Les coliques, ce mot si fréquemment utilisé, aux multiples interprétations et dont on ne sait jamais vraiment à quoi il correspond.
Nous allons voir dans cet article la définition exacte des coliques.
1. Définition des coliques
Les coliques sont définis par la règle de 3 appelée « critères de Wessel ». Il s’agit d’épisodes de pleurs et d’agitation inconsolables de plus de 3h par jour, plus de 3 jours par semaine et durant 3 semaines.
Ces épisodes de pleurs atteignent leur apogée aux alentours de 6 semaines et prennent fin entre 3 et 6 mois de vie du bébé. Il n’y a pas de distinction entre les sexes, les types d’alimentation (sein ou PCN *), l’âge gestationnel et le statut socio-économique ¹.
*Préparation Commerciale pour nourrisson / Lait infantile
2. Les coliques sont-elles de nature physiologiques ou pathologiques?
- Physiologiques : « Les coliques » : Une expression employée en France un peu à la manière d’un panier garni où tous les maux d’un bébé y seraient regroupés. Mais en réalité et selon leur juste définition les coliques sont des pleurs et une agitation qui peuvent être liés à quelques suppositions. Les plus courantes étant celles des pleurs de décharge et de l’immaturité digestive.
Il faut savoir que le petit être humain naît totalement immature. Les premiers mois de sa vie vont être l’objet d’une construction psychomotrice extrêmement rapide. Toutes ces informations à traiter et à emmagasiner peuvent donner lieu à des épisodes de pleurs intenses où les bras et la proximité avec les parents, les personnes dont les voix ont été entendues tout le long de la gestation, pourront l’apaiser. C’est d’ailleurs ce qu’on nomme le 4ème trimestre de grossesse.
Lors de la gestation, le bébé ne fait pas de selles. Les déchets accumulés tout le long de la grossesse sortiront sous forme de selles pâteuses et noires, le méconium. L’utilisation de ses sphincters, de l’expulsion des selles est toute nouvelle. Et cette découverte du corps peut être associée à tort à de la douleur.
De plus, son microbiote intestinal n’étant pas mature, il est possible que le bébé rencontre certains inconforts digestifs passagers qui pourront être aidés par des massages.
Mais le bébé n’ayant pas les capacités de communiquer par des mots, s’exprime par les pleurs. Ceci dit, il reste important d’essayer de trouver des causes pouvant être sous-jacentes et donc de définir si ces pleurs sont « seulement » des pleurs liés à un état physiologique ou s’ils ont des origines pathologiques.
- Pathologiques : Nous l’avons dit, les pleurs sont donc le seul moyen pour un bébé de pouvoir s’exprimer. Et parfois il y a un ou des réel(s) inconfort(s) à prendre en considération.
– La prise au sein :
Tout d’abord il faudra vérifier que la prise au sein du bébé est optimale, que la ventouse linguale et labiale sont efficaces pour permettre un transfert de lait sans avaler de l’air. Une langue qui plaque mal le mamelon dans la bouche du bébé ou une lèvre mal retroussée peut laisser passer de l’air et créer un inconfort digestif ainsi que des gaz douloureux.*¹ Afin de limiter l’air, la maman pourra placer le bébé selon l’approche Biological Nurturing (BN) ou placer le bébé en prise asymétrique. Il pourra être nécessaire de faire vérifier la prise au sein par une consultante en lactation certifiée IBCLC ou par une association d’aide à l’allaitement.
– Les aliments ingérés par la mère :
Lors des études, il ressort fréquemment que les protéines de lait de vache peuvent avoir une incidence sur les coliques du bébé. Or elles ne distinguent pas forcément l’alimentation au sein ou aux PCN (dont la principale composante est le lait de vache). Il convient donc d’être mesuré à la lecture de ces études ². Et de ne pas pratiquer d’éviction d’aliment sans avis médical. Par contre, il est possible de vérifier que certains aliments n’amplifient pas ces crises de pleurs. En cas de doute, la maman pourra tenir un journal alimentaire et corréler la prise de certains aliments avec l’amplification de ces crises de pleurs *². Pour tenir un journal alimentaire, il suffit de noter l’aliment ou le groupe d’aliments potentiellement responsable de l’amplification des pleurs, puis de le réintroduire quelques jours après voir si la réaction est identique.
