygiène bucco-dentaire ou la conduite de votre allaitement.
L’équipe de l’Allaitement Tout Un Art,
avec l’aide du Dr Laulan Camille, pédodontiste.
Sources :
– Branger B, Camelot F, Droz D, Houbiers B, Marchalot A, Bruel H, Laczny E, Clement C. Breastfeeding and early childhood caries. Review of the literature, recommendations, and prevention. Arch Pediatr. 2019 Nov;26(8):497-503. doi: 10.1016/j.arcped.2019.10.004. Epub 2019 Nov 1. Erratum in: Arch Pediatr. 2020 Apr;27(3):172. PMID: 31685411.
– Caries-Prior-to-Age-3-and-Breastfeeding-A-Survey-of-La-Leche-League-Members
– Breastfeeding and early childhood caries: a meta-analysis of observational studies, Lingling Cui PhD, Xing Li BMS, Yalan Tian BMS, Juntao Bao MD, Ling Wang PhD, Dongmei Xu MD, Bing Zhao MD, Wenjie LiPhD, Asia Pac J Clin Nutr 2017
– https://www.auseinendouceur.com/allaitement-maternel-carie-dentaire/
– https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/carie-dentaire/facteurs-de-risque
–https://pepite-depot.univ-lille2.fr/nuxeo/site/esupversions/aefc615f-5229-498e-89a9-23394bc1fb74
Last Updated: 15/01/2022 by Allaitement Tout Un Art
Le sommeil et l’allaitement
Nous recevons très souvent des questionnements des mamans sur le sommeil de leurs enfants. D’ailleurs celui-ci est une préoccupation très récente et conditionnée culturellement. De nombreuses cultures comme en Afrique ou en Asie qui pratiquent le partage du lit, l’allaitement à la demande, et le portage, ne se questionnent pas autant que les régions Nord Américaines et Européennes. Les personnes de ces cultures sont même surprises de notre façon de faire.
Les normes culturelles actuelles ne sont pas en faveur du sommeil partagé. Certains professionnels ou l’entourage de la mère vont même jusqu’à mettre en cause l’allaitement, lors des réveils nocturnes fréquents ou des courtes siestes de l’enfant.
Toutes ces normes culturelles ont amené de nombreux mythes :
I. La physiologie du sommeil :
Le sommeil est un processus qui évolue tout au long de la vie et qui s’adapte aux besoins de l’être humain. Il en va de même pour la qualité du sommeil. Le sommeil ne s’enseigne pas. C’est un processus d’acquisition, tout comme la marche ou la continence. Nous entendons souvent parler des méthodes pour “éduquer nos enfants au sommeil”, le sommeil ne s’apprend pas, c’est une évolution naturelle de l’espèce humaine.
Chaque enfant est différent et a ses propres besoins, c’est pourquoi nous pouvons observer des amplitudes horaires très larges, allant de 8 à 20 heures pour le nouveau-né et de 10 à 14 heures pour les enfants de plus de 12 mois. Ces heures de sommeil sont réparties sur 24 heures sans distinction entre le jour et la nuit.
Le sommeil est composé de plusieurs cycles, chez l’adulte comme chez l’enfant. Le cerveau du tout petit n’est physiologiquement pas mature pour “faire ses nuits”, les réveils nocturnes sont donc tout à fait normaux.
Par exemple, plus l’enfant est jeune, plus la durée du cycle du sommeil léger est importante, c’est durant cette phase de sommeil léger que la croissance cérébrale est maximale.
Durant cette phase de croissance cérébrale, les besoins énergétiques de l’enfant sont très importants, le lait maternel répond spécifiquement à ces besoins.
Il peut être intéressant d’observer son bébé pour comprendre son rythme et ses besoins. Cela permet de repérer son rythme de sommeil ainsi que les horaires d’éveil et de coucher enfin de s’adapter à son rythme.
II. Les cycles du sommeil :
Le sommeil de l’enfant s’organise par cycles, tout comme celui de l’adulte.
Chaque cycle comprend :
Chaque nuit peut comprendre jusqu’à 4 à 6 cycles de sommeil et leur durée varie selon l’âge :
Les nouveaux-nés ne peuvent pas dormir en continu car ils ont besoin de s’alimenter fréquemment pour assurer leur croissance et éviter les hypoglycémies. C’est pour cela qu’il peut ne pas avoir de longues périodes de sommeil et que l’on conseille un allaitement à la demande, qui est parfaitement adapté à ses besoins !
Le sommeil a plusieurs caractéristiques :
Si le nouveau-né satisfait aussi ses besoins la nuit, il peut aussi parfois s’adapter en fonction de son environnement et son rythme familial. En effet, il va repérer les rituels au fil des semaines, les moments du quotidien plus calmes (la nuit) et ceux plus agités (le jour) et il va percevoir la différence de luminosité, c’est pour cela qu’il est conseillé d’éviter de faire les siestes dans le noir complet, enfin de continuer à percevoir la différence jour/nuit. Ceci pourrait également expliquer en partie le fait que certains nourrissons enchaînent très tôt plusieurs cycles
2. Entre 3-4 et 7-9 mois :
À partir de 4 mois, l’enfant risque moins l’hypoglycémie, l’allaitement est bien mis en place. Le sommeil devient alors :
Il ne faut pas oublier que cette période est aussi synonyme d’autres changements tels que la reprise du travail pour maman, la découverte d’un nouveau lieu de vie (nounou, crèche … ) et la diversification alimentaire après 6 mois. Ces changements peuvent également générer des réveils plus fréquents.
3. Entre 9 mois et 3 ans :
Les cycles se déroulent :
En début de nuit, ils enchaînent les périodes de sommeil lent léger/lent profond avant d’atteindre le paradoxal, ce qui explique qu’ils arrivent souvent à dormir plusieurs heures d’affilée en début de nuit avant de se réveiller plusieurs fois.
Lors de la 2ème année de vie, les enfants ont tendance à se réveiller la nuit, avec des pleurs, surtout en deuxième partie de nuit.
Plusieurs facteurs entrent en jeu dans cette étape, qui peuvent expliquer le sommeil perturbé de l’enfant :
4. Entre 3 ans et 6 ans :
Les cycles se déroulent :
Aux alentours de 3-4 ans, on peut observer une réduction des temps de sieste et une amélioration du sommeil nocturne. C’est une étape de maturation personnelle, un besoin de faire les choses seul.
Entre 5 et 6 ans, la majorité des enfants n’ont plus de réveils nocturnes grâce à la maturation cérébrale qui leur permet d’avoir des cycles de sommeil proches de l’adulte. Mais aussi grâce au fait qu’ils parviennent plus facilement à exprimer leurs émotions, leurs peurs.
III. Le sommeil de la maman allaitante :
Au cours des tétées, de nombreuses hormones sont libérées qui jouent un rôle sur le sommeil de la mère :
De nombreuses études ont été menées sur le sommeil de la maman allaitante. Elles ont démontré que les mères qui allaitent ont un sommeil lent et donc réparateur plus long que celles qui n’allaitent pas. Certaines études ont même démontré que les couples parentaux dont la maman allaite, dorment plus.
IV. Le sommeil partagé ou cododo favorise l’allaitement maternel :
Le sommeil partagé ou cododo est une pratique de sommeil où le nourrisson partage une surface de sommeil avec sa mère / ses parents.
Les deux seuls facteurs qui favorisent naturellement le sommeil sont l’allaitement et le “cododo” ou le sommeil partagé. L’allaitement maternel favorise le sommeil grâce au L-tryptophane que contient le lait maternel. Ce dernier est un précurseur de la sérotonine et de la mélatonine (souvent appelée « hormone du sommeil »).
Les bienfaits du cododo :
Le cododo a des effets bénéfiques dans la mise en place de l’allaitement maternel :
Il y a tout de même des petites conditions à respecter pour pratiquer le cododo :
V. Les autres astuces :
Conclusion :
Comprendre le sommeil de bébé permet d’accepter plus facilement les réveils nocturnes. Le principal, est de réussir à trouver un équilibre qui convienne à sa propre famille, et à chaque individu. Il est primordial de faire les choses par envie et conviction et non parce que cela est recommandé par un/des professionnel(s) de santé, une grand mère, une tante ou encore la voisine. Faites vous confiance avant tout, vous êtes acteurs de votre vie et vous êtes les seuls à savoir ce qui convient le mieux à votre enfant et votre famille.
Émeline Pérois pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
Last Updated: 07/09/2021 by Allaitement Tout Un Art
Les tire-laits manuels
1. Introduction :
Que ce soit pour faire des réserves en vue de la reprise du travail, pour donner son lait lorsque la maman doit s’absenter ou bien pour faire des dons au lactarium, les mamans allaitantes sont tôt ou tard amenées à tirer leur lait.
En dehors de spécificités liées à une naissance prématurée, à des pathologies particulières de la mère ou de l’enfant, il n’est pas recommandé de tirer son lait avant 6 à 8 semaines, car cela peut perturber la lactation, entraîner des engorgements, des mastites, voire des hyper lactations.
Un tirage doit durer environ 15 minutes (1), mais d’après les retours de plusieurs milliers de mamans, des sessions de minimum 20 minutes et n’excédant pas 30 minutes, seraient plus efficaces (2). Les sessions de plus de 30 minutes sont susceptibles d’entraîner une inflammation des canaux lactifères. Par ailleurs, une durée de tirage similaire à celle d’une tétée semble apporter des résultats similaires sur la production et la stimulation (3).
2. Pour quel usage ?
Le tire-lait manuel est un tire-lait d’appoint, il est utile pour de l’occasionnel, pour les mamans qui sont peu amenées à tirer leur lait ou alors en complément d’un tire-lait électrique, pour les sorties par exemple.
Le tire-lait manuel s’avère très intéressant de par la maîtrise du rythme qu’il offre, c’est l’intensité et la rapidité des gestes de la maman qui donneront le rythme à ces tirages. En revanche, sur le long terme, pour des utilisations multiples au quotidien, il peut rapidement être fatiguant, d’autant qu’à moins d’utiliser deux tire-laits manuels simultanément, cela peut très vite être chronophage.
3. L’importance de la bonne taille de téterelle :
Parce que même la meilleure des marathoniennes pourrait ne pas performer avec une mauvaise pointure de baskets, une allaitante peut ne pas obtenir de bons tirages si sa taille de téterelles n’est pas bonne.
Que le tire-lait soit électrique ou manuel, avoir une taille de téterelle adaptée est essentiel, tant pour optimiser les tirages que pour limiter les risques de blessures. Une taille de téterelle inadaptée peut :
Au cours d’un allaitement, il arrive assez fréquemment que la maman change de taille de téterelles, généralement pour une taille plus petite à celle qu’elle utilisait aux débuts. Bien souvent, on observe ce changement de taille vers 8 ou 9 mois.
Au cours du cycle, des variations de taille de téterelle sont également possible, cela est variable selon les femmes.
Il arrive aussi que les mamans n’aient pas la même taille de téterelles des deux côtés, la symétrie parfaite n’existe pas.
Une téterelle doit être comme une bague au doigt, elle ne doit pas serrer et elle ne doit pas non plus être trop lâche. Il doit y avoir juste l’espace suffisant entre le mamelon et le conduit de la téterelle pour que le mamelon circule librement.
4. Comment choisir sa taille de téterelle ?
Idéalement, la mesure se fait en fin de tirage ou après une tétée, car un mamelon au repos est plus petit qu’un mamelon stimulé. Le changement de taille au passage d’un état à l’autre peut varier selon les femmes.
Beaucoup de marques avancent comme argument que les téterelles de leurs tire-laits sont universelles et s’adaptent à toutes les poitrines, ceci n’est pas possible, car cela signifierait que les téterelles seraient extensibles ou bien que toutes les femmes auraient la même taille. Le fait que certaines marques proposent autant de tailles différentes est significatif de l’importance de choisir la bonne taille.
Il faut mesurer la largeur du mamelon à sa base et ajouter 2 à 3 mm. S’il n’existe pas de taille de téterelles dans la taille exacte recherchée, il faut alors prendre celle immédiatement supérieure. La taille du mamelon est totalement indépendante de la taille des aréoles ou des seins. Une femme peut avoir une forte poitrine avec de petits mamelons et réciproquement.
Certaines marques de tire-lait ou même les loueurs de tire-lait électriques proposent des réglettes, il en existe également des imprimables (attention à l’échelle au moment de l’impression). Mais un mètre ruban ou même une règle ou encore un pied à coulisse peuvent tout à fait permettre une bonne mesure.
5. Choisir son tire-lait manuel :
Vous l’aurez compris, une bonne taille de téterelle est primordiale, et comme tous les tire-laits ne proposent pas la même taille ou encore n’offrent pas tous la possibilité de changer de taille de téterelle, il est important de prendre en compte son critère de taille pour le choisir.
Les tire-laits les plus intéressants sont donc ceux qui offrent la possibilité de changer de taille de téterelle, un certain nombre de marques proposent cela, mais toutes n’offrent pas les mêmes étendues de tailles. Si vous disposez d’un tire-lait électrique, prendre la même marque de tire- lait manuel (ou offrant les mêmes compatibilités) permet dans plusieurs cas d’utiliser les mêmes téterelles, en cas de petites tailles, cela peut être financièrement intéressant.
Ces trois modèles sont ceux qui offrent les plus larges gammes de tailles de téterelles, soit directement de leur propre marque, soit auprès de marques proposant des téterelles compatibles (du 10 mm au 36 mm). C’est la marque Maymom qui propose les téterelles compatibles avec ces tire-laits.
Il existe en effet des téterelles compatibles en : 10 mm, 12 mm, 13 mm, 15 mm, 16 mm, 17 mm, 19 mm, 20 mm, 21 mm, 22 mm, 23 mm, 24 mm, 25 mm, 26 mm, 27 mm, 28 mm, 30 mm, 32 mm, 34 mm et 36 mm.
Petit plus pour ce modèle qui propose deux phases (stimulation et expression), en fonction de comment est orientée la poignée.
Téterelles de la marque : 21 mm, 24 mm, 27 mm, 30 mm et 36 mm.
Petit plus pour ce modèle qui propose deux phases (stimulation et expression).
Téterelles de la marque : 21 mm, 25 mm, 28 mm, 30,5 mm et 36 mm.
Mode d’utilisation très différent, il s’agit ici de presser la poignée.
Téterelles de la marque : 21 mm, 22,5 mm, 25 mm, 28,5 mm, 30,5 mm, 32,5 mm et 36 mm.
La poignée se monte sur le même kit que l’électrique.
Il existe également une pompe, appelée “piston tire-lait manuel medela” (celle du kit pour le medela lactina) à visser sur les téterelles Medela pour obtenir un tire-lait manuel, mais cela semble peu pratique dans l’utilisation. Ça peut être intéressant en dépannage.
Ces tire-laits manuels permettent plusieurs tailles de téterelles. Le fait de retirer le coussinet permet certes d’obtenir une taille plus grande mais fait perdre en confort.
