1. Introduction
La question de la consommation d’alcool pendant la grossesse n’a plus à être débattue : il est reconnu depuis de nombreuses années que l’alcool a des effets délétères chez le fœtus et sa consommation est plus que déconseillée chez la femme enceinte.
Mais qu’en est-il de la consommation d’alcool au cours de l’allaitement ? Cet article tente de répondre à cette question et aux mamans qui ont peut-être envie de lâcher un peu de lest après 9 mois de restrictions.
La question de la consommation d’alcool pendant l’allaitement peut être abordée sous trois angles différents et complémentaires :
– L’effet sur l’enfant
– L’effet sur la lactation
– L’effet sur la maman
2. Notions de base
Quelques notions de base concernant le métabolisme de l’alcool doivent être développées afin de bien comprendre ce qui se joue lorsqu’une maman allaitante consomme une boisson alcoolisée :
- L’alcool passe dans le lait au même titre qu’il passe dans le sang, et ce, même s’il a été démontré que la biodisponibilité de l’alcool était moindre chez les mères allaitantes (cela est dû à des modifications digestives). Ses effets seront donc directement reliés à la quantité ingérée par la mère.
- De même, l’alcool s’élimine du lait en même temps qu’il s’élimine du sang.
- La quantité d’alcool atteint sa concentration maximale dans le sang (et donc dans le lait) au bout de 30 à 90 min après l’ingestion. Donc, si on boit un seul verre, on peut faire téter bébé pendant qu’on boit le verre tout en étant sûre que la quantité qu’il recevra sera minime.
- Si l’alcool est pris à l’occasion d’un repas, la nourriture va ralentir son absorption et ainsi le pic de concentration sera moindre. Cet effet sera d’autant plus important que le repas sera riche en graisses.
- L’alcool est métabolisé en 2-3 h, ce qui veut dire que 2-3 h après un verre il ne restera pas d’alcool dans le lait. Évidemment ce temps d’élimination augmente en même temps que la quantité d’alcool ingéré.
De plus, la notion de verre normalisé (standard) est quelque chose à connaître afin de sécuriser sa consommation d’alcool, encore plus pendant l’allaitement. En France, chaque verre servi dans un débit de boisson (bars, restaurants, boîtes de nuit …) contient 10 g d’alcool pur peu importe la nature de l’alcool choisi (bière, vin, spiritueux).

Une attention particulière sera donc portée dans le cadre d’une consommation privée où la quantité d’alcool servie peut ne pas respecter ce standard.
Le site Éduc’alcool propose un calculateur d’alcoolémie pour suivre ou anticiper la quantité d’alcool que l’on a dans le sang : https://www.educalcool.qc.ca/outils/calcoolateur/
3. L’effet sur l’enfant
Si la maman boit de l’alcool le bébé en boit aussi. Cependant, pour une consommation limitée à 1 verre (environ 10g d’alcool), il n’a pas été démontré que la quantité d’alcool reçue par l’enfant le mette en danger. En effet, pour cette quantité le lait contiendra au plus 0,25g d’alcool par litre. Donc pour une tétée de 150 ml le bébé prendra 37,5 mg d’alcool…il ne reste pas grand-chose des 10 g du début.
Dans le cas où il est prévu de prendre plusieurs verres d’alcool, le mieux peut être de tirer son lait en amont afin qu’il soit donné dans un contenant adapté (http://allaitement-toutunart.fr/donner-le-lait) pendant le temps où la maman n’aura pas terminé d’éliminer l’alcool.
L’effet sur l’enfant dépendra aussi de son âge car cela conditionne le nombre et la fréquence des tétées tout comme la quantité de lait absorbé. Ainsi, plus l’enfant sera petit, plus les quantités de lait consommées seront importantes, plus les tétées seront rapprochées et plus il sera exposé à l’alcool. Pour résumer, plus un bébé est jeune, plus ses capacités de métabolisation de l’alcool sont limitées (pour les premières semaines de vie la métabolisation est deux fois moins importante que chez l’adulte).
Également, il peut être utile de savoir que l’alcool qui se retrouve dans le lait maternel peut produire un léger effet sédatif sur le bébé. Une autre conséquence peut être le changement transitoire du goût et de l’odeur du lait, ce qui peut éventuellement gêner bébé.