Attention aux médicaments et compléments alimentaires donnés comme la vitamine D dont certains éléments sont difficilement assimilables pour le bébé.
– Le RGO identifié comme tel non lié à une cause extérieure :
Le RGO pathologique peut aussi amplifier ces crises de pleurs, il est nécessaire d’avoir un suivi avec un médecin/pédiatre et d’avoir exploré l’ensemble des raisons pouvant être à l’origine d’un RGO (prise au sein, allergie, REF…).
– Le REF (Réflexe d’Éjection Fort) :
Il peut être aussi une cause d’amplification des pleurs si le débit de lait arrive trop vite et trop fort. Le lait reçu en grande quantité sur de courtes tétées fait que le bébé boit un lait riche en lactose, qui peut être corrélé à un inconfort digestif.
– La césarienne :
D’après une étude chinoise, il a été rapporté que les bébés nés par césarienne avaient un microbiote intestinal moins fourni en bifidobactéries (bactéries garantes du bon fonctionnement intestinal et immunitaire) et présentant 2 types de bactéries potentiellement nuisibles. Ce qui peut éventuellement créer plus d’inconforts digestifs que des bébés nés par voie basse.
Mais la flore peut être en partie restaurée grâce à un allaitement exclusif ³.
– Le tabac :
Une étude néerlandaise a montré que les coliques sont 2 fois plus élevées chez les enfants de mère fumeuse et non allaités. Cependant, les coliques sont moins fréquentes si les enfants sont allaités au sein. L’allaitement réduirait l’intensité des coliques chez les enfants de mère fumeuse ⁹.
– La caféine :
La prise de caféine (café, thé, chocolat) se diffuse rapidement dans le lait maternel mais sa concentration est faible et ne modifie pas la composition du lait maternel. Cependant l’élimination de la caféine est plus longue chez l’enfant. Les effets sur le comportement, le sommeil, le développement cérébral et le contrôle de la respiration ne sont pas clairement établis. Il est donc préconisé de limiter sa consommation à 300 mg/jour soit 2 ou 3 tasses de café par jour ¹⁰.
Deux autres études ont indirectement étudié l’exposition à la caféine et ont relevé une augmentation des coliques. Mais ont conclu également que les preuves étaient discutables, à savoir si la caféine était réellement l’aliment causal de cette augmentation de coliques ¹¹.
Ainsi si vous observez un état d’agitation et/ou de pleurs plus intense chez le bébé après une prise de caféine, il peut être judicieux d’en limiter sa consommation. En tenant compte que chaque bébé réagit différemment.
– Médicaments :
La prise de certains médicaments par la mère peut entraîner une amplification des coliques chez l’enfant allaité. Il est nécessaire de rester vigilant même si le médicament est compatible avec l’allaitement. En effet l’assimilation de certaines molécules peut être délicate pour le bébé. Il conviendra donc de noter la corrélation entre la prise de médicamentation et une amplification des pleurs et/ou de l’état d’agitation chez le bébé. Si le cas se présentait il ne faudra pas supprimer le médicament mais en discuter rapidement avec son médecin afin de discuter d’une autre alternative médicamenteuse.
3. Les coliques et les traitements dît « anti-coliques » :
Non, les coliques au sens propre du terme n’ont pas à être traitées puisqu’elles sont de nature physiologique.
Mais dans de nombreux cas des traitements vont être proposés à la maman, des traitements à base d’eau de chaux ou des probiotiques entre autre. S’il n’y a pas d’inconfort digestif relevant du pathologique, ces traitements pourraient s’avérer inefficaces et il est toujours préférable d’identifier la nature du problème pour le cibler et le corriger.