Tailles disponibles : 21 mm, 24 mm, 26 mm et 30 mm.
Une poignée existe également, vendue seule.
Tailles disponibles : 19,5 mm (21,5 mm sans le coussinet) et 25 mm (27 sans le coussinet)
Tailles disponibles : 19,5 mm (21,5 mm sans le coussinet) et 25 mm (27 sans le coussinet)
Tailles disponibles : 21 mm et 25 mm.
Tailles disponibles : 26 mm et 31 mm.
Tailles disponibles : 26 mm, 31 mm et 36 mm. Possibilité d’ajout d’un insert en 22 mm et 28 mm.
La poignée est vendue seule pour s’adapter sur le kit calypso.
On appelle monoblocs les tire-laits manuels qui sont constitués d’un seul bloc et qui ne permettent pas de changement de téterelles. Ils sont généralement calibrés sur les tailles moyennes des femmes occidentales, soit autour de 25 mm. Certains modèles sont avec coussinet démontable et permettent de gagner quelques millimètres.
Même si plusieurs marques proposent des coussinets dans les téterelles, ceux-ci ne sont pas toujours amovibles.
Taille disponible : 24 mm et 27 mm sans coussinet.
Poignée adaptable sur le tire-lait électrique Mam 2 en 1.
(attention il existe un modèle sans coussinet amovible)
Taille disponible : 25 mm et 27 mm sans coussinet.
Taille disponible : 24 mm et 28 mm sans coussinet.
Il s’agit d’une liste non exhaustive des principaux tire-laits manuels disponibles en magasin de puériculture. Ils ne sont pas particulièrement pertinents.
Il existe de nombreuses autres marques de tire-lait manuel mais leur taille sera “standard” autour des 25 mm selon les modèles.
Les tire-laits “klaxon” sont également à taille unique. Ils sont très difficiles à maîtriser dans l’intensité et d’après les retours de mamans, semblent douloureux.
Rebecca Dubreucq Heuillard
pour l’Allaitement Tout Un Art
Last Updated: 13/08/2021 by Allaitement Tout Un Art
Sevrage Nocturne
Tu l’as déjà entendu cette petite question anodine ?
1. Quand sevrer son bébé la nuit ?
Sevrer son bébé la nuit n’a jamais garanti l’absence de réveils nocturnes ou l’allongement des temps de sommeil.¹ Même si c’est ta mamie, ta meilleure amie ou ta mère qui te l’a dit, c’est tout simplement faux.
Notre temps de travail et nos interactions sociales ont pour la plupart lieu en journée et, la nuit est dédiée au sommeil. “Le problème réside dans notre perception de la manière dont un bébé devrait dormir, de même que dans notre propre besoin d’une nuit de sommeil ininterrompu²”.
Dans nos accompagnements, nous entendons le désespoir, l’épuisement et l’isolement de ces mamans et familles qui viennent parfois chercher dans le sevrage nocturne la solution à leur difficulté. Bien souvent, l’isolement, le manque de soutien, et de présence au quotidien sont les problèmes sous-jacents. Concernant l’allaitement nocturne, “il y a un problème de sommeil à partir du moment où l’enfant qui se réveille la nuit dépasse votre capacité à faire face à la situation.³”.
Les cycles du sommeil de l’enfant sont constitués de phases de sommeil profond, d’endormissement, de sommeil léger mais aussi de phases d’éveils brefs. C’est lors des phases d’éveils brefs (tout à fait normaux) que ton bébé t’appelle, notamment par des pleurs, ne réussissant pas à se rendormir seul. Pour plus d’informations sur le sommeil du bébé allaité, je t’invite à jeter un œil à notre article “Sommeil et Allaitement”.
Les premiers mois, le bébé réclame souvent à téter en journée et il est très fréquent que ce soit le cas la nuit aussi. C’est d’ailleurs pourquoi, lorsque le bébé ne tète pas pendant de longues heures, le sein se durcit voire s’engorge et devient douloureux. À la différence du biberon, l’allaitement au sein ne requiert pas de se lever de son lit, d’allumer la lumière, etc. Parfois, dormir avec son bébé et l’allaiter au besoin à chaque réveil permet une nuit de sommeil longue et reposante. Avoir un « sommeil partagé” présente l’avantage d’encourager la synchronisation des cycles de sommeil et aussi développe considérablement le lien et le sentiment d’attachement du bébé à ses parents.⁴ Avant un an, il est communément admis que certains enfants ont besoin d’être nourri après 4 heures de sommeil. Jusqu’à 9 mois, un ou deux allaitements par nuit est parfois nécessaire au développement physiologique de l’enfant.⁵ Enfin, quelque soit l’âge pour lequel tu souhaites sevrer ton bébé, il est plus adapté d’éviter des périodes de poussées dentaires, de maladie, nouvelles acquisitions ou tout changement susceptible de l’impacter. Le sommeil de l’enfant n’en sera que plus agité et ton réconfort peut s’avérer précieux dans ces passages parfois compliqués pour des tout-petits.
Ceci étant dit, le choix du sevrage nocturne reste la décision des parents de l’enfant. Tu es libre de sevrer quand tu le souhaites. Peu importe les raisons, cette décision prise en conscience est respectable et doit être respectée.
Sevrer son bébé la nuit peut engendrer une baisse de lactation mais peut aussi ne pas avoir de conséquences du tout. Il arrive que certains bébés de trois mois, parfois moins, dorment toute la nuit tout en étant allaités par ailleurs. Si baisse de lactation il y a, celle-ci peut provoquer un sevrage induit et prématuré notamment lorsqu’elle nécessite l’introduction de compléments comme les PCN (Préparation Commerciale pour Nourrissons).
Nourrir son bébé au sein n’est pas nourrir son bébé au biberon. Lorsqu’on allaite, on ne “mesure” pas la quantité de lait ingéré, on ne compte pas le nombre de fois que bébé prend le sein. D’ailleurs, allaiter n’est pas simplement donner du lait à son enfant. Le bébé peut réclamer le sein pour beaucoup d’autres raisons.
C’est pourquoi, il n’est pas possible, sur la base du nombre de prises uniquement, de déterminer si un bébé a pris la quantité de lait nécessaire à son développement.
Mesurer une éventuelle baisse de lactation doit se baser sur des critères objectifs. Ces indicateurs sont en réalité liés au bébé lui-même :
Au besoin, notre association ou une consultante en lactation certifiée IBCLC pourra t’aider à vérifier les critères précédents. Si et seulement si les indicateurs précédents indiquent une baisse de lactation alors il sera peut être nécessaire de complémenter. Notre article sur l’allaitement mixte pourra t’indiquer la marche à suivre dans ce cas là.
Pour les mères qui s’absentent en journée, il sera nécessaire d’être particulièrement vigilant aux indicateurs ci-dessus puisque l’enfant ne pourra pas, dans ce cas de figure, stimuler la production de lait de la même manière.
2. Comment sevrer son bébé :
Un enfant ne pleure jamais sans raison. Les pleurs signalent une ou plusieurs émotions ou un appel à l’aide. C’est pourquoi il est essentiel de répondre au(x) besoin(s) de son enfant par sa présence inconditionnelle. Sevrer son bébé en le laissant pleurer seul n’est et ne sera pas une solution acceptable. Ton petit n’a pas encore la capacité de comprendre ce qu’il vit et encore moins d’expliquer ce qu’il ressent, de décrire ses peurs, sa colère et sa souffrance autrement qu’avec des pleurs.
Ne pas consoler un enfant, notamment lors du sevrage nocturne, revient à le laisser seul vivre une situation de peur, de stress et d’anxiété intense. Ce stress, s’il se répète, entraîne la sécrétion de fortes quantités d’hormones telles que le cortisol, l’adrénaline, etc. qui peuvent, à terme, affecter durablement les capacités cognitives de ton enfant. De plus, “quand personne ne répond à ses appels, à ses pleurs, l’enfant apprend à ne plus se connecter avec ce qu’il ressent”⁶.
Ceci étant dit, l’épuisement arrive, il existe et il n’est en aucun cas le signe que tu/vous n’êtes pas les parents qu’il faut pour cet enfant. Tu as le droit de ne plus y arriver, tu as le droit de demander de l’aide. Il existe de nombreuses associations de soutien et je t’invite à t’en rapprocher au besoin.⁷
Dans la suite de cet article je vais te proposer des pistes de réflexions pour faciliter ce sevrage. Ce n’est en aucun cas un protocole ou une méthode à suivre à la lettre. Vous êtes les parents de votre bébé, vous le connaissez mieux que personne et surtout, vous êtes à ses côtés et donc vous avez l’opportunité d’ajuster et d’adapter les suggestions aux spécificités de votre enfant. Quelques-unes des propositions sont largement inspirées du livre « Un sommeil paisible et sans pleurs” d’Elizabeth Pantley.
Comme indiqué dans la première partie de cet article, il est essentiel que ce choix soit fait en conscience, cela requiert donc réflexion et parfois temps. Il est normal que tu ressentes le besoin d’être soutenue et épaulée dans cette décision par ton/ta partenaire, ta mère ou toute personne ressource et en qui tu as confiance. Dans certains cas, il est plus simple pour la maman qui allaite et le bébé, qu’une tierce personne intervienne. En effet, l’odeur de la mère et de son lait rendent parfois difficile le sevrage nocturne. Ainsi le/a conjoint/e peut prendre le relais lors des réveils, apporter présence et douceur au bébé qui apprend à se rendormir sans le réconfort du lait maternel mais avec l’accompagnement sécurisant et attentif de son autre parent ou personne proche. N’hésites donc pas à solliciter de l’aide. Le sevrage nocturne est parfois une étape éprouvante pour le bébé et aussi les parents qui l’accompagnent.
Une fois la décision prise, ton comportement doit être cohérent avec ton choix. Sevrer tout en regrettant (dans sa tête) le sevrage risque d’envoyer des signaux contradictoires. Ton sevrage nocturne aura, dans ce cas, peu de chances d’aboutir et ton bébé ne comprendra pas ce qui est attendu de lui. La décision doit donc être ferme tout en sachant faire des retours arrière au besoin (lorsque tu sens que ton bébé n’est finalement absolument pas prêt ou si il tombe soudainement malade, etc.) sans pour autant le vivre comme un échec. Parfois ce n’était pas le moment, on réessaie plus tard, tout est juste. C’est le signe que tu as su écouter les besoins de ton enfant tout en essayant de répondre aux tiens.
Pour Elizabeth Pantley, la clef du sevrage voire de l’allongement des temps de sommeil du bébé est d’amoindrir l’association entre la succion et le sommeil. Selon elle, il faut être prêt pendant une semaine voire un mois à faire face à des réveils nocturnes parfois plus compliqués notamment sur les temps de rendormissement.
Il est communément admis qu’un bébé fait ses nuits (pas encore les nôtres…) lorsqu’il dort pendant 5 heures consécutives. C’est pourquoi Elizabeth Pantley, recommande aux parents d’avoir des “attentes réalistes” y compris sur la temporalité de réalisation de ces objectifs. Un bébé est rarement sevré en une nuit et je le répète, sevrer son bébé ne garantit pas un allongement des temps de sommeil. Autrement dit, espérer 8 à 12 heures de sommeil d’affilées en sevrant son bébé en une nuit n’est juste pas réaliste voir irréalisable.
Le programme pantley du sevrage nocturne
Lorsque bébé se réveille, l’idée est de l’allaiter comme d’habitude mais au lieu de laisser le bébé se rendormir au sein, il est suggéré de retirer le mamelon lorsque bébé entre en demi-sommeil ou que la fréquence de succion diminue. Pantley prévient que bébé au début aura tendance à chercher immédiatement à retrouver le mamelon. Si le bébé se met à pleurer et à chercher avidement le sein malgré les tentatives de maintenir sa bouche fermée en relevant délicatement son menton, il ne faut pas hésiter à reprendre le processus: allaiter, tenter de tenir son menton et si il refuse, allaiter de nouveau. Et ce, jusqu’à un endormissement paisible du bébé dans son lit sans avoir eu le mamelon en bouche.
Le raisonnement sur lequel se base Elizabeth Pantley est le suivant: lorsque tu endors ton bébé au sein et que délicatement, avec toutes les précautions du monde, tu le poses telle une plume sur son lit (tout un art n’est ce pas?) ; le bébé lui n’a pas du tout réalisé que tu n’es plus là, que ton mamelon n’est plus dans sa bouche. Du coup lorsqu’il se réveille, il est aisé de comprendre son questionnement et parfois ses pleurs : où sont passés les bras sécurisants et le délicieux lait avec lesquels je me suis paisiblement endormi?
Partant de cette analyse, l’auteur propose la “méthode” décrite plus haut pour dissocier l’endormissement de la prise au sein afin que l’enfant apprenne progressivement à se réveiller et se rendormir seul. L’objectif d’Elizabeth Pantley est de permettre à l’enfant de se passer des parents pour retrouver le sommeil puisque les éveils brefs, expliqués en partie 1, sont normaux et physiologiques.
D’après Pantley, la façon dont s’endort le bébé aura des conséquences sur les éveils au cours de la nuit c’est pourquoi, si ce n’est pas déjà le cas, il est particulièrement pertinent d’user de sa méthode la première fois que bébé s’endort pour la nuit.
Encore une fois, si l’on veut que cette méthode reste douce pour le bébé, il faut compter une dizaine de jours d’après l’auteur pour briser l’association succion/ sommeil et donc mener à terme le sevrage nocturne.
3. Conclusion :
Prendre la décision de sevrer son bébé la nuit est rarement plaisant ou aisé. L’important reste que cette décision soit un choix conscient et éclairé sur les éventuelles conséquences.
Est ce que ce choix serait le même si la vérité sur le sommeil des bébés était plus souvent admise? Non, tous les bébés ne dorment pas tous 8 à 12 heures par nuit passé 3 mois, c’est plus l’exception que la règle.
Ce choix serait-il le même si la société permettait aux parents de jeunes enfants d’aménager leurs emplois du temps et leurs horaires de travail les premières années au lieu d’imposer qu’un retour à la « normale » revienne au plus vite?
Courage à tous les parents dans leurs choix et leurs nuits. Je vous souhaite à tous de trouver le village qui vous soutiendra dans ces étapes de vie parfois difficiles.
Yasmin Doula EnraciNée
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
¹ Entre 1 à 3 ans environ 35% des enfants ne font pas nuit d’adulte, or, passé 1 ans seul 9% des enfants sont encore allaités. Il n’y a donc aucune corrélation entre sevrage nocturne et le fait de “faire” ses nuits.