Enfin, une consommation excessive de boissons alcoolisées chez une maman allaitante peut avoir les conséquences délétères suivantes :
– Perturbation du sommeil
– Risque d’hypoglycémie
– Altération du développement moteur
Enfin, il est important de noter que les possibles conséquences d’une consommation régulière d’alcool par une mère allaitante sur le développement neurologique de son enfant ne sont pas clairement établies.
4. L’effet sur la lactation
L’alcool va inhiber le réflexe d’éjection. Cela vient du fait qu’il diminue la sécrétion d’ocytocine. Cet effet va ? être limité pour une prise d’alcool ponctuelle en petite quantité mais peut être problématique pour une ingestion d’alcool conséquente (attention à l’engorgement !) ou chronique (problème de croissance du bébé). En effet, il a été démontré qu’après la prise d’une boisson alcoolisée, l’enfant ingérait moins de lait, et ce malgré des tétées plus fréquentes.
5. L’effet sur la maman
Nous connaissons tous l’effet majeur de l’alcool à court terme : la diminution de la vigilance. Là encore, pour un verre d’alcool, cet effet est limité mais si on a tendance à ne pas tenir l’alcool, c’est un paramètre à prendre en compte lorsqu’on doit s’occuper d’un petit être fragile totalement dépendant.
Pour rappel, le cododo est déconseillé en cas de consommation d’alcool, d’autant plus si celle-ci est importante.
Donc si une femme allaitante prévoit de consommer plusieurs verres d’alcool sans les compter, le mieux est de confier son enfant à quelqu’un de confiance et de tirer son lait pour éviter l’engorgement afin d’éviter un inconfort et une baisse de lactation (le lait tiré étant non consommable). Bien évidemment, et dans l’idéal, la personne de confiance respectera l’allaitement à la demande en utilisant si possible un contenant alternatif au biberon.
6. Conclusion
Pour conclure, une prise d’alcool occasionnelle pendant l’allaitement peut tout à fait être gérée. La manière de le faire sera évaluée en fonction de différents critères dont le principal reste la quantité d’alcool consommée.
Enfin il semble nécessaire de rappeler que consommer de l’alcool de manière chronique et de façon importante est une maladie et présente des risques importants pour la santé. Dans ce cadre, il est nécessaire de consulter un professionnel de santé formé à sa prise en charge.
Wahéna BERNARD pour l’Allaitement Tout Un Art
Last Updated: 6 mars 2025 by Allaitement Tout Un Art
Alcool et allaitement
Sommaire
1. Introduction
La question de la consommation d’alcool pendant la grossesse n’a plus à être débattue : il est reconnu depuis de nombreuses années que l’alcool a des effets délétères chez le fœtus et sa consommation est plus que déconseillée chez la femme enceinte.
Mais qu’en est-il de la consommation d’alcool au cours de l’allaitement ? Cet article tente de répondre à cette question et aux mamans qui ont peut-être envie de lâcher un peu de lest après 9 mois de restrictions.
La question de la consommation d’alcool pendant l’allaitement peut être abordée sous trois angles différents et complémentaires :
– L’effet sur l’enfant
– L’effet sur la lactation
– L’effet sur la maman
2. Notions de base
Quelques notions de base concernant le métabolisme de l’alcool doivent être développées afin de bien comprendre ce qui se joue lorsqu’une maman allaitante consomme une boisson alcoolisée :
De plus, la notion de verre normalisé (standard) est quelque chose à connaître afin de sécuriser sa consommation d’alcool, encore plus pendant l’allaitement. En France, chaque verre servi dans un débit de boisson (bars, restaurants, boîtes de nuit …) contient 10 g d’alcool pur peu importe la nature de l’alcool choisi (bière, vin, spiritueux).
Une attention particulière sera donc portée dans le cadre d’une consommation privée où la quantité d’alcool servie peut ne pas respecter ce standard.
Le site Éduc’alcool propose un calculateur d’alcoolémie pour suivre ou anticiper la quantité d’alcool que l’on a dans le sang : https://www.educalcool.qc.ca/outils/calcoolateur/
3. L’effet sur l’enfant
Si la maman boit de l’alcool le bébé en boit aussi. Cependant, pour une consommation limitée à 1 verre (environ 10g d’alcool), il n’a pas été démontré que la quantité d’alcool reçue par l’enfant le mette en danger. En effet, pour cette quantité le lait contiendra au plus 0,25g d’alcool par litre. Donc pour une tétée de 150 ml le bébé prendra 37,5 mg d’alcool…il ne reste pas grand-chose des 10 g du début.
