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Les anticorps et allaitement

Qu'est ce que le Système Immunitaire ? Son évolution :

C’est l’ensemble des mécanismes permettant à l’organisme de se défendre contre les agents pathogènes : bactéries, virus, champignon, parasites, etc…

L’immunité : c’est la capacité de l’organisme à résister à des agents infectieux.

Comment fonctionne le Système Immunitaire ?

Il existe deux immunités : 

  • L’immunité innée :

(dite aussi naturelleest la réponse immédiate qui reconnaît les agents microbiens. Elle combat tous les types de pathogènes (virus, bactéries, champignons, parasites, extracellulaires ou intracellulaires). Elle a une reconnaissance non spécifique des microbes et surtout n’a PAS de mémoire immunologique. La réponse innée freine le développement des germes et accroît la fonction des globules blancs.
C’est la première défense de l’organisme. Des cellules entrent en jeu et jouent plusieurs rôles : reconnaissance, présentation aux lymphocytes T, destruction et phagocytose (ingestion et destruction).
Si cette immunité est insuffisante, c’est l’immunité acquise ou adaptative qui prend le relais.

  • L’immunité adaptative :

(dite acquise) est tardive mais efficace. Elle a une mémoire. Elle met en jeu des lymphocytes B et T, ainsi que les récepteurs d’antigènes spécifiques, reconnaissance d’agents non microbiens.

Il existe plusieurs immunoglobulines, nous verrons un peu plus loin lesquels et comment ils travaillent et interagissent dans le corps humain. Les immunoglobulines sont des protéines.

Quand commence-t il à fonctionner ? Genèse du système immunitaire en début de vie :

Durant la grossesse, la mère transmet des anticorps à son fœtus à travers le placenta, celui-ci a donc une certaine protection avant la naissance. Le nouveau-né arrive sur Terre avec un système immunitaire inné et adaptatif immature il est dit “naïf”, il mûrit et acquiert de la mémoire tout au long de la vie, puis décline avec la vieillesse.
Quand le bébé naît, son système immunitaire est donc bien présent et quasiment fonctionnel (les cellules du système immunitaire sont formées), l’énorme exposition soudaine aux antigènes environnementaux oblige à un rapide changement des réponses immunitaires même s’il est immature. Autrement dit, au début, son système de défense réagit mais lentement. Prévisible, c’est la toute première fois qu’il se retrouve confronté à des substances étrangères.

Ces protéines circulent dans le sang du nourrisson durant quelques semaines à quelques mois après la naissance, neutralisant les microbes ou les marquant pour la destruction par des phagocytes, des cellules immunitaires qui consomment et détruisent les bactéries, les virus et les débris cellulaires. Cependant, les bébés allaités gagnent une protection supplémentaire provenant des anticorps, autres protéines et cellules immunitaires du lait humain.

Mais comment les bébés allaités gagnent cette protection supplémentaire ? Quels sont les anticorps présents dans le lait maternel ?

Le lait maternel apporte aux nouveau-nés divers éléments, parmi lesquels le lactose, certaines immunoglobulines, des lymphocytes et des oligosaccharides :

  1. Le lactose stimule la production de peptides antimicrobiens (AMP). Ces protéines permettent de lutter contre les infections gastro-intestinales et de développer la flore intestinale, permettant le développement du système immunitaire, très important surtout pour les bébés prématurés afin d’éviter des entérocolites ulcéro nécrosantes.
  2. Les immunoglobulines sont des anticorps qui neutralisent les agents infectieux. Nous en connaissons 5 formes différentes: IgG, IgA, IgM, IgD et IgE. Les IgA sont les plus nombreux. Ces anticorps sont formés de deux molécules d’IgA jointes et d’une composante sécrétoire qui semble protéger les molécules des anticorps contre la dégradation par les acides gastriques et les enzymes digestives de l’estomac et des intestins.
        • Les IgA sécrétoires transmis aux nourrissons sont ciblés contre les pathogènes de son environnement immédiat unique.Ces anticorps ignorent les bactéries utiles qui se trouvent en colonie normale dans l’intestin de bébé.
        • Ces IgA combattent les maladies sans causer d’inflammation (qui est le processus normal de destruction des microbes mais qui potentiellement peuvent endommager les tissus sains).
  3. Les cellules immunitaires sont présentes en grande quantité dans le colostrum. On y trouve principalement des macrophages et des neutrophiles. Les Lymphocytes T, B ainsi que les tueurs représentent 10% des globules blancs présents dans le lait maternel. Ils sont moins présents à mesure que le lait mature.
  4. Des oligosaccharides qui sont des prébiotiques qui favorisent le développement des bactéries intestinales dont l’organisme a besoin, comme les bifidobactéries aussi appelées lactobacillus bifidus.

Le procédé qui permet aux anticorps de passer dans le lait :

Dès que la maman est en présence de micro organismes (lorsqu’elle ingère, respire ou entre en contact avec un agent infectieux, et cela passe par l’interaction salivaire sur le sein), son système immunitaire va rapidement répondre en relâchant des Lymphocytes B à travers la lymphe et le sang et va sécréter les IgA contre le microbe/virus auquel la maman a été en contact. Ceux-ci vont aller dans les glandes mammaires, ainsi, bébé au travers le lait maternel va “boire” les anticorps, le protégeant.