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/troubles-sommeil-enfant/types-troubles-sommeil
https://www.lllfrance.org/vous-informer/actualites/1722-que-disent-les-taux-dallaitement-francais#:~:text=%C3%80%20un%20an%2C%20seuls%209,encore%209%20%25%20%C3%A0%201%20an%20%3F
²Elizabeth Pantley, un sommeil paisible et sans pleurs
³William Sears, Être parent la nuit aussi
⁴Claude-suzanne Didierjean-jouveau, Partager le sommeil de son enfant. Pour rappel et information, je me permet de laisser le lien de ce guide très complet sur le cododo pour des nuits d’amour avec son bébé en toute sécurité : https://www.coordination-allaitement.org/images/informer/sharingbedleaflet_french.pdf?fbclid=IwAR2si3eG4XWInWtLzaxDyeVQItzgBu4XpW9qPn-8e6-VTO1QiqF_SV6QcfU
⁵Elizabeth Pantley, un sommeil paisible et sans pleurs
⁶Dr Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse & Dr Rosa Jové, Dormir sans larmes
⁷Les associations Maman Blues ou encore Les pâtes au beurre pour ne citer qu’elles font un travail remarquable sur ce sujet. N’hésites jamais à faire appel aux associations locales si tu en ressens le besoin. Une maman/ des parents en bonne santé physique et morale est essentielle pour prendre soin de bébé.
Last Updated: 20/06/2021 by Allaitement Tout Un Art
Les bouts de seins
« Avant l’arrivée de mon aînée, je ne savais pas le genre de mère que j’allais être. Je n’avais aucun a priori, aucune idée préconçue. Je savais simplement que j’avais envie de tenter l’allaitement. En future maman investie dans son rôle, j’ai alors demandé à mon amie allaitante de me donner sa “liste” des incontournables à acheter lorsqu’on attend un bébé avec le projet d’allaiter … Sur cette liste, il y avait les bien connus bouts de sein. Evidemment, je me suis empressée d’aller les acheter. Les douleurs, les crevasses c’est sûr, tout le monde passe par là de toute façon. Et allaiter, c’est souvent douloureux d’après ce qu’on peut lire ou entendre ! «
Du coup, les bouts de sein c’est la solution. Vraiment ??? La réponse dans cet article.
L’utilisation des bouts de sein (BDS) ou “bouclier de mamelon” en anglais (nipple shields), remonte à très loin. On retrouve leur première mention dans les textes médicaux du 17e siècle. A l’époque, il était possible d’en trouver en étain, argent, fer, verre et même parfois en plomb jusqu’à ce qu’on constate les dommages cérébraux de leur utilisation sur le bébé. À partir du 20e siècle sont apparus les BDS en caoutchouc encore trop épais pour une utilisation optimale. Ce n’est qu’à partir des années 80 que les premiers BDS en silicone font leur apparition, de plus en plus fin avec le temps.
Les BDS peuvent, parfois, s’avérer utiles, en dernier recours et dans des cas bien particuliers (section 2) mais ce n’est pas sans risques (section 1). Il convient toujours d’être accompagnée par des professionnels qualifiés, notamment, une IBCLC, afin d’identifier des solutions alternatives quand cela est possible. Une consultante en lactation certifiée IBCLC ou une lact’aidante peuvent t’aider à utiliser les bouts de sein correctement (section 3) mais aussi et surtout te donner les clefs pour un sevrage de leur utilisation au plus tôt (section 4).
1. Inconvénients et risques liés à l’utilisation des bouts de sein
a. Un sevrage précoce et de potentiels risques pour le bébé
L’usage de bouts de sein diminue la quantité de lait reçue par le bébé. Les BDS agissant comme des “boucliers” sur le mamelon, leur utilisation entraîne nécessairement une diminution de stimulation. Or en activant sa langue, le bébé excite un grand nombre de récepteurs d’où partent des nerfs sensitifs. Ces nerfs envoient l’information en quelques secondes au cerveau de la mère pour produire du lait. Plus le bébé tète, plus les récepteurs aréolaires sont stimulés, plus la prolactine permet de produire le lait et donc, plus la lactation qui s’installe pourra être abondante. Avec le BDS, il est ainsi aisé de comprendre pourquoi le risque de sevrage précoce existe. Cela peut induire à la fois des difficultés de prise de poids chez le bébé et une diminution de la lactation chez la mère.¹
Les bouts de sein actuels sont en silicone et on a constaté que les tétines et sucettes en silicone relâchent du silicone.² Il est donc légitime de se poser la question du niveau d’acceptabilité de l’exposition du bébé au silicone par l’intermédiaire de BDS. Aucune étude ne nous permet d’avoir des certitudes à ce sujet.
b. Succion du bébé modifiée
Le bébé qui s’est habitué à la succion avec BDS pourra difficilement téter directement au sein – comme s’il s’était habitué à la succion au biberon – et il faudra du temps et de la patience pour (re-)trouver une succion correcte. Le BDS ne s’étale pas et ne s’allonge pas lors de la succion. Par ailleurs, le BDS étant plus ferme, avec une texture et un volume différent du mamelon maternel, il semble alors évident qu’une utilisation prolongée risque de modifier profondément la succion du bébé. C’est d’autant plus vrai que cette exposition survient pendant une période critique sur le plan du développement neurocomportemental.⁴
c. Succion inefficace
Le BDS va recouvrir le mamelon et, à l’image d’une tétine, va rentrer facilement dans la bouche du bébé. Mais pour avoir une succion efficace, l’enfant doit prendre le mamelon (ici le cône) et une grande partie de l’aréole, il faut savoir que naturellement le mamelon s’étire jusqu’à 2.5 fois dans la bouche du bébé qui a une succion optimale. Ce n’est pas toujours le cas avec un BDS, le bébé se contentant parfois de prendre le cône, et on observe alors un mouvement de piston inefficace pour l’extraction du lait. Dans le cas d’une succion inefficace, les BDS semblent être un facteur aggravant du risque d’engorgement voire de mastite⁵ du sein.
d. Mauvaise utilisation du BDS
Un bon ajustement du BDS est essentiel car :
e. Un quotidien compliqué par l’utilisation des BDS
Contrairement à l’allaitement qui peut se faire n’importe quand et n’importe où, l’utilisation des BDS impose une hygiène stricte. En effet, ils doivent être nettoyés à l’eau chaude savonneuse et bien rincés après chaque utilisation. Cela induit souvent la nécessité d’avoir deux paires de BDS à disposition. De plus, il faut toujours penser à les avoir sur soi ce qui n’est pas chose aisée dans le quotidien bien rempli d’une maman avec un nouveau-né.
2. Utilisations des bouts de seins
Avant de proposer des BDS, il convient d’être accompagné par, notamment, une consultante en lactation IBCLC afin d’évaluer la situation et définir la stratégie la plus adaptée aux problématiques rencontrées.
a. Mamelons plats ou ombiliqués
Si tu présentes un ou deux mamelons ombiliqués, je t’invite à lire notre article sur le sujet. Il est tout à fait possible d’allaiter avec des mamelons ombiliqués. En effet, lors de sa prise au sein, le bébé doit non seulement prendre le mamelon mais aussi une partie de l’aréole. Comme tu pourras le constater dans notre article, des alternatives sont envisageables avant le recours aux BDS.
b. Douleur des mamelons
D’après le Dr Jack Newman, “les téterelles » ne sont pas recommandées dans le cas de mamelons douloureux. Elles peuvent réduire la sécrétion lactée, et le bébé peut devenir agité et ne pas prendre suffisamment de poids. Quand le bébé s’y est habitué, il peut être impossible de lui faire téter à nouveau directement le sein. De nombreuses femmes qui ont essayé les BDS trouvent que ça ne les a pas aidées à lutter contre la douleur. Mieux vaut donc les utiliser en dernier ressort. La recommandation générale étant de rechercher et traiter la cause de la douleur. En dernier recours, si besoin, utiliser des BDS de taille adaptée. (voir section 3)
c. Crevasses des mamelons
Les BDS sont fréquemment utilisés en cas de crevasses et peuvent parfois apporter un soulagement. Mais là encore, ce n’est pas leur meilleur usage, dans la mesure où la cicatrisation des crevasses nécessite d’abord d’en corriger les causes. En parallèle, un traitement local peut s’avérer utile le temps que l’origine du problème (souvent lié à la prise au sein) soit définie.
d. Alimentation du prématuré
Une étude de Scandinavie démontre que les bébés peuvent et devraient être capables de prendre le sein à partir de 28 semaines de gestation environ⁶. Ainsi, avant d’en venir systématiquement au BDS, il est important de donner sa chance au bébé et à la mère de démarrer l’allaitement sans l’introduction du biberon ou de BDS. Une récente étude⁷ recommande d’ailleurs d’en éviter l’utilisation systématique chez les prématurés, en privilégiant ceux qui ont de réelles difficultés d’accroche.
La pression négative dans la cavité des bouts de sein étire le mamelon. Elle peut stimuler aussi l’écoulement du lait, que le bébé obtient plus facilement. Ces facteurs sont particulièrement utiles lorsque le bébé est un prématuré, dont la succion est faible. Ces bébés abandonnent facilement tout effort pour téter s’ils ont du mal à prendre le sein en bouche, et si le lait ne coule pas facilement. On arrête généralement de les utiliser autour de la date du terme estimé⁸.
e. Enfants difficile à stimuler, difficultés d’accroche au sein
Par exemple, le bébé né à terme qui pousse avec la langue, qui a une langue rétractée, des problèmes neurologiques ou une succion faible. Dans ce cas, le BDS joue le rôle nécessaire de stimulation de la succion dans la bouche du bébé, compensant l’insuffisance de pression générée par une succion trop faible, et l’étirement du mamelon engendre l’écoulement du lait⁹.
f. Trouble de la succion ou préférence de la tétine/sucette/biberon
Des suggestions visant à encourager l’expression des réflexes archaïques du bébé telles que l’approche Biological Nurturing (BN), du peau à peau, des bains avec bébé, du cododo, peuvent être mises en œuvre avant d’en arriver à l’utilisation des BDS. Malgré tout, si le bébé persiste à refuser le sein mais accepte d’être nourri au biberon, le BDS peut être utilisé comme transition entre tétine et sein direct. J’insiste donc sur la notion d’une utilisation temporaire. Les BDS donnant au bébé une sensation similaire à celle d’une tétine, ils peuvent être utiles, en dernier recours, pour aider un bébé présentant une préférence au biberon à reprendre le sein.
3. Comment utiliser les bouts de seins :
Les risques liés à l’utilisation des BDS décrits en section 1 démontrent à quel point leur utilisation ne doit en aucun cas être systématique et leur utilisation requiert dans la mesure du possible accompagnement et soutien.
Dans le cas où les BDS sont la roue de secours qui permet de lancer ton allaitement, voici les éléments à prendre en compte lors du choix de tes BDS.
Les BDS sont maintenant proposés en plusieurs tailles (13 mm, 15 mm, 16 mm, 20 mm, 24 mm et 28 mm). La taille qui te convient correspond à la mesure de la base de ton mamelon à laquelle tu ajoutes 3mm.
Il existe deux modèles de base :
Pour limiter les risques et les inconvénients, il est possible d’utiliser les BDS partiellement en les proposant une tétée sur deux ou seulement en début de tétée. Il est également recommandé de proposer des tétées régulièrement et aux premiers signes d’agitation du bébé. En gros l’idée est de mettre ton bébé à la “bonne adresse¹⁰” comme illustrée sur l’infographie qui suit. Tu peux même lui proposer le sein endormi ou en demi-sommeil. Oui, les bébés savent téter endormis !
Tu peux également pratiquer la prise du sein en “taco” (voir photo ci-dessous) et, au besoin, exercer une compression du sein.
Il convient donc de choisir des BDS adaptés à la taille et à la forme de ton mamelon afin d’éviter une aggravation voire l’apparition de blessures au mamelon. Un bout de sein idéal convient aussi bien à la mère qu’à l’enfant ! Dans certains cas, il peut s’avérer nécessaire de stimuler ta lactation (voir section 1 sur les risques) en parallèle de l’utilisation de BDS à l’aide d’un tire lait double pompage. Dans la mesure du possible nous ne recommandons pas l’usage du tire-lait avant les 6 à 8 semaines de ton bébé afin de permettre la mise en place de la lactation.
4. Comment se sevrer d’un bout de sein
Deux choses sont essentielles pour augmenter les chances de se sevrer d’un BDS: être accompagnée et avoir confiance. Tu as toutes les chances de réussir à t’en passer.
Cela peut prendre du temps et il faut y aller progressivement, sans brusquer bébé ni en faire une “obsession”. Voici quelques suggestions générales que tu peux essayer tranquillement avec ton bébé.
Avant toute chose, pourquoi as-tu eu recours au BDS ? Est ce que la cause de leur utilisation est résolue ? Quelles sont les raisons sous-jacentes au problème ? Une mauvaise prise au sein ? Des freins restrictifs ? Des tensions crâniennes ou cervicales ? ou autre chose ? Il est important d’identifier et de corriger ces éléments avant d’envisager le reste car si la cause n’est pas traitée par les professionnels adaptés, les chances du sevrage seront compromises. N’oublie pas que le BDS n’est qu’une “roue de secours”.
Si ton mamelon est blessé ou qu’il présente des crevasses, prends le temps de les soigner avant d’entamer le sevrage. L’idée n’est pas de souffrir encore plus mais bien de retrouver un allaitement serein et heureux.
Tente dans un premier temps de retirer les BDS à un autre moment qu’en début de tétée afin d’éviter de frustrer bébé dans son envie impérieuse d’obtenir du lait. Tu peux essayer de les enlever à différents moments de la tétée : début, milieu ou fin. Certaines mères trouvent ça plus simple de tenter de les enlever lorsque le bébé est en demi-sommeil. L’important c’est aussi ta détermination, ta confiance et ta patience. Ça ne va pas se faire du jour au lendemain (sauf exceptions) et il va falloir essayer encore et encore. Si ton bébé semble refuser de s’en passer, ne perds pas espoir, tente à nouveau. Verbalise et encourage ton bébé. N’oublie pas, allaiter avec des BDS est l’exception non pas la norme, ton bébé et toi êtes capables de le faire !
N’hésite pas à user et abuser du peau à peau avec ton bébé. Un bain avec ton bébé lui permettra de trouver le sein dans la proximité et la chaleur de tes bras. Dans la même veine, l’approche Biological Nurturing (BN) peut participer au sevrage des BDS. Cette approche a pour bénéfice de favoriser l’expression des réflexes innés de ton bébé. Certains de ces réflexes semblent favoriser la prise du sein, d’autres le transfert du lait. Un nombre plus important de réflexes a été observé lorsque la mère est en position inclinée ou semi inclinée pour mettre son enfant au sein. En étant confortablement installée cela va aussi favoriser l’expression de comportements innés chez toi et qui sont susceptibles de faciliter l’allaitement. “En position inclinée en arrière, les femmes favorisent instinctivement la survenue chez leur enfant des réflexes facilitant la prise du sein, ce qui n’était pas constaté lorsque la mère était en position assise”¹¹. Il sera peut-être plus simple pour toi de pratiquer la BN dans la nuit lorsque bébé et toi êtes en demi-sommeil.