Concernant les probiotiques, le lait maternel contient des bactéries parfaitement assimilables pour le bébé. C’est d’ailleurs le lait maternel qui assurera une protection optimale du système digestif du bébé jusqu’à qu’il puisse être autonome dans cette fonction (rôle des IgA sécrétoires). Ceci dit certaines études ont montré que la supplémentation en probiotiques par la mère augmenterait la concentration de ces bonnes bactéries (cytokines, lactoferrine et IgA) et que les troubles intestinaux, les régurgitations et les coliques étaient diminués dans le groupe test ⁴.
Une autre étude en double aveugle portant sur la prise de probiotiques, le Lactobacillus Reuteri DSM 17938 sur des bébés allaités canadiens a démontré que les crises de pleurs et d’agitation ont été considérablement diminués ⁵.
Mais il reste à noter la conclusion d’une autre étude qui dit que « Compte tenu de l’absence de traitement efficace des coliques infantiles et du bon profil de tolérance de L reuteri DSM 17938, cette option thérapeutique pourrait être discutée avec les soignants. Les données sur les autres probiotiques, qu’elles soient positives ou négatives, sont trop limitées pour permettre de tirer des conclusions fiables. » ⁶
Voilà pourquoi toute prise de médicament aussi inoffensive puisset-elle paraître, doit être discutée avec un médecin, et la cause des coliques doit être correctement évaluée avant d’être sujette à proposition de médicamentation.
Même si les coliques semblent être de nature physiologique, il faut admettre que le bébé a un système digestif immature et que son microbiote intestinal est en pleine construction. Il est important de respecter la physiologie du bébé et de savoir que des adjuvants extérieurs censés aider à pallier cet inconfort peuvent parfois créer l’effet inverse. Ce sera propre à chaque bébé et à chaque métabolisme de la dyade mère/bébé.
4. Si c’est physiologique, comment aider le bébé qui semble inconsolable ?
Par définition les coliques disparaissent entre 3 à 6 mois de vie. En attendant, bien que difficiles à vivre pour les parents, il est important de noter le caractère physiologique de ces pleurs.
Donner le sein est la réponse la plus naturelle à ces épisodes de grande agitation, d’ailleurs c’est souvent relié aux tétées groupées.
Une étude a mesuré les effets de la mélatonine produite par la mère et excrétée dans le lait maternel par rapport à une alimentation aux PCN, en comparant les résultats. Rappelons que la mélatonine a « un effet hypnotique et relaxant sur le muscle lisse du tractus gastro-intestinal » (le tractus gastro-intestinal étant l’ensemble des organes qui constituent l’appareil digestif).
Il a été noté que les bébés allaités avaient moins de coliques, moins de crises d’irritabilité et tendance à avoir une durée de sommeil nocturne plus longue que les bébés nourris aux PCN et donc supposé que la mélatonine joue un rôle dans ces critères ⁷.
Outre l’allaitement vous pouvez établir un lien de proximité étroit avec le bébé en pratiquant du portage, du peau à peau, en verbalisant au maximum. Vous pouvez agir par les bercements, le fredonnement au contact du peau à peau, les chansons et vous apaiser vous même pour apaiser le bébé.
Certaines mamans rapporte l’efficacité des bruits blanc durant ces moments d’agitation.
5. La difficulté de ces pleurs pour les parents :
Pour les parents et toute la famille, ces pleurs sont difficiles. Il est important de passer le relais lorsque cela devient trop dur.
En effet les pleurs inconsolables font partie de la liste des risques du syndrome du bébé secoué ⁸. Il est nécessaire de passer le relais et d’être unis lorsque ces pleurs incessants et inconsolables deviennent trop difficiles à supporter.
La fatigue joue un rôle non négligeable également. Avoir un bébé n’est pas de tout repos et il est important de prendre conscience de ses propres limites afin de s’occuper au mieux de son bébé. Être à l’écoute de son esprit et de son corps est essentiel. La maman aussi subit une chute d’hormone potentiellement responsable de la dépression post partum et qui peut être accentuée par les coliques.