Y a-t-il des choses à faire pour transmettre plus d'anticorps ?

Rien, vu que c’est le corps qui, par tous les mécanismes chimiques, hormonaux, va se mettre au travail pour fabriquer les anticorps.

Est-ce comparable à un vaccin ? c’est-à-dire, est-ce que tous les anticorps de la mère passent dans le lait maternel? Par ex, une maman qui a eu la rougeole, etc… Est-ce que ça empêche l’enfant de tomber malade ou juste de l’être de façon moins intense?

Non, uniquement les anticorps fabriqués au moment T seront dans le lait maternel. C’est-à-dire uniquement les anticorps circulant dans le sang. Les anticorps en latence (ex : si la maman a eu la rougeole, ses anticorps restent en latence) seront endormis dans les organes lymphoïdes (thymus, moelle osseuse, ganglions lymphatiques). Si bébé attrappe la rougeole, les anticorps de la maman vont se réveiller pour deux raisons : premièrement, empêcher qu’elle-même ne re-déclare la maladie, deuxièmement, pour migrer dans le lait maternel. Cela n’empêchera pas bébé de développer la rougeole, mais d’augmenter sa capacité à fabriquer ses propres anticorps pour combattre la rougeole.

Est-ce que l'on donne quand même assez d’anticorps quand on fait un allaitement mixte ?

Il est indéniable que tout apport de lait maternel apportera son lot d’anticorps en plus d’un aliment optimal pour le nourrisson. La Préparation Commerciale pour Nourrisson par contre annule les effets bénéfiques des anticorps sur le transit intestinal de bébé, néanmoins les anticorps spécifiques contre les antigènes eux fonctionneront quand même. Tout sera proportionnel à la quantité de lait maternel ingéré par bébé.

Est-ce que si bébé est malade et pas la maman, la maman profite, elle aussi, des anticorps qu'elle produit pour son bébé ?

Comme on l’a expliqué au-dessus, une fois que la maman est en contact avec l’antigène, elle va fabriquer les anticorps. Donc certes ils seront pour bébé, mais ils feront aussi profiter maman.

Est-ce qu'il y a des anticorps même si TAE (Tire Allaitement Exclusif) ?

Oui tout à fait. Les dernières études montrent que les échanges entre le bébé et la maman sont optimums, quand bébé est au sein grâce à l’échange salivaire sur le sein de la mère. Néanmoins, la maman EST en contact avec les antigènes de son enfant par les bisous, les calins … Donc la mise en place de fabrication des anticorps va être un peu plus longue, mais elle aura lieu, et aidera donc bébé grâce au lait maternel donné au biberon.

Est-ce que les anticorps que la maman produit correspondent exactement à ce dont bébé a besoin ?

Oui, car si maman est malade, bébé est en contact également avec les antigènes. À travers le lait maternel, il va donc avoir automatiquement les anticorps de maman. À contrario, uniquement si bébé est malade, maman, comme précédemment expliqué, va être en contact aux antigènes de bébé, et donc fabriquer les anticorps adéquats.

Quelle maladie n'est pas protégée par l'allaitement (pour laquelle le lait n'a pas d'anticorps) ?

L’immunité est rarement complète face à certaines pathologies. Ainsi, concernant la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite par exemple, l’immunité placentaire est maximale à la naissance et décroît très rapidement. Pour ces pathologies, le taux d’anticorps transmis par l’allaitement est trop faible pour envisager un report de la vaccination. Pour la coqueluche, l’immunité n’est pas du tout transmise.

D’autres pathologies chez la maman comme le cancer, le diabète, les maladies auto-immune et cardiaques n’entraînent pas ou pas en suffisance de fabrication d’anticorps par la maman donc encore moins à donner au bébé à travers le lait maternel.

Encore une exception avec le SIDA : L’allaitement au sein exclusif est la meilleure alimentation du nourrisson durant les six premiers mois de sa vie. Toutefois, après la constatation qu’une mère infectée par le VIH peut transmettre ce virus à son nourrisson en l’allaitant (car la charge virale est plus importante que la quantité des anticorps), il est important de vous rapprocher de votre médecin traitant si vous êtes enceinte et reconnue séropositive.

Est-ce que les anticorps sont conservés quand on congèle son lait, et quand on le chauffe à 60° si lipases ?

Il semblerait que les anticorps se conservent à la congélation (par extrapolation avec le sang avec maintien des Ig pendant un an). Par contre on ne connaît pas leur activité après la décongélation. On sait que le lait maternel ne contient pas que des anticorps, mais aussi pleins de nutriments, oligo éléments, micronutriments ce qui fait sa grande richesse en plus d’être l’aliment par excellence pour le nourrisson. 

Perle avec relecture par Emilie, Séverine, Emeline et Frédéric Roussel 

pour l’Allaitement Tout Un Art.

Sources :