Il est parfois nécessaire pour certaines mamans d’être accompagnées sur cette approche, si tu rencontres des difficultés, tu peux demander de l’aide pour favoriser une meilleure prise au sein. Il existe des positions peut-être plus adaptées à toi et ton bébé, n’hésite pas à faire appel aux lact’aidantes ou IBCLC au besoin.
Pense à jouer avec ton bébé à ouvrir grand la bouche et tirer la langue, plusieurs fois par jour et en lui expliquant que c’est ainsi qu’il doit faire pour prendre le sein. Et implique la famille, les amis dans cette mission, c’est ludique et surtout ça peut marcher grâce aux mécanismes des neurones miroirs.
Parfois le BDS a été donné trop tôt, trop vite. Si c’est le cas et que ta production lactée n’a pas eu le temps de se mettre correctement en place, il est possible de la stimuler avec un tire-lait double pompage.
Il arrive que les bébés se débarrassent tout seuls des BDS, mais ce n’est pas toujours le cas. C’est pourquoi il est important de tenter de se sevrer des BDS.
5. Conclusion
“Pour toutes les mères qui croient que les BDS ont sauvé leur allaitement, il y a une quantité innombrables de mères qui ont expérimenté une diminution de la quantité de lait, le refus du sein, des mamelons douloureux et un sevrage prématuré. Les moyens mis en œuvre pour aider les mères confrontées à des problèmes liés à l’allaitement sont conséquents et devraient être des moyens qui permettent à la mère et au bébé de développer des compétences conduisant à une relation d’allaitement longue et heureuse”¹².
L’utilisation des BDS devrait être la solution de la “dernière chance” et pourtant ils sont aujourd’hui en vente libre dans tous les magasins de puériculture, pire, ils sont conseillés par nos familles, amis et parfois professionnels de santé en première intention. Nous y avons recours avec tant de légèreté alors qu’un accompagnement adapté aux problématiques rencontrées permettrait sans nul doute d’éviter leur utilisation la plupart du temps.
Avant même l’allaitement, une naissance respectée avec un accompagnement qui donne le temps à la mère et à l’enfant de se découvrir en peau à peau et le temps au bébé de ramper jusqu’au sein. Une présence qui rassure et répond aux interrogations des mamans qui souhaitent allaiter au lieu de privilégier cette prise de poids, ces manipulations précoces qui, dans la majorité des cas, ne sont pas nécessaires immédiatement. Cela favoriserait tellement la mise en place d’un allaitement serein pour la mère et l’enfant … Pourquoi cette urgence dans ce temps sacré de la naissance ?
Yasmin Doula EnraciNée
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
¹ L’Art de l’Allaitement Maternel – La Leche League p.100
² Gross JH. Analysis of silicones released from household items and baby articles by direct analysis in real time-mass spectrometry. J Am Soc for Mass Spectrom 2015 ; 26 : 511-21.
³ Breastfeeding illustrated – Atlas Hollandais A, prise du sein avec BDS, B, prise du sein sans BDS
⁴ Mobbs EJ et al. Imprinting, latchment and displacement : A mini review of early instinctual behavior in newborn infants influencing breastfeeding success. Acta Paediatr 2016 ; 105 : 24-30.
⁵ Nicholson WL. The use of nipple shields by breastfeeding women. Aust Coll Midwives Inc J 1993 ; 6 : 18-24.
⁶ Nyqvist KH, Sjödén P-O, Ewald U.The development of preterm infants’ breastfeeding behavior.Early Human Development1999;55:247-264
⁷ Factors associated with exclusive breastfeeding of preterm infants. Results from a prospective national cohort study. Maastrup R, Hansen BM, Kronborg H, Bojesen SN, Hallum K, Frandsen A, Kyhnaeb A, Svarer I, Hallström I. PLoS One. 2014 Feb 19;9(2):e89077.
⁸ L’Art de l’Allaitement Maternel – La Leche League p.100
⁹ https://pro.perinatalite.org/fichs/14076.pdf
¹⁰ Expression utilisée par Suzanne Colson dans son livre Biological Nurturing
¹¹https://www.lllfrance.org/documents-a-destination-des-professionnels-de-sante/documents-pour-les-professionnels-de-sante/les-dossiers-de-l-allaitement-1/da-79-avril-mai-juin-2009/769-article-de-colson-sur-les-positions/file
¹² Docteur Jack Newman “Nipple Shields”, Toronto, January 29, 2017
Last Updated: 20/06/2021 by Allaitement Tout Un Art
Allaiter avec des mamelons plats ou ombiliqués
Les femmes avec les mamelons plats ou ombiliqués s’entendent souvent dire à tort pendant leur grossesse ou à la maternité qu’elles ne peuvent pas allaiter, ou alors qu’elles auront besoin de bouts de seins. Beaucoup de ces femmes arrivent à allaiter sans aide particulière car la majorité des bébés arrivent à téter si l’aréole et le sein sont souples.
Pour certaines femmes, une aide sera nécessaire. Cependant les bouts de seins sont souvent proposés trop rapidement car ils sont préjudiciables à la mise en place de l’allaitement. Des alternatives peuvent être essayées avant cela.
1. Définition :
Le mamelon “normal” : C’est le mamelon le plus courant, il est saillant, il dépasse de quelques millimètres de l’aréole.
Le mamelon plat : il est peu saillant et se confond avec l’aréole, même lorsqu’il est stimulé.
Le mamelon ombiliqué : appelé aussi invaginé ou inversé. Il est rétracté dans le sein au lieu de pointer vers l’extérieur. Les canaux galactophores sont trop courts ou s’enroulent sur eux-mêmes et tirent le mamelon vers l’intérieur. Certains ne poseront pas de problème particulier lors de l’allaitement, car ils deviennent érectiles après être doucement pincés ou mis en contact avec du froid, comme un glaçon par exemple (enveloppé dans un tissu pour éviter une brûlure). D’autres resteront ombiliqués, dans ces cas-là plusieurs aides peuvent être apportées pour soutenir l’allaitement.
Le mamelon ombiliqué est d’origine congénitale la plupart du temps. Il peut le devenir à la suite d’ une infection, d’un traumatisme ou d’une chirurgie. Si votre mamelon qui était normal se rétracte, change de forme ou devient ombiliqué, consultez rapidement votre médecin. Cela peut être entre autres une galactophorite (inflammation d’un ou plusieurs canaux galactophores), une tumeur cancéreuse …Attention, il ne faut pas se fier à la forme de son mamelon. C’est plutôt l’élasticité du sein et de l’aréole qui sera déterminante pour une bonne prise au sein.
2. Une prise en charge pendant la grossesse ?
Il n’y a aucune préparation des mamelons à faire pendant la grossesse. Les exercices d’étirement de type Hoffmann seraient inefficaces et les coupelles forme-mamelons (appelées aussi boucliers) seraient même contre productives d’après deux études. Les mères ayant des mamelons rétractés ou peu extensibles et qui ont eu une préparation avec des coupelles, allaitent moins longtemps que celles qui n’ont eu aucune préparation. Pour celles qui ont fait des exercices d’Hoffmann, aucune différence n’a été constatée en matière d’allaitement par rapport aux autres.
Si une future mère a un doute, il vaut mieux qu’elle consulte dès sa grossesse une consultante en lactation IBCLC. Cette consultante va évaluer l’élasticité du sein, de l’aréole et du mamelon. La texture de l’aréole joue un rôle encore plus important que la forme du mamelon. La consultante adaptera ses conseils suite à cette évaluation.
3. Les problématiques :
Quand un mamelon est plat ou ombiliqué, le bébé peut avoir des difficultés quand il tète à amener le mamelon jusqu’au fond de son palais. Le bébé peut ne pas arriver à garder le sein en bouche car le mamelon n’arrive pas jusqu’au fond du palais à sa partie molle, et ne peut pas déclencher le réflexe de succion.
Au contraire ce mamelon peut n’arriver qu’à la partie dure du palais, ce qui parfois déclenche le réflexe de protrusion (déplacement pathologique d’un organe vers l’avant) de la langue. Le bébé n’arrive pas à attraper le sein, à le garder en bouche, il peut le repousser avec sa langue.
Le bébé peut alors ne pas arriver à téter ou bien s’il y arrive, il peut ne pas arriver à étirer le mamelon suffisamment loin et le comprime contre le palais dur ce qui provoque des crevasses. Le sein est mal drainé, et la lactation s’ajuste à la baisse.
4. Les limites des bouts de seins :
L’usage des bouts de sein pour des mamelons plats ou ombiliqués doit être mûrement réfléchi, car ils peuvent clairement perturber l’apprentissage de la succion au sein, et provoquer une mauvaise stimulation. Au fil des mois, la maman peut se trouver avec une baisse de lactation avérée. De plus, il arrive fréquemment que les bébés n’arrivent alors à téter qu’avec des bouts de sein. C’est pourquoi seule une consultante IBCLC pourra les conseiller en fonction de l’élasticité du mamelon, de l’érectilité du sein, et/ou s’il y a des douleurs chez la mère.
5. Alternatives :
Les tétées des premières 24h sont très importantes, car le bébé a un réflexe de succion plus tonique, il y aura une meilleure prise au sein. Il vaut mieux garder les premiers jours le bébé contre soi « à la bonne adresse », comme dans l’approche du Biological Nurturing, et privilégier des tétées fréquentes pour qu’il perfectionne sa succion. C’est pour cette raison qu’une séparation à la naissance peut être particulièrement préjudiciable en cas de mamelon plat ou ombiliqué.
Selon l’élasticité du sein/aréole/mamelon, différentes techniques peuvent aider à faire ressortir les mamelons juste avant la mise au sein.
La stimulation tactile ou par le froid :
Beaucoup de mamelons dit plats ou ombiliqués deviennent érectiles après être doucement pincés ou après avoir été en contact avec du froid. Dans ces cas-là, cette stimulation suffit, la maman n’a pas besoin d’aide particulière pour allaiter.
D’autres mamans peuvent avoir un mamelon plus ombiliqué que l’autre. Si malgré tout ce qui a été mis en place, la prise au sein est difficile sur ce sein, il est toujours possible de n’allaiter qu’avec un seul sein.
L’importance d’une prise au sein optimale :
La prise au sein doit être la meilleure possible pour cette dyade mère/bébé. Il est recommandé de proposer le sein quand le bébé est calme, éveillé ou en semi-sommeil.
Mettez vous en position semi inclinée, le dos bien reposé. Détendez-vous et câlinez votre bébé son ventre contre votre ventre, faites le plein d’amour. Quand votre bébé voudra téter, il aura la possibilité de faire des mini mouvements avec sa tête pour prendre le sein de façon optimale. Vous pouvez essayer cette approche quand bébé est éveillé mais aussi quand il est en sommeil léger. Si cette approche s’avère infructueuse, vous pouvez tenter la position de la madone inversée ou du ballon de rugby et procéder à la prise asymétrique du sein.
L’assouplissement par contre pression :
Lors de la montée de lait, il peut y avoir quelques difficultés car le sein est plus tendu. On peut alors essayer un massage par contre pression pour diminuer l’œdème et assouplir la zone aréolaire. L’aréole sera alors plus étirable. Appuyez avec vos doigts doucement pendant une minute, en alternant les positions.
Technique du tacos :
Elle peut aussi être appelée “prise en sandwich”. Il s’agit d’aplatir le sein entre ses doigts comme un “tacos”, et de tenir jusqu’à ce que bébé soit bien accroché (de quelques secondes à quelques minutes).
Technique de la seringue inversée :
Choisissez une seringue de 5ml, 10ml ou plus en fonction de la taille de votre mamelon, le diamètre de la seringue doit être supérieur à celui du mamelon. Découpez la partie où l’on enfile la seringue, et introduisez-y le piston. Posez la seringue inversée sur le mamelon, et tirez doucement sur le piston. L’effet ventouse pourra être dosé par la maman, ce qui permettra d’éviter des douleurs, et d’étirer en douceur le mamelon.
Technique de la tasse de thé :
Pincez l’aréole au-dessus du mamelon pour prendre la peau entre les doigts sans prendre la glande mammaire, puis présentez le sein au bébé et tenir la peau pincée jusqu’à ce que bébé tienne bien au sein, entre quelques secondes à deux minutes. Cette technique qui est efficace, peut ne pas marcher en cas de sein tendu, ou de chirurgie avec incision aréolaire. Dans ces cas-là, essayez l’assouplissement en contre pression avant la technique de la tasse de thé.
Expression manuelle ou au tire-lait :
Il suffit de tirer son lait à la main, ou quelques minutes au tire-lait jusqu’à que le mamelon s’étire suffisamment. On peut aussi tirer le lait jusqu’à que le réflexe d’éjection arrive, puis mettre le bébé au sein. Le réflexe d’éjection va provoquer les réflexes de succion et de déglutition qui aideront le bébé à garder le sein en bouche.
L’usage du tire lait ne doit jamais être douloureux. S’il l’est, il convient de baisser l’intensité et/ou vérifier que la taille de chaque téterelle soit adaptée. Vous pouvez contacter une lact’aidante pour vérifier cela ensemble.
Voici une vidéo qui explique comment exprimer son lait manuellement :
Poire d’allaitement Latch Assist ou Niplette :
Les niplettes de chez Avent fonctionnent sur le même principe que la technique de la seringue inversée, mais certaines mamans rapportent que cela peut être douloureux. On privilégiera les poires d’allaitement Latch Assist de Lansinoh à la place ou la technique de la seringue inversée car la maman pourra mieux doser l’aspiration.
6. Une problématique complexe :
Les premières 24h, le bébé est censé avoir un réflexe de succion plus tonique, mais ce réflexe peut être potentiellement affaibli par un accouchement médicalisé. Le bébé peut avoir du mal à prendre le sein sans que ça soit réellement un problème de mamelon plat ou ombiliqué.
Le bébé peut ne pas arriver à prendre le sein les jours suivants, sans que ça soit un problème de mamelon plat ou ombiliqué. Le réflexe de succion est très fort à la naissance, puis “s’endort” pendant que le bébé récupère de la naissance. Ce phénomène est visible même avec des mamelons érectiles.
Des difficultés peuvent perdurer notamment si le bébé est prématuré et a une immaturité du nerf lié à la langue et la mâchoire. Mais aussi s’il a des freins restrictifs, ou des structures crâniennes serrées. Un suivi avec un kinésithérapeuthe, un ostéopathe ou un chiropracteur notamment formé en freins restrictifs peuvent améliorer l’ouverture de la mâchoire et la mobilité de la langue.
Il est d’autant plus important quand la maman a des mamelons plats ou ombiliqués de ne pas perturber la succion de bébé avec une sucette ou un biberon (voir notre article sur la confusion). Vous trouverez des contenants alternatifs dans notre article Donner le lait.