Pour s’occuper d’un bébé qui a des coliques il faut des parents unis, capables de s’en occuper ensemble, le soutien est donc primordial.
6. Conclusion :
En conclusion, bien que les coliques soient, au sens propre du terme, physiologiques, il ne faut pas négliger la prise en charge du bébé. Un bébé en pleine construction neuronale et physique aura toujours besoin que l’on réponde à ses besoins de la façon la plus naturelle et la plus instinctive qui soit. En s’occupant de lui, en étant attentif à ses pleurs, à ses demandes. Il convient ainsi d’explorer toutes les pistes qui sont susceptibles de mener à ces crises de pleurs et d’écarter toutes pistes pathologiques.
Et dans tous les cas, la proximité et l’allaitement sont des réponses naturelles à cet état d’agitation et de pleurs inconsolables.
*¹ Si la correction de la prise au sein ne suffit pas à être optimale, il faudra penser à faire vérifier les freins du bébé pour s’assurer qu’aucune cause « mécanique » ne viennent entraver le bon fonctionnement de la succion. Un frein lingual, labial voir mêmes de joues, dit restrictif (l’ankyloglossie) peuvent entraîner des problèmes de prise au sein.
Il existe des listes de professionnels formés pour poser le diagnostic de l’ankyloglossie. Cet examen doit être pratiqué de façon méthodique en tenant la tête du bébé de façon à ce que le professionnel puisse passer ses doigts tout autour des freins. Cet examen prend du temps et ne peut s’effectuer d’un simple regard ou sur photo.
*² Il ne faut jamais faire une éviction sans en parler au préalable avec un allergologue ou un médecin. Le suivi médical est essentiel en cas d’éviction. Les allergènes passent potentiellement dans le lait. En éliminant des allergènes qui ne créent pas d’inconfort digestif au bébé il risque de développer un manque de sensibilisation à ces allergènes et être plus violemment atteint lors de la réintroduction. C’est pourquoi une éviction d’une catégorie d’aliments quelle qu’elle soit doit absolument se faire lorsque le problème est clairement identifié puis suivie par un professionnel de santé.
Marina Boudey
pour l’Allaitement Tout Un Art.
Sources :
¹ Américain family physician 92 (7), 577-582, de 2015
² The journal of the royal society for the promotion of health, 124 (4), 162-166 de 2004
³ https://www.biocodexmicrobiotainstitute.com/publications/microbiote-infantile-les-inconvenients-de-la-cesarienne-reduits-par-lallaitement
⁴ https://scienceforhealth.fr/visiteusine/
⁵ The journal of pediatrics 166 (1), 74-78 et de 2015
⁶ Journal of pediatrics gastroenterology and nutrition 63 (1S), S22-S24 de 2016
⁷ European journal of pediatrics 171 (4), 729-732 de 2012
⁸ Fiche de synthèse du syndrome du bebe secoue ou traumatisme crânien non accidentel par secouement – HAS – 2017
⁹ Reijneveld SA et al., Infantile colic : maternal smoking as potential risk factor, Arch Dis Child 2000 ; 83(4) : 302-3.
¹⁰ Mise en oeuvre et poursuite dans les 6 premiers mois de l’enfant- HAS- 2002
¹¹ https://smw.ch/article/doi/smw.2018.14665
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Les coliques du bébé allaité
Les coliques, ce mot si fréquemment utilisé, aux multiples interprétations et dont on ne sait jamais vraiment à quoi il correspond.
Nous allons voir dans cet article la définition exacte des coliques.
1. Définition des coliques
Les coliques sont définis par la règle de 3 appelée « critères de Wessel ». Il s’agit d’épisodes de pleurs et d’agitation inconsolables de plus de 3h par jour, plus de 3 jours par semaine et durant 3 semaines.
Ces épisodes de pleurs atteignent leur apogée aux alentours de 6 semaines et prennent fin entre 3 et 6 mois de vie du bébé. Il n’y a pas de distinction entre les sexes, les types d’alimentation (sein ou PCN *), l’âge gestationnel et le statut socio-économique ¹.