Dans le cas où il est prévu de prendre plusieurs verres d’alcool, le mieux peut être de tirer son lait en amont afin qu’il soit donné dans un contenant adapté (http://allaitement-toutunart.fr/donner-le-lait) pendant le temps où la maman n’aura pas terminé d’éliminer l’alcool.
L’effet sur l’enfant dépendra aussi de son âge car cela conditionne le nombre et la fréquence des tétées tout comme la quantité de lait absorbé. Ainsi, plus l’enfant sera petit, plus les quantités de lait consommées seront importantes, plus les tétées seront rapprochées et plus il sera exposé à l’alcool. Pour résumer, plus un bébé est jeune, plus ses capacités de métabolisation de l’alcool sont limitées (pour les premières semaines de vie la métabolisation est deux fois moins importante que chez l’adulte).
Également, il peut être utile de savoir que l’alcool qui se retrouve dans le lait maternel peut produire un léger effet sédatif sur le bébé. Une autre conséquence peut être le changement transitoire du goût et de l’odeur du lait, ce qui peut éventuellement gêner bébé.
Enfin, une consommation excessive de boissons alcoolisées chez une maman allaitante peut avoir les conséquences délétères suivantes :
– Perturbation du sommeil
– Risque d’hypoglycémie
– Altération du développement moteur
Enfin, il est important de noter que les possibles conséquences d’une consommation régulière d’alcool par une mère allaitante sur le développement neurologique de son enfant ne sont pas clairement établies.
4. L’effet sur la lactation
L’alcool va inhiber le réflexe d’éjection. Cela vient du fait qu’il diminue la sécrétion d’ocytocine. Cet effet va ? être limité pour une prise d’alcool ponctuelle en petite quantité mais peut être problématique pour une ingestion d’alcool conséquente (attention à l’engorgement !) ou chronique (problème de croissance du bébé). En effet, il a été démontré qu’après la prise d’une boisson alcoolisée, l’enfant ingérait moins de lait, et ce malgré des tétées plus fréquentes.
5. L’effet sur la maman
Nous connaissons tous l’effet majeur de l’alcool à court terme : la diminution de la vigilance. Là encore, pour un verre d’alcool, cet effet est limité mais si on a tendance à ne pas tenir l’alcool, c’est un paramètre à prendre en compte lorsqu’on doit s’occuper d’un petit être fragile totalement dépendant.
Pour rappel, le cododo est déconseillé en cas de consommation d’alcool, d’autant plus si celle-ci est importante.
Donc si une femme allaitante prévoit de consommer plusieurs verres d’alcool sans les compter, le mieux est de confier son enfant à quelqu’un de confiance et de tirer son lait pour éviter l’engorgement afin d’éviter un inconfort et une baisse de lactation (le lait tiré étant non consommable). Bien évidemment, et dans l’idéal, la personne de confiance respectera l’allaitement à la demande en utilisant si possible un contenant alternatif au biberon.
6. Conclusion
Pour conclure, une prise d’alcool occasionnelle pendant l’allaitement peut tout à fait être gérée. La manière de le faire sera évaluée en fonction de différents critères dont le principal reste la quantité d’alcool consommée.
Enfin il semble nécessaire de rappeler que consommer de l’alcool de manière chronique et de façon importante est une maladie et présente des risques importants pour la santé. Dans ce cadre, il est nécessaire de consulter un professionnel de santé formé à sa prise en charge.
Wahéna BERNARD pour l’Allaitement Tout Un Art
BIBLIOGRAPHIE :
https://www.alcool-info-service.fr/sinformer-et-evaluer-sa-consommation/grossesse-et-allaitement/jallaite-est-ce-que-je-peux-boire-de https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2265592/ https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/allaiter-aujourd-hui-extraits/1692-allaitement-et-tabac-alcool-drogues-etc https://www.meilleurdepart.org/resources/alcool/pdf/desk_reference_fre.pdfPartager :
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Category: Autour de la maman, Les Bases
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