7. Allaiter après une chirurgie des mamelons ombiliqués :
La chirurgie des mamelons ombiliqués est avant tout esthétique, elle n’a pas pour objectif d’améliorer les chances d’allaiter.
Les chirurgiens peuvent recourir à deux techniques différentes. Soit une petite incision à la base du mamelon qui va sectionner les canaux galactophores et libérer le mamelon. Dans ce cas là, les chances d’allaitement sont extrêmement réduites. Soit une incision moins esthétique du mamelon à une partie de l’aréole. Les canaux devraient être moins touchés, mais la possibilité de pouvoir allaiter reste parfois compromise. Dans les cas de chirurgie des mamelons ombiliqués, un accompagnement avec une consultante certifiée IBCLC permettra de mettre toutes les chances de son côté.
Conclusion :
La forme de son mamelon n’est pas toujours corrélée à la réussite de l’allaitement. C’est plutôt l’élasticité du sein et de l’aréole qui sera déterminante pour une bonne prise au sein.
Un accompagnement qui prendra en compte la spécificité de la dyade mère bébé sera plus opportun pour aider à la mise en place de l’allaitement. Beaucoup de solutions peuvent être essayées avant d’en arriver à des bouts de sein.
Au cours de l’allaitement, des difficultés peuvent revenir temporairement en cas d’engorgement de la mère, ou de poussées dentaires du côté de bébé par exemple. Cependant, les mamelons devraient gagner en élasticité, les problèmes de prise au sein devraient diminuer le long de l’allaitement.
Audrey Bradfer
pour l’Allaitement Tout Un Art.
Sources :
Main Trial Collaborative Group. Preparing for breast feeding: treatment of inverted and nonprotractile nipples in pregnancy. Midwifery 1994;10(4):200-14.
lexander JM, Grant AM, Campbell MJ. Randomised controlled trial of breast shells and Hoffman’s exercises for inverted and nonprotractile nipples. BMJ 1992;304(6833):1030-2.
Renfrew MJ, Woolridge MW, McGill HR. Enabling women to breastfeed. A review of practices which promote or inhibit breastfeeding with evidence-based guidance for practice. London: The Stationery Office; 2000.
Last Updated: 29/04/2024 by Allaitement Tout Un Art
Chirurgies mammaires – masses – cancer
La chirurgie mammaire et l’allaitement sont-ils compatibles? Est-il possible d’allaiter malgré une chirurgie mammaire?
Nous allons répondre à ces questions en détaillant les cas des différentes chirurgies mammaires qu’elles soient d’ordre esthétique ou liées à une pathologie.
Retrouvez un visuel récapitulatif en fin d’article !
1. Anatomie du sein
Pour bien comprendre comment les chirurgies mammaires peuvent impacter une lactation, il faut comprendre comment elle se déroule.
Voici comment est composé le réseau lacté:
L’aréole et le mamelon possèdent de nombreux capteurs nerveux qui, sous la succion, transmettent l’information à l’hypothalamus qui lui-même transmet à l’hypophyse d’activer les hormones responsables de la production et de l’éjection lactée. Donc de la prolactine, un peu d’insuline et de cortisol (production) et de l’ocytocine (éjection). Ces capteurs nerveux sont reliés aux nerfs qui eux-mêmes suivent plusieurs chemins dans le sein, tout autour des glandes mammaires.
À l’intérieur du sein se trouvent les glandes mammaires qui sont constituées de lobes eux-mêmes constitués de lobules. Il y a 20 à 40 lobules par lobe et chaque lobule contient 10 à 100 alvéoles/acini où se déroule la production de lait.
Les capteurs nerveux envoient donc le signal aux hormones de produire et les lobules, abritant des cellules très bavardes, se dépêchent de produire le lait tout en contractant les membranes qui les entourent pour l’envoyer vers les canaux galactophores. Ces canaux prennent leur origine dans les alvéoles/acini et se dirigent, par un réseau complexe de ramifications, vers l’aréole et le mamelon (où ils se rejoignent) pour permettre au lait de s’extraire du sein.
Le mamelon, lui, possède ce qu’on nomme des pores galactophores, ces petits « trous » qui permettent de laisser sortir le lait ¹.
Lors d’une chirurgie mammaire il est possible que les canaux galactophores et les nerfs soient endommagés. C’est pourquoi elle est susceptible de perturber la conduite de l’allaitement.
2. Règle générale à toutes les chirurgies mammaires
Plus la chirurgie est susceptible d’approcher les canaux galactophores, les nerfs et les glandes mammaires, et plus il y a de risque que la lactation soit impactée. Pour toute chirurgie il est donc préférable d’avoir une incision la plus éloignée de l’aréole.
Le métabolisme de la femme est épatant. La mise en place et l’entretien du « réseau lacté » agit sous le joug d’hormones telles que l’œstrogène et la progestérone mais aussi de sa propre capacité de régénérescence cellulaire. Pendant la grossesse, ce réseau lacté se développe, puis involue à la fin de l’allaitement, mais cette involution n’est pas totale. Ainsi, les grossesses ainsi que le nombre d’années depuis la chirurgie mammaire peuvent jouer sur la reconstruction partielle ou totale de canaux galactophores potentiellement endommagés.
S’il y a des nerfs endommagés, il est possible qu’ils se régénèrent. Le nerf principal reliant la glande mammaire est le 4ème nerf intercostal ; ce dernier a des rameaux et ramifications qui se développent tout autour des glandes mammaires, suivant souvent le réseau artério-veineux. Si lors de la chirurgie ce 4ème nerf intercostal est touché, il est possible que ses rameaux et ramifications soient affectés.
Certains chirurgiens garantissent le bon fonctionnement des glandes mammaires malgré une incision péri-aréolaire. Il est impossible de le garantir. Même le plus précis et le plus doué des chirurgiens peut endommager ce réseau. Les canaux galactophores prennent base au niveau du mamelon et le réseaux nerveux a pour sommet le mamelon également. Autour de ce mamelon gravite donc une immense « toile » composée de canaux galactophores, de nerfs, d’artères et de veines et il est délicat d’y naviguer.
Afin de connaître l’impact d’une chirurgie sur ce « réseau lacté », il est possible de se fier à quelques signes avant l’accouchement.
Si l’aréole a été déplacée il y a de fortes chances pour que le réseau ait été endommagé, c’est une procédure très délicate. Et s’il y a perte de sensibilité, qu’il y ait déplacement ou non de l’aréole, il est possible que le réseau nerveux ait été endommagé. Par contre, il est impossible de savoir à quel degré tant que la lactation n’est pas établie.
C’est pourquoi, même la procédure de chirurgie la plus invasive n’entraînera pas forcément un mauvais fonctionnement des glandes mammaires.
Les variables sont larges. On ne peut savoir à l’avance si et comment le réseau a été endommagé. On ne peut pas savoir si et depuis combien de temps une potentielle régénérescence a eu lieu. Tout dépend du type de chirurgie et du métabolisme de la maman. Cet ensemble de points est vérifiable lors de l’accouchement et de la mise en place de la lactation.
C’est pourquoi il faudra toujours vérifier les paramètres d’un bon transfert de lait avant de se prononcer sur l’éventuelle mise en place d’un protocole d’allaitement. Protocole permettant un accompagnement dans le cadre d’une chirurgie mammaire qui aura été trop invasive pour allaiter exclusivement (point n°3).
Pour savoir si le transfert de lait est bon, il faudra se fier aux nombres de couches mouillées, aux selles (et au départ, l’évacuation du méconium) et à la prise de poids.
Il est recommandé de vous faire accompagner par une consultante en lactation certifiée IBCLC et/ou une association formée en allaitement.
3. Protocole pour accompagner l’allaitement en cas de chirurgie mammaire invasive
Les protocoles décrits ci-dessous doivent se faire sous l’accompagnement d’un professionnel formé en allaitement, tel qu’une consultante en lactation certifiée IBCLC ou tout autre professionnel sérieusement formé en allaitement.
Si la chirurgie mammaire ne permet pas un allaitement exclusif il sera possible pour la maman de mettre en place un protocole de stimulation et de compléments à donner au bébé sans risque de perturbation/modification de succion.
Dans ce cas précis, il est conseillé à la mère de pratiquer le tirage avec un tire lait à double pompage de qualité hospitalière dès l’accouchement. Le nombre de tirages peut être ajusté en fonction du métabolisme de la maman et de sa production lactée.
Si la production est, dès le départ, peu conséquente, il pourra être nécessaire de tirer le lait après chaque tétée. La maman pourra continuer à tirer son lait aux 3h du jour et de la nuit dans un 1er temps.
Par la suite, il faudra surveiller la conséquence de ces tirages sur la production lactée, vérifier que le sein soit bien drainé par le bébé (donc vérifier également la prise au sein du bébé), afin d’éviter les engorgements potentiels.
Si le sein n’arrive pas à être drainé malgré la bonne succion du bébé, il faudra ajuster cette production excessive en réduisant le nombre de tirages.
Ces tirages doivent être ajustés pour que la lactation soit optimale, ni trop stimulée, ni pas assez. Dans un cas comme dans l’autre la surveillance doit rester accrue afin d’ajuster le protocole en fonction du métabolisme de la maman.
Le bébé pourra avoir besoin de compléments si la mise en place d’un allaitement exclusif n’est pas possible. Dans ce cas, il sera possible de compléter le bébé avec le lait que la mère aura tiré, et/ou aux PCN si les tirages n’étaient pas suffisants.
Il est vivement recommandé d’utiliser le DAL au sein afin de ne pas perturber la succion du bébé dans cet allaitement déjà fragile mais également afin de stimuler la production lactée par la succion de bébé.
Vous pouvez retrouver ici nos kits DAL.
4. Augmentation mammaire
L’augmentation mammaire consiste à intégrer des prothèses mammaires, le plus souvent il s’agit d’implants pré-remplis en gel silicone, mais ils peuvent l’être aussi au sérum physiologique ou plus rarement à l’hydrogel. Il existe les implants gonflables au sérum physiologique mais de moins en moins utilisés car ils peuvent se dégonfler brusquement et donner des plis avec un aspect moins naturel². Les implants pré-remplis en gel silicone ne sont pas contre indiqués pour l’allaitement, car « la sécurité des implants en silicone sur la santé des nourrissons est évoquée et semble sans danger » d’après la source de Hurst N- Breastfeeding after breast augmentation de 2003 ³. Il n’y a aucune donnée concernant ceux à l’hydrogel (composé de carboxy-methyl-cellulose).
Il existe 3 sortes d’incisions pour le placement des implants.
C’est l’incision la plus couramment pratiquée du fait de sa discrète cicatrice.
Le placement de la prothèse peut se faire en sous pectoral (sous le muscle), ou sur pectoral (entre les glandes mammaires et le muscle) ou en dual plan (ou bi-plan) avec la moitié inférieure de l’implant mammaire entre le muscle et la glande et la moitié supérieure de l’implant derrière le muscle pectoral.
Évidemment lors de ce type de chirurgie il est préférable de ne pas avoir d’incision péri-aréolaire ni de prothèses placées sur le muscle. En effet, cette dernière placée entre le muscle et les glandes mammaires peut comprimer ces glandes et créer de nombreux engorgements et mastites. De plus, il est possible qu’une coque se crée autour de la prothèse et accentue encore cette compression en risquant d’atrophier les glandes mammaires.
Dans ce cas là, il faudra rester vigilant à ces engorgements potentiels.
Si l’incision est en péri-aréolaire il faudra être attentif lors de la mise en place de la lactation (voir points n°2 et n°3).
Selon certaines méta-analyses, les participantes avec des implants mammaires peuvent avoir des difficultés d’allaitement, en particulier pour mettre en place un allaitement exclusif ⁶. Cependant l’incision péri-aréolaire ne semble pas réduire le taux d’allaitement exclusif ⁷.
Selon une étude retrospective une femme a 75% de chance d’allaiter quels que soient le type et le volume de l’implant. La probabilité est de 82% avec des implants rétromusculaires (sous le muscle pectoral) et 17% avec des implants rétroglandulaires (entre les glandes mammaires et le muscle pectoral) ⁸.
Cependant, cette étude unique, rétrospective est à contrebalancer avec les méta-analyses ayant normalement un niveau de preuves plus élevé .
Si vous rencontrez des difficultés d’allaitement, veuillez vous référer au point n°3.
5. Hypotrophie / Aplasie / Hypoplasie mammaire
Il est possible qu’une chirurgie d’augmentation mammaire puisse cacher des signes d’aplasie ou d’hypoplasie mammaire.
L’hypotrophie est un manque de développement du sein, par rapport à la morphologie de la femme et n’impactant pas forcément les glandes mammaires.
L’hypoplasie mammaire est un développement anormalement petit des glandes mammaires.
L’aplasie mammaire est par définition l’absence de poitrine chez la femme et peut donner lieu à un développement anormal des glandes mammaires.
L’aplasie et l’hypoplasie mammaire peuvent se déclarer à la puberté ou apparaître plus tard avec une diminution de la poitrine. Elles trouvent pour causes un syndrome génétique, la maladie de Poland ou l’intoxication chimique ou médicamenteuse de l’embryon⁸. Dans ce dernier cas il s’agit d’une agénésie mammaire ( arrêt partiel de développement d’un organe, d’un tissu au stade embryonnaire, provoquant certaines atrophies ou anomalies, qui est définie par l’arrêt partiel du développement de l’organe / tissu au stade embryonnaire provoquant une atrophie / anomalie).
Pour l’aplasie mammaire le diagnostic est rapide au vu de l’absence de poitrine. Afin de définir si l’aplasie est bien liée à une diminution des glandes mammaires il faudra surveiller la bonne mise en place lors de l’allaitement (point n°2 et n°3).
Pour l’hypoplasie mammaire l’examen se fait aussi visuellement. L’hypoplasie mammaire peut être autant sur des seins grands que petits, il s’agira plutôt de regarder la forme du sein et de l’asymétrie
Le praticien formé pourra regarder différents points tels que:
Évidemment des femmes pouvant présenter différents signes énoncés au dessus n’auront pas forcément de problèmes pour allaiter ¹⁰.
Il conviendra toujours, lors de la grossesse, de se préparer à cette éventualité sans écarter la possibilité d’allaiter qu’il s’agisse d’un allaitement exclusif ou partiel.
6. Réduction mammaire / Hypertrophie mammaire
La réduction mammaire consiste à enlever une partie de la graisse et du tissu mammaire afin de réduire le volume de la poitrine.
Le chirurgien commence généralement par le côté profond de la glande au plus près du muscle pectoral ; la quantité de graisse enlevée varie selon l’âge ¹¹.
L’incision se fait en 3 cicatrices. Une péri-aréolaire, une verticale sous le sein et une à l’horizontale à la base du sein, ce qui forme une cicatrice en « T » inversé ou ancre marine.
L’aréole pourra potentiellement être détachée et déplacée en fonction de la quantité de tissu enlevé. Dans ce cas, il est évident que l’aréole ayant été déplacée, les canaux galactophores pourront être largement endommagés. Il faudra se fier à la sensibilité de l’aréole et compter sur les capacités régénératrices du corps pour pouvoir potentiellement allaiter.
Il existe une revue systémique ⁶ regroupant de nombreuses études et qui donne cette conclusion:
Les techniques qui maintiennent intacte la colonne du parenchyme mammaire sous-aréolaire (tissu fonctionnel de l’organe glandulaire) semblent offrir de meilleures chances d’allaiter.
La conclusion s’accorde à dire que les femmes souhaitant se faire opérer devraient être informées du nom de la technique de réduction mammaire proposée mais aussi de ses caractéristiques. Y compris dans la mesure où le parenchyme sous-aréolaire sera préservé, ainsi que la largeur du pédicule ⁶.
Donc on peut conclure également que plus une part importante de tissu est enlevée et plus le risque d’abîmer les canaux et les nerfs est élevé. Et si l’aréole est déplacée l’allaitement peut être davantage compromis. Il en est de même si le mamelon a été greffé selon la technique de Thorek ou s’il y a complication post-opératoire avec perte du mamelon par nécrose ³.
En cas de difficulté d’allaitement se référer aux points n°2 et n°3.
7. Ptôse mammaire
La ptôse mammaire est définie par un affaissement des glandes mammaires vers la partie inférieure des seins, et une distension de la peau qui l’enveloppe.
Elle peut être due à une perte de poids fulgurante ou une hypertrophie mammaire, et parfois après un sevrage de l’allaitement maternel.
Il y a différentes types de ptôse qui donneront lieu à des prises en charges différentes:
Elle consiste à tendre le tissu et à enlever une partie, potentiellement remonter l’aréole. Il s’agit d’un lifting mammaire, une mastopexie.
En fonction des différents types de ptôses, les incisions seront différentes.
Une ronde autour de l’aréole mais qui peut être raccourcie voire supprimée, et une à la verticale sous l’aréole entre le bas de l’aréole et sous le pli du sein
Une ronde autour de l’aréole, une verticale sous l’aréole entre le bas de l’aréole et sous le pli du sein et une horizontale plus ou moins arrondie sous le sillon mammaire
En cas de ptôse légère ou modérée il est apparemment possible de ne pas avoir de cicatrice péri-aréolaire, il sera nécessaire d’en discuter avec votre chirurgien afin de préserver au maximum l’intégrité de vos canaux galactophores et nerfs.
En cas de chirurgie déjà effectuée associée à des difficultés d’allaitement, se référer aux points n°2 et n°3.
L’allaitement ne provoque pas de ptôse mammaire. Un ensemble de facteurs peut participer au relâchement des tissus.
Une étude de 2008 conclut que la ptôse mammaire est susceptible d’augmenter avec le nombre de grossesses mais que l’allaitement ne semble pas aggraver ces effets ¹⁴.
Une revue datant de 2013, reprenant les travaux de 3 études, affirme que les changements mammaires sont causés par la grossesse et que l’allaitement n’était pas un facteur de risque significatif dans la ptôse ¹⁵.
Enfin une dernière étude datant de 2017 a établi que la ptôse mammaire était associée à l’augmentation de l’IMC de la femme, le statut post-menauposique, et la durée de l’allaitement (plus de 6 mois) ¹⁶. Cependant la durée de l’allaitement maternel ne peut pas être le seul facteur aggravant de ptôse mammaire, les éléments de cette étude ne pouvant pas être dissociés.
8. Chirurgie des mamelons ombiliqués / invaginés
Les mamelons ombiliqués / invaginés sont une malformation congénitale apparaissant généralement vers la puberté. Il s’agit d’un défaut de saillie du mamelon qui est retenue à l’intérieur de l’aréole par des brides rétractiles qui le retiennent en profondeur et l’empêchent de s’extérioriser ¹⁷.
Lorsque les mamelons ombiliqués / invaginés ne peuvent pas être ressortis par des méthodes d’extraction classique manuelle ou à l’aide d’ustensiles (lien article Audrey), l’opération peut parfois sembler nécessaire pour des raisons d’hygiène (macération) et d’esthétique.
Attention si vos mamelons venaient à se rétracter il sera important de les faire vérifier par un professionnel de santé, car cela peut être un signe avant-coureur de galactophorite (cf: chapitre 9, section « cas d’abcès péri-aréolaire) voire de cancer, bien que ce signe à lui seul ne fasse pas office de diagnostic. Toute masse pouvant provoquer une inflammation des sinus galactophores peut provoquer une invagination des mamelons également.
Dans ce cas il existe 2 méthodes.
La 1ere est particulièrement invasive et compromet l’allaitement de façon inévitable. Elle est choisie pour son aspect esthétique car la cicatrice est réduite. Le mamelon est tenu par un fil de traction qui permet de le faire ressortir. Une incision de 2mm est faite pour permettre de sectionner tous les canaux galactophores qui retiennent le mamelon en profondeur. Enfin, un point profond est effectué avec du fil résorbable pour maintenir le mamelon en position de saillie extérieure.
La 2eme est moins invasive et théoriquement non nuisible pour l’allaitement mais avec une cicatrice plus étendue.
Le mamelon est tenu par deux fils de traction qui permettent de le faire ressortir. Une incision est effectuée entre les deux fils au milieu du mamelon et de l’aréole, de façon verticale sur toute la hauteur, parallèlement aux canaux galactophores qui ne sont ainsi pas sectionnés. Les deux parties de l’aréole et du mamelon vont être alors adossées par des sutures maintenant le mamelon en position d’extériorisation. Les sutures sont réalisées avec des fils résorbables ¹⁷.
La 1ere technique est très invasive et laisse peu de chances à un allaitement même partiel. Bien que le corps puisse avoir de fortes capacités de régénérescence et de reconstruction, il sera nécessaire d’être très attentif à la mise en place de l’allaitement. Si les canaux se reconstituent, même partiellement, la maman pourra être sujette à de nombreux engorgements et une grande difficulté à allaiter.
La 2ème technique semble être garantie par le chirurgien comme préservant l’intégrité des canaux galactophores et par ce fait l’allaitement. Or, une incision au niveau de l’aréole n’est pas sans risques pour les capteurs nerveux situés sur l’aréole et une incision entre 2 fils de traction ne garantit pas qu’un ou plusieurs canaux galactophores ne soient endommagés. De plus, une chirurgie de l’aréole peut diminuer l’élasticité de cette dernière et compromettre la mise au sein
Il sera donc nécessaire d’être prudent lors de la mise en place de l’allaitement et de se référer aux points n°2 et n°3 en cas de difficultés.
( Cas exceptionnel dû à la galactophorite ectasiante dont l’opération des mamelons rétractés peut être associée à une ponction d’un abcès en zone péri-aréolaire, se référer au n°9)
9. Les masses
a) Abcès sur sein lactant
L’abcès purulent peut apparaître généralement à la suite de mastites puerpérales (survenant pendant l’allaitement) mal soignées et/ou récidivantes. Un abcès peut se former dans les glandes mammaires ou au niveau du tissu glandulaire.
Les abcès ont souvent pour germe le staphylocoque aureus (doré) mais aussi les streptocoques, les anaérobes (B. fragilis, Peptostreptococcus) et les entérobactéries ¹⁹.
La piste de l’abcès pourra être évaluée en cas de masse rouge, dure et douloureuse persistante en dépit du traitement adéquat.
Il pourra être diagnostiqué grâce à une échographie ²².
Le traitement consiste en un drainage de l’abcès associé à une antibiothérapie par voie générale Les traitements proposés sont tous compatibles avec l’allaitement.
Il sera toujours préconisé en 1ère intention une ponction par aspiration échoguidée. C’est-à-dire qu’une ponction sera réalisée sous échographie afin d’être la plus précise possible avec une irrigation d’une solution isotonique.
Si la ponction ne s’avère pas suffisante il pourra être réalisé plusieurs autres ponctions. Dans ce cas, la pose d’un drain pourra être nécessaire afin de permettre plusieurs ponctions plus facilement et avec moins de gêne pour la patiente.
Pour un abcès de plus de 3cm le drain sera automatiquement posé.
Ce traitement se fait en ambulatoire, il ne nécessite aucune hospitalisation ni arrêt de l’allaitement. Au contraire, le drainage des seins sera conseillé en parallèle de la ponction pour éviter une aggravation de l’abcès ou une récidive. De plus, le lait pouvant s’écouler par le trou de la ponction pourra participer à la bonne cicatrisation grâce aux propriétés bactéricides et antifongiques du lait maternel.
Le taux de succès varie de 82% à 91%.
Le pus, ou le liquide, aspiré pourra être mis en culture pour déterminer le germe et sa résistance afin d’adapter l’antibiothérapie ²².
La seule contre-indication d’allaitement avec une ponction par aspiration échoguidée est s’il y a cloisonnement de l’abcès nécessitant d’ajouter au liquide de rinçage de l’acide hyaluronique, qui est contre-indiqué avec l’allaitement d’après la revue ¹⁸. Dans ce cas, le lait maternel devra être tiré au tire-lait et ne pas être consommé (il peut être utilisé pour un usage non alimentaire).
L’acide hyaluronique est normalement déclaré compatible avec l’allaitement d’après e-lactancia, du fait de son poids moléculaire élevé, l’absorption dans le plasma du nourrisson à partir du lait maternel ingéré semble peu probable ²⁰.
Mais il n’y a aucune étude de son usage associé au liquide de rinçage lors du traitement d’un abcès et si près des glandes mammaires. Il est donc impossible d’affirmer en toute sécurité qu’il est possible d’allaiter. Cependant sa demi-vie étant inférieure à 24h dans la peau et 3 à 5 min dans la circulation ²¹, il sera possible d’allaiter après 24h.
Enfin si les ponctions ne suffisent pas à résorber l’abcès il sera nécessaire de recourir à la chirurgie.
Dans ce cas, il sera nécessaire d’opérer sous anesthésie générale, qui ne nécessite pas un arrêt de l’allaitement ³⁶, la mère pourra allaiter dès le réveil.
L’incision se fera sur le sein, il faudra effondrer les logettes aux doigts, prélever et évacuer le pus. Il sera préférable d’inciser en suivant les lignes de la peau, et éviter les incisions radiaires ou autour du mamelon pour éviter d’abîmer les canaux galactophores.
La cavité de la biopsie sera rincée quotidiennement et la cicatrisation se fera en 3 semaines environ. L’antibiothérapie sera poursuivie 5 jours après la chirurgie ¹⁸.
Quel que soit le traitement de l’abcès, par antibiotiques, ponction par aspiration échoguidée ou par chirurgie, l’allaitement peut être poursuivi tant que la zone infectée n’est pas en contact avec la bouche du bébé ²².
Si l’abcès est placé sur le sein et qu’il nécessite une chirurgie à cause d’échecs des ponctions, une incision sur le sein est possible.
Seuls les abcès situés sur l’aréole peuvent nécessiter une incision péri-aréolaire ou autour du mamelon. Dans ce cas, les risques d’abîmer les canaux galactophores et les nerfs sont accrus. Il sera donc nécessaire de se référer aux points n°2 et n°3 en cas de difficulté d’allaitement.
Aucune incision péri-aréolaire n’est nécessaire en cas d’abcès situé sur le sein, en dehors de la zone aréolaire. Si cette prise en charge vous est proposée en 1ère intention (pas de proposition de ponction par aspiration échoguidée), ou en 2ème intention (après échec des ponctions) alors que l’abcès est situé en dehors de la zone aréolaire, il sera nécessaire de solliciter un second avis médical. La prise en charge des abcès sur un sein lactant est importante pour la bonne conduite de l’allaitement en cours et de ceux à venir. Une prise en charge mal effectuée, peut impacter la lactation actuelle et à venir, d’où l’importance de solliciter plusieurs avis si les procédures énoncées ci-dessus n’étaient pas respectées.
Les mastites non puerpérales seront plutôt des mastites péricanalaire avec une inflammation bénigne des canaux péri-aréolaire chez les femmes en âge de procréer. le tabagisme étant un facteur important. Elle toucherait 5% à 9% des femmes dans le monde. Le diagnostic est posé par un professionnel de santé qui pourra pratiquer une culture pour identifier l’organisme associé à cette mammite et une échographie peut être proposée en cas de masse mammaire ou de risque de malignité. Le stade précédant la mastite non puerpérale est une inflammation des canaux galactophores à la base du mamelon. Dans un premier temps, les canaux galactophores sous la plaque aréolaire sont dilatés et sollicités par les sécrétions, on parle alors de galactophorite canalaire simple. Lorsque les parois des canaux dilatés s’épaississent, s’ensuit des réactions impliquant un raccourcissement des canaux entraînant une rétraction mamelonnaire, on parle alors de galactophorite ectasiante. Il peut être accompagné d’écoulement jaunâtre ou brunâtre de façon intermittente. À ce stade, aucun traitement n’est proposé car l’affection est muette. Cette affection peut atteindre les lobules et dans les cas les plus graves peut nécessiter une mastectomie partielle. Le stade suivant la galactophorite ectasiante, par la stase persistante des sécrétions sera la mastite à plasmocytes. Les régressions et les récidives peuvent se succéder, de façon variable selon les femmes. À ce stade un traitement par anti-inflammatoire, l’antibiothérapie ne sera utile qu’en cas de surinfection. Les mastites granulomateuses restent des cas rares, et qui peuvent cliniquement imiter le cancer du sein, et peuvent atteindre des femmes dans les 5 ans suivant l’accouchement. Les causes restent encore à l’état de suppositions. Elles peuvent être liées à des maladies auto-immunes, des traumatismes, l’allaitement, l’utilisation de pilules contraceptives orales et l’hyperprolactinémie, et à une association avec Corynebacterium. Le diagnostic est posé par un professionnel de santé qui pourra relever les taux de prolactine et proposer une biopsie afin de savoir s’il s’agit d’une mammite granulomateuse ou d’une tumeur maligne du sein car l’échographie ne peuvent permettre d’effectuer cette distinction.
La galactophorite ectasiante et sa forme aggravé sous forme de mastites (à plasmocytes ou granulomateuses) peut donner lieu à un abcès associé qui est souvent observé chez 58% à 100% de femmes fumeuses (alors que la prévalence du tabagisme chez la femme est de 30%). Lors de la prise en charge, un arrêt du tabac est fortement conseillé. Avant la prise en charge chirurgicale plusieurs solutions peuvent être proposées en fonction du stade de la galactophorite. Tout d’abord une attente si la galactophorite est canalaire ou sécrétante, car elle ne nécessite pas de traitement. Puis, sous avis médical, par la prise d’anti inflammatoires en cas de mastite inflammatoire précédant l’abcès. L’antibiothérapie ne sera proposée qu’en cas de surinfection. En cas d’abcès il sera nécessaire de pratiquer une ponction par aspiration échoguidée. Dans un tiers des cas la ponction voire l’incision sera nécessaire. Malheureusement il sera parfois nécessaire, après traitement de l’infection, de pratiquer une excision de l’appareil galactophorique, en passant par de larges lésions, qui correspond à une mastectomie partielle. Cette chirurgie sera associée à une chirurgie d’inversion mamelonnaire. Dans ce cas l’allaitement peut être difficilement envisagé. Se référer aux points n°2 et n°3 liés aux difficultés d’allaitement.
b) Les différentes masses mammaires bénignes ou suspectes
Le kyste mammaire est un sac rempli de liquide qui se forme dans les tissus du sein . C’est le type le plus courant de masse non cancéreuse ou bénigne chez la femme de 35 à 50 ans. Ils sont rarement cancéreux et ne font pas augmenter le risque de cancer du sein. Le kyste est mou et lisse au toucher et se déplace facilement avec les doigts. Ils peuvent évoluer ou réduire en taille selon le cycle menstruel. Certains kystes sont si petits qu’ils ne sont pas palpables ²³.
Les kystes disparaissent généralement sans traitement. Si ce n’est pas le cas, il pourra être traité à l’aiguille fine (BAF) par biopsie pour drainer le liquide. S’il y a du sang dans le liquide, les médecins pourront l’enlever par chirurgie, ou si le kyste est très gros et douloureux. La chirurgie appliquée en ce cas pour sein lactant pourra être la même appliquée que pour l’abcès mammaire.
Le galactocèle a la même définition que le kyste mammaire sauf que le liquide est dû au lait maternel. Il est rarement douloureux sauf s’il grossit rapidement. Il ne devrait pas être traité par ponction par aspiration échoguidée sauf si c’était nécessaire ²⁴ (évolution rapide de la taille, douleur associée et galactocèle récidivant). En général le galactocèle, s’il n’est pas douloureux, est laissé le temps de l’allaitement car il devrait s’assécher après la fin de l’allaitement.
L’adénofibrome ou fibroadénome est une masse bénigne de tissu fibreux et de tissu glandulaire qui se développe dans le sein. Les raisons de cette masse sont peu connues mais elle pourrait être liée à une sensibilité aux œstrogènes dans une région du sein. Il n’est pas lié aux cycles menstruels mais peut grossir lors d’une grossesse ou d’un allaitement. Il a les mêmes caractéristiques que le kyste mammaire (masse mobile, roule sous les doigts) ²⁵.
Une biopsie peut être pratiquée mais ne nécessite pas d’arrêt de l’allaitement maternel. Si une opération devait être pratiquée sous anesthésie locale ou générale, seules les conditions liées aux produits utilisés devraient être prises en compte pour un arrêt partiel de l’allaitement (en fonction de la durée de vie du produit vis-à-vis de leur excrétion dans le lait maternel). Les anesthésiques locaux ne nécessitent pas un arrêt de l’allaitement maternel ²⁶, et les anesthésiques utilisés pour une anesthésie générale non plus ²². Il sera possible de vérifier la compatibilité des antalgiques sur les sites référents tels que le crat ou e-lactancia.
Les tumeurs phyllodes ont les mêmes caractéristiques que l’adénofibrome mais peuvent évoluer vers la malignité. Dans ce cas une excision sera nécessaire pour écarter toute piste de tumeurs malignes ²⁸.
L’adénome lactant est une masse indolore généralement observée chez la femme enceinte et allaitante, qui peut grossir et involuer rapidement après l’arrêt de l’allaitement.
Il pourra être nécessaire d’effectuer une biopsie ²⁸.
Le phlegmon est une masse sensible, voire douloureuse qui résulte d’une accumulation de liquide due à une obstruction et d’une inflammation avec ou sans infection. Souvent associé à un antécédent de mastite ou mastite en cours. Elle sera identifiable par imagerie et devra subir une biopsie afin d’éliminer la piste d’une tumeur maligne ²⁸.
Les chirurgies mammaires, même considérées comme moins invasives, devraient néanmoins être évitées autant que possible durant la durée de l’allaitement sauf nécessité absolue. En effet, toute chirurgie comporte des risques infectieux pouvant potentiellement nuire à la bonne conduite de la lactation ²⁴.
c) Biopsie des masses suspectes de malignité
Comme vu précédemment les masses trouvées dans le sein par imagerie, qu’elles soient associées à des antécédents de mastites ou mastites en cours, ou non associées, peuvent donner lieu à une biopsie.
Il s’agit d’un prélèvement de tissu dans la masse et d’études des cellules afin de définir si ces dernières sont cancéreuses.
La biopsie peut s’effectuer en:
La micro et macrobiopsie se fait sous anesthésie locale de façon échoguidée ou stéréotaxique (sous mammographie) ²⁹, la suite de la biopsie ne nécessite pas d’antibiotiques autre qu’un antalgique dont nombreux sont compatibles avec l’allaitement. Ces biopsies ne nécessitent donc aucun arrêt de l’allaitement.
10. Cancer du sein – Mastectomie / Mammectomie
Les diagnostics des cancers du sein sont basés sur l’histologie (qui traite toute la structure des tissus vivants), leur prise en charge est multidisciplinaire, complexe et adaptée à chaque patiente ²⁸.
Si la biopsie devait révéler une tumeur cancéreuse demandant une ablation totale ou partielle du sein il sera nécessaire de procéder à un arrêt de l’allaitement.
Tout d’abord ces démarches s’inscrivent dans une prise en charge pluridisciplinaire qui nécessite des traitements non compatibles avec l’allaitement.
La chimiothérapie n’est pas compatible avec l’allaitement. Les produits utilisés sont toxiques, faits pour tuer les cellules cancéreuses puis seront excrétés dans le lait maternel.
L’hormonothérapie n’est pas compatible avec l’allaitement, le tamoxifène et le trastuzumab sont excrétés dans le lait maternel et sont souvent prescrits sur une longue période.
Combattre un cancer est intense émotionnellement et physiquement, il faudra toutes les forces nécessaires à la patiente et l’allaitement ne sera pas la priorité dans cet accompagnement. Il ne faut pas oublier que la maternité ne se résume pas à l’allaitement. Si vous êtes atteinte d’un cancer du sein, l’essentiel est de prendre soin de vous, avant tout, pour pouvoir prendre soin de votre bébé. Nous verrons, par la suite, dans quel cas l’allaitement peut-être repris, selon vos envies.
Elle consiste à retirer la tumeur avec une marge de sécurité en préservant le volume et la forme du sein. On parle aussi de tumorectomie. Elle s’associe à un remodelage de la glande afin d’éviter des déformations post opératoires.
Cette intervention s’intègre dans un programme de traitement pluridisciplinaire : chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie ³⁰.
Elle est pratiquée si la tumeur est trop volumineuse par rapport à la taille du sein pour envisager une chirurgie conservatrice et que la chimiothérapie et/ou hormonothérapie n’aurait pas suffit à réduire son volume. Elle peut également se pratiquer si la tumeur ou l’endroit où elle se trouve ne peut pas donner lieu à une chirurgie conservatrice ou si les tumeurs sont nombreuses sur le même sein.
Le chirurgien enlève le sein, le mamelon et le revêtement des muscles du thorax (fascia pectoral). Il laisse en place les ganglions lymphatiques, les nerfs et les muscles du thorax ³¹.
La procédure est identique à la mastectomie totale sauf que le chirurgien enlève aussi les ganglions lymphatiques de l’aisselle afin qu’ils soient analysés, permettant d’aider à relever le degré d’extension du cancer du sein.
En cas de mastectomie partielle ou totale/radicale modifiée sur un seul sein, l’allaitement pourra être poursuivi sur le sein controlatéral (non atteint par le cancer / non opéré).
En cas de mastectomie totale ou radicale modifiée malheureusement l’allaitement ne sera pas possible sur le sein opéré.
En cas de mastectomie partielle sur un sein et volonté d’allaiter sur ce sein, la bonne intégrité des glandes mammaires pourra être compromise en fonction de la quantité de tissu retirée. De plus, la reconstruction du mamelon peut poser des problèmes de prise au sein, et le confort de la mère post-opératoire devra aussi être pris en compte ³².
En cas de mastectomie partielle sur les 2 seins, l’allaitement peut être essayé mais devra être correctement suivi par un professionnel de santé formé en allaitement. Se référer aux points n°2 et n°3. La bonne garantie d’un allaitement, même partiel, n’est pas assurée.
L’allaitement peut être compromis dû à la fibrose des tissus pouvant entraver la production lactée. De plus, l’aspect et la texture du mamelon peuvent potentiellement rendre la tétée difficile pour le bébé.
Mais chaque cancer est unique et l’allaitement n’est pas proscrit. Il peut être pratiqué de façon sécuritaire, il serait même bénéfique puisqu’il rentre dans la prévention du cancer du sein. Il faudra juste prendre en compte que certaines difficultés peuvent se poser, notamment lorsque le recours à une thérapie agressive a durablement altéré l’aspect et/ou le fonctionnement du sein ³².
Néanmoins certains praticiens peuvent déconseiller la reprise de l’allaitement et/ou un sevrage de quelques mois en cas de forts risques de cancer récidivant. En effet, l’allaitement peut rendre difficile la lecture des mammographies et échographies de contrôle ³².
Tout ceci reste à discuter avec le praticien au vu des éléments donnés ci-dessus.
11. Piercing au mamelon
Le piercing n’est pas censé nuire à l’intégrité des canaux galactophores situés sous la base du mamelon du fait de l’insertion superficielle de la barre sur ce mamelon. Mais il peut arriver dans certains cas que des canaux puissent être néanmoins endommagés.
Ceci dit, le mamelon étant soumis à de nombreuses variations de taille, il est conseillé de mettre une barre plus grande et souple du style Téflon le temps de l’allaitement, et de le retirer à chaque tétée. Le mamelon s’étire jusqu’à 2.5 fois dans la bouche du bébé, le piercing pourrait potentiellement devenir inflammatoire et créer des douleurs, inconforts et difficultés d’allaitement. De plus, il peut entraver la bonne succion du bébé et créer des risques d’étouffement.
Certaines mamans insèrent un bijou temporaire entre les tétées, appelé dispositif de retenue, permettant de garder le trou ouvert entre les tétées ³⁴.
Du lait pourra s’écouler du trou du piercing ce qui ne pose pas de problème avec l’allaitement.
Le risque de canaux obstrués, de mammite et d’abcès est majoré avec un piercing ³³. Une perte de sensibilité ou une sensibilité accrue peuvent être aussi observées. Le piercing peut être associé à un REF ou à une production faible du lait ³⁴.
Les piercings au sein peuvent donner lieu à des difficultés lors de l’allaitement.
Il est déconseillé de se faire percer durant la grossesse et le piercing devra être retiré aux 6 mois de la grossesse pour éviter un risque de stimulation et de contractions prématurées. Il est déconseillé de se faire percer durant l’allaitement, il est préconisé d’attendre 3 mois minimum après le sevrage avant d’envisager un piercing au mamelon ³⁴.
Marina Boudey pour l’Allaitement Tout Un Art
¹ Anatomie de la glande mammaire- support de cours- université médicale virtuelle francophone- comité éditorial pédagogique de l’UVMaF de 2011
² Questions- réponses à destination des femmes porteuses d’implants mammaire- ministère des solidarités et de la santé de 2017
³ Allaitement maternel et chirurgie mammaire- COFAM de 2016
⁴ www.lachirurgieesthetique.org
⁵ www.docteur-picovski.com
⁶ The impact of cosmetic breast implants on breastfeeding: a systematic review and meta-analysis International breastfeeding – journal 9 (1), 1-8 de 2014
⁷ Do breast implants influence breastfeeding? A meta-analysis of comparative studies – Journal of human lactation 34 (3), 424-432 de 2018
⁸ Impact on Breastfeeding According to Implant Features in Breast Augmentation
A Multicentric Retrospective Study – Annals of plastic surgery 82 (1),11-14 de 2019
⁹ https://www.fiches-de-soins.eu/content/post.php?id=aplasie-mammaire
¹⁰ https://www.breastfeeding.asn.au/bfinfo/insufficient-glandular-tissue-breast-hypoplasia
¹¹ https://www.topsante.com/beaute-soins/medecine-esthetique/chirurgie-esthetique/reduction-mammaire-de-la-decision-a-l-operation-624803
¹² https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5648284/
¹³ https://www.crpce.com/corps/poitrine/ptose-mammaire
¹⁴ The effect of breastfeeding on breast aesthetics – Brian Ricker ane All, Aesthet surgery J, sept-oct de 2008
¹⁵ The Effect of Breastfeeding on Breast Ptosis Following Augmentation Mammaplasty – Plastic and reconstrutive surgery- volume 132 de oct 2013
¹⁶ A Prospective Study of Breast Anthropomorphic Measurements, Volume and Ptosis in 605 Asian Patients with Breast Cancer or Benign Breast Disease –
Nai-si Huang, Chen-lian Quan, Miao Mo, Jia-jian Chen, Ben-long Yang, Xiao-yan Huang, Jiong Wu- de 2017
¹⁷ https://www.docteurbenelli.com/chirurgie-esthetique/seins/mamelons-ombiliques.html
¹⁸ https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-268/Abces-du-sein-privilegier-la-ponction-aspiration-echoguidee#rb1
¹⁹
https://www.revmed.ch/RMS/2014/RMS-N-427/Infections-du-sein
²⁰ http://www.e-lactancia.org/breastfeeding/hyaluronic-acid/product/
²¹ https://biologiedelapeau.fr/spip.php?article62#:~:text=La%20demi%2Dvie%20de%20l,semaines%20au%20niveau%20des%20cartilages.
²² Protocole ABM #4 – de Mars 2014
²³ https://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/cancer-type/breast/breast-cancer/non-cancerous-conditions/breast-cysts/?region=on#:~:text=Le%20kyste%20mammaire%20est%20un,risque%20de%20cancer%20du%20sein.
²⁴ Jack Newman, MD, FRCPC, 2017, 2018
Breast surgery and its effect on breastfeeding (part 2)
²⁵ https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Les-maladies-du-sein/Fibroadenome
²⁶ https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=875#:~:text=La%20lidoca%C3%AFne%20est%20un%20anesth%C3%A9sique,de%20lidoca%C3%AFne%20sont%20g%C3%A9n%C3%A9ralement%20faibles.
²⁷ Le sein inflammatoire Bénin- La lettre du senologue n°3- déc 1998 janv 1999
²⁸ Protocole ABM #30 – de 2019
²⁹ https://www.roche.fr/fr/patients/info-patients-cancer/diagnostic-cancer/diagnostic-cancer-du-sein/biopsie-mammaire.html#:~:text=Pour%20la%20microbiopsie%2C%20on%20utilise,Plusieurs%20pr%C3%A9l%C3%A8vements%20sont%20effectu%C3%A9s.
³⁰ https://www.monreseau-cancerdusein.com/dossiers/mieux-comprendre/chirurgies/tumerectomie-ou-mastectomie-partielle/questce-quune-mastectomie-partielle#:~:text=La%20mastectomie%20partielle%20consiste%20%C3%A0,d’%C3%A9viter%20les%20d%C3%A9formations%20postop%C3%A9ratoires.
³¹ https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Chirurgie-tumorectomie-et-mastectomie/Mastectomie
³² https://ishh.fr/cancer-du-sein/allaitement-post-traitements-contre-le-cancer-du-sein/#:~:text=En%20cas%20de%20mastectomie%20ou,de%20son%20seul%20sein%20intact.
³³ https://www.healthline.com/health/parenting/breast-feeding/does-nipple-piercing-affect-breastfeeding#:~:text=Can%20you%20breastfeed%20if%20you,piercing%20fully%20heals%20before%20breastfeeding.,
³⁴ https://breastfeeding.support/breastfeeding-with-pierced-nipples/
³⁵ https://cbcn.ca/fr/blog/our-stories/Breastfeeding-And-Breast-Cancer#:~:text=Si%20vous%20subissez%20actuellement%20un,est%20pas%20conseill%C3%A9%20d’allaiter.
³⁶ https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=1080
Last Updated: 30/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
La contraception pendant l’allaitement
Tu viens d’enfanter ou tu es sur le point de donner naissance à la 8e merveille du monde? Tu n’as pas envie, là, tout de suite maintenant, de concevoir la 9e merveille sans pour autant passer par la case abstinence pendant des mois? Cet article est fait pour toi !
Il est complètement naturel de s’interroger sur les multiples possibilités en matière de contraception car force est de constater que nous avons le choix et même en étant allaitante (si si je t’assure).
L’intérêt (parfois oublié) d’avoir le choix, c’est la chance de pouvoir penser notre contraception au regard de nos besoins et nos contraintes spécifiques et individuelles.
Durant ta grossesse, il paraît judicieux d’aborder cette question avec les professionnels de santé qui t’accompagnent, afin de faire un choix adapté, notamment, à ton projet d’allaitement. Si cela n’a pas été fait, il n’est pas trop tard 🙂
Tes expériences de contraception précédentes sont à prendre en compte.
Y a t’il des contraceptions qui provoquent chez toi des inconforts particuliers ?
Y a t’il des contraceptions qui ne conviennent pas à ton mode de vie ?
Ou qui ont abouti à une grossesse non planifiée ?
Ton médecin ou ta sage-femme pourront également t’aider à identifier les contraceptions inadaptées à ton état de santé général, et les contre-indications éventuelles en cas de diabète, tabagisme, ou autres pathologies.
L’historique de tes allaitements précédents et des éventuelles difficultés rencontrées sont également à prendre en compte.
Enfin quel est ton projet d’allaitement actuel ? Exclusif c’est-à-dire nourrir ton bébé exclusivement au sein ou en allaitement mixte c’est à dire complémenter avec une PCN (Préparation Commerciale pour Nourrisson/lait infantile). ?
Y a-t-il des difficultés d’ores et déjà identifiées pour cet allaitement comme une condition médicale influant sur ta production lactée ?
Tu ne pourras peut-être pas répondre à toutes les questions mais ces réflexions préalables sont des pistes à prendre en compte afin de préciser la meilleure contraception possible pour toi qui allaites. N’hésite pas à les utiliser pour engager une discussion avec le professionnel de santé qui t’accompagne.
Cet article a l’ambition de te présenter une liste exhaustive de toutes les contraceptions possibles parmi lesquelles tu vas faire ton choix et, je le répète, il est capital que cette décision soit au plus près de tes besoins propres.
Voici un résumé des contraceptions compatibles avec l’allaitement :
Pour plus de détails, chaque contraception, ses avantages et ses inconvénients sont détaillés dans la suite de cet article et se basent sur, notamment, les dernières recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé et de la Haute Autorité de Santé.
1. La Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée ou MAMA
La MAMA[1] ou Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée s’applique si et seulement si toutes les conditions sont réunies[2] :
2. Les méthodes hormonales
Il est déconseillé d’utiliser une contraception hormonale dans les cas suivants :
Je t’invite donc à choisir une méthode de contraception alternative si tu es concernée par les situations citées ci-dessus.
Les progestatifs :
Les progestatifs sont utilisables chez la femme en post-partum ne présentant pas de contre-indications (notamment accidents thromboemboliques veineux évolutifs, saignements génitaux inexpliqués, cancer du sein ou de l’utérus, pathologie hépatique sévère actuelle ou ancienne …).
La chute du taux de progestérone étant un élément nécessaire à l’initiation de la lactogénèse, il ne faut pas utiliser les microprogestatifs avant le 3e jour du post-partum pour respecter la « montée laiteuse »[5]. Si l’habitude française est de prescrire les microprogestatifs très tôt, entre la sortie de maternité et le 21e jour du post-partum[6], cette pratique ne peut pas être recommandée. Il n’existe aucune étude documentée sur leurs effets éventuels dans les premières semaines de l’allaitement, et de multiples cas cliniques décrivent des interférences fâcheuses dès l’introduction des microprogestatifs (nourrisson irritable, réduction de la production lactée). Dans toutes les études publiées, la contraception microprogestative débute 6 semaines après l’accouchement ; les microprogestatifs ne modifient pas, alors, les caractéristiques de l’allaitement : qualité et quantité du lait, durée de l’allaitement, croissance de l’enfant[7].
Ceci dit et malgré aucune preuve scientifique il a été observé, chez certains cas cliniques,des baisses significatives de lactation durant la prise d’une contraception à hormone progestative. Il conviendra donc de maintenir sa vigilance sur une éventuelle baisse de lactation et d’en parler à ton médecin le cas échéant, afin de trouver la contraception qui te correspond.
En conclusion, les recommandations internationales conseillent de ne prescrire, chez la femme qui allaite, une contraception hormonale progestative qu’à partir de la 6e semaine du post-partum. Les prescriptions plus précoces, proposées pour se prémunir d’une éventuelle ovulation précoce, sont infondées, excessives et inutiles en cas d’allaitement complet.
Plusieurs voies d’administration sont disponibles :
Les femmes doivent être informées sur :
Les oestroprogestatifs :
La prescription de pilules estroprogestatives est plus discutée. En 2010, une étude Cochrane montrait que les données provenant d’études randomisées contrôlées sur l’impact d’une contraception hormonale pendant l’allaitement étaient limitées et de qualité médiocre et les auteurs concluaient ainsi : « Les essais disponibles à l’heure actuelle sont insuffisants pour déterminer un quelconque effet de la contraception hormonale sur la qualité et la quantité de lait maternel. Au moins un essai contrôlé randomisé bien mené, de taille adéquate, est nécessaire pour étudier les effets de l’utilisation de la contraception hormonale au cours de l’allaitement »[10].. C’est pourquoi, la Haute Autorité de Santé ne recommande pas, pour le moment, la prise de pilules oestroprogestatives[11].
Les contraceptions d’urgence :
En cas de besoin, un contraceptif d’urgence peut être utilisé chez une femme qui allaite : lévonorgestrel (Levosolo®, Norlevo®) ; ulipristal (Ellaone®)[12].
3. Le Dispositif intra-utérins (DIU) au cuivre et au lévonorgestrel (LNG)
Les DIU sont utilisables chez la femme en post-partum allaitante :
Les femmes doivent être informées sur :
Le DIU au LNG est à privilégier en cas de ménorragies fonctionnelles ou de saignements abondants avec un DIU au cuivre, à condition que les femmes acceptent l’éventualité de ne plus avoir de règles.
Si tu constates une baisse de lactation ou une baisse significative de poids chez ton bébé, il convient d’en discuter au plus vite avec ton médecin afin de trouver une méthode non hormonale de contraception qui sera plus adaptée dans ton cas tant que tu allaites.
Il est conseillé aux femmes de consulter 1 à 3 mois après la pose puis annuellement ainsi qu’en cas de douleurs pelviennes, de saignements ou de fièvre inexpliqués.
4. Les méthodes dite naturelles
Il existe 4 méthodes de « prise de conscience de la fertilité »: la méthode Billings qui suit l’ovulation, la méthode de Creighton, la méthode sympto-thermique, et la méthode Marquette. Ces méthodes sont fondées sur l’observation de combinaisons variables de facteurs tels que la glaire cervicale, la température, etc. Ces méthodes proposent une abstinence périodique pendant les périodes fertiles ou le recours à une méthode barrière et ont des protocoles spécifiques pour le post-partum. Elles peuvent convenir à des femmes connaissant bien leur cycle, ayant des règles régulières, maîtrisant bien l’utilisation de la méthode. Les glaires et la température peuvent changer en fonction de certains facteurs (virus, désir sexuel, infection vaginale…) et il est important de bien se renseigner sur les spécificités liées à l’observation en post-partum.
Ces méthodes requièrent information et même formation de la femme et/ou couple afin de pratiquer cette contraception. L’efficacité de ces méthodes est moins bonne que celle des méthodes hormonales, mécaniques ou barrières[15].
5. Les méthodes barrières
Préservatifs masculins et féminins, diaphragme et cape cervicale, spermicides :
Ces méthodes ont une efficacité contraceptive moindre que celle de la contraception hormonale ou du DIU. Elles nécessitent que les deux partenaires soient motivés, aient bien compris leur utilisation après un apprentissage spécifique ; elles doivent être utilisées lors de tous les rapports sexuels, quelle que soit la date du cycle.
Pour ce qui est du diaphragme, cape cervicale et spermicides, ils sont inutilisables avant 42 jours (6 semaines) après l’accouchement. L’efficacité contraceptive du diaphragme/de la cape est améliorée par l’association à un spermicide. La détermination de la taille du diaphragme/de la cape, au préalable, par le praticien (médecin ou sage-femme) et l’apprentissage se font en consultation. En cas d’utilisation d’un diaphragme avant la grossesse, la taille de celui-ci doit être réévaluée après un accouchement. Les spermicides s’achètent en pharmacie sans prescription.
Toutes les méthodes barrières sont compatibles avec l’allaitement[16].
6. Les méthodes de stérilisation
La stérilisation volontaire est possible en France dès l’âge de 18 ans[17].
Plusieurs méthodes sont disponibles :
Un délai légal de réflexion de 4 mois doit être respecté entre la demande initiale et la réalisation de la stérilisation. Certains proposent également de s’assurer de la bonne santé du nouveau-né avant de procéder à l’intervention. Il ne semble pas qu’elle modifie l’allaitement car les hormones de l’allaitement sont sécrétées par l’hypophyse et non les ovaires. Elle peut être réalisée soit dans les 7 jours après l’accouchement, soit à partir de 42 jours (6e semaine) après l’accouchement ou la césarienne (délai d’involution utérine)[18].
Il s’agit d’une opération réalisée en ambulatoire et sous anesthésie générale. Elle peut, dans certains cas, être programmée à l’avance et effectuée simultanément à une césarienne qui était programmée. Un livret d’information officiel existe et donne plus de détails[19].
7. Conclusion
Et si la contraception de votre partenaire, notamment, en cas d’allaitement était finalement une solution à envisager plus souvent ?
Plusieurs possibilités s’offrent aux hommes[20] et l’anneau contraceptif est une des dernières solutions à disposition. L’anneau[21] va maintenir les testicules en position haute, au chaud, de manière à affaiblir la production de spermatozoïdes jusqu’à ce que l’homme ne soit plus fertile. En cas de souhait définitif de ne plus procréer, le partenaire peut aussi avoir recours à la stérilisation, vasectomie ou autre citée plus haut concernant les femmes.
Pour que la contraception ne soit plus seulement l’affaire des femmes, osons l’aborder avec nos partenaires.
Yasmin Doula EnraciNée
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
[1] L’effet contraceptif de l’allaitement résulte de la succion prolongée qui stimule les récepteurs sensoriels de l’aréole. Le mécanisme est encore mal élucidé :
– blocage de la pulsatilité de la LH-RH ?
– effet direct des pics sanguins de prolactine sur la sécrétion hypophysaire de FSH et LH ?
Ces deux hormones (FSH et LH) sont impliquées dans la maturation des follicules ovariens et dans la transformation de la muqueuse utérine.
Leur blocage provoque une absence d’ovulation et une absence de règles, d’où l’infertilité.
Marie Thirion – Santé et Allaitement Maternel
[2]
[3]
World Health Organization. The World Health Organization multinational study of breast-feeding and lactational amenorrhea. III. Pregnancy during breast-feeding. Fertil Steril 1999;72(3):431-40.
[4] https://www.coordination-allaitement.org/images/informer/contraception_et_allaitement_20_nov_2016_pour_le_site.pdf
[5] Kennedy KI, Short RV, Tully MR. Premature introduction of progestin-only contraceptive methods during lactation. Contraception 1997;55(6):347-50.
La baisse du taux de progestérone après la naissance est nécessaire pour la différenciation des cellules sécrétoires et le stade II de la lactogenèse.
[6] Vanderstichele S, Roumilhac M, Le Tallec A, Codaccioni X. La contraception du post-partum. Lettre Gynécol 2000;(253):49-52.
[7]
[8] Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Nexplanon® : risque de migration dans les vaisseaux sanguins et dans la paroi thoracique. Lettre aux professionnels de santé. Saint-Denis: ANSM; 2016.
[9] Pour les autres interactions médicamenteuses, se référer au résumé des caractéristiques du produit et au Thésaurus des interactions medicamenteuses : https://ansm.sante.fr/Dossiers/Interactions-medicamenteuses/Interactions-medicamenteuses/%28offset%29/0
[10] Truitt ST, Fraser AB, Grimes DA, et al. Combined hormonal versus nonhormonal versus progestin-only contraception in lactation. Cochrane Database Syst Rev 2003; (2): Cd003988.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31001809/
[11] https://www.has-sante.fr/jcms/c_1369193/fr/contraception-chez-la-femme-en-post-partum
[12] https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=822
[13] Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2009), du Centers for Disease Control (CDC, 2010) et de la Faculty of Sexual and Reproductive Healthcare (FSRH, 2009), le DIU au LNG est utilisable dès 4 semaines après l’accouchement.
[14] Ces examens sont gratuits en centre de planification ou d’éducation familiale.
[15] https://www.has-sante.fr/jcms/c_1757924/fr/efficacite-des-methodes-contraceptives
[16] https://www.liebertpub.com/doi/10.1089/bfm.2015.9999
[17] loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception
[18] https://www.has-sante.fr/jcms/c_1369193/fr/contraception-chez-la-femme-en-post-partum
[19] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/guide_sterilisation_2017_bd.pdf
[20] https://dansmaculotte.com/fr/blog/contraception-pour-les-hommes-n217
[21] https://www.instagram.com/p/B5yK3oSAxVY/
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