*Préparation Commerciale pour nourrisson / Lait infantile
2. Les coliques sont-elles de nature physiologiques ou pathologiques?
Il faut savoir que le petit être humain naît totalement immature. Les premiers mois de sa vie vont être l’objet d’une construction psychomotrice extrêmement rapide. Toutes ces informations à traiter et à emmagasiner peuvent donner lieu à des épisodes de pleurs intenses où les bras et la proximité avec les parents, les personnes dont les voix ont été entendues tout le long de la gestation, pourront l’apaiser. C’est d’ailleurs ce qu’on nomme le 4ème trimestre de grossesse.
Lors de la gestation, le bébé ne fait pas de selles. Les déchets accumulés tout le long de la grossesse sortiront sous forme de selles pâteuses et noires, le méconium. L’utilisation de ses sphincters, de l’expulsion des selles est toute nouvelle. Et cette découverte du corps peut être associée à tort à de la douleur.
De plus, son microbiote intestinal n’étant pas mature, il est possible que le bébé rencontre certains inconforts digestifs passagers qui pourront être aidés par des massages.
Mais le bébé n’ayant pas les capacités de communiquer par des mots, s’exprime par les pleurs. Ceci dit, il reste important d’essayer de trouver des causes pouvant être sous-jacentes et donc de définir si ces pleurs sont « seulement » des pleurs liés à un état physiologique ou s’ils ont des origines pathologiques.
– La prise au sein :
Tout d’abord il faudra vérifier que la prise au sein du bébé est optimale, que la ventouse linguale et labiale sont efficaces pour permettre un transfert de lait sans avaler de l’air. Une langue qui plaque mal le mamelon dans la bouche du bébé ou une lèvre mal retroussée peut laisser passer de l’air et créer un inconfort digestif ainsi que des gaz douloureux.*¹ Afin de limiter l’air, la maman pourra placer le bébé selon l’approche Biological Nurturing (BN) ou placer le bébé en prise asymétrique. Il pourra être nécessaire de faire vérifier la prise au sein par une consultante en lactation certifiée IBCLC ou par une association d’aide à l’allaitement.
– Les aliments ingérés par la mère :
Lors des études, il ressort fréquemment que les protéines de lait de vache peuvent avoir une incidence sur les coliques du bébé. Or elles ne distinguent pas forcément l’alimentation au sein ou aux PCN (dont la principale composante est le lait de vache). Il convient donc d’être mesuré à la lecture de ces études ². Et de ne pas pratiquer d’éviction d’aliment sans avis médical. Par contre, il est possible de vérifier que certains aliments n’amplifient pas ces crises de pleurs. En cas de doute, la maman pourra tenir un journal alimentaire et corréler la prise de certains aliments avec l’amplification de ces crises de pleurs *². Pour tenir un journal alimentaire, il suffit de noter l’aliment ou le groupe d’aliments potentiellement responsable de l’amplification des pleurs, puis de le réintroduire quelques jours après voir si la réaction est identique.
Attention aux médicaments et compléments alimentaires donnés comme la vitamine D dont certains éléments sont difficilement assimilables pour le bébé.
– Le RGO identifié comme tel non lié à une cause extérieure :
Le RGO pathologique peut aussi amplifier ces crises de pleurs, il est nécessaire d’avoir un suivi avec un médecin/pédiatre et d’avoir exploré l’ensemble des raisons pouvant être à l’origine d’un RGO (prise au sein, allergie, REF…).
– Le REF (Réflexe d’Éjection Fort) :
Il peut être aussi une cause d’amplification des pleurs si le débit de lait arrive trop vite et trop fort. Le lait reçu en grande quantité sur de courtes tétées fait que le bébé boit un lait riche en lactose, qui peut être corrélé à un inconfort digestif.
– La césarienne :
D’après une étude chinoise, il a été rapporté que les bébés nés par césarienne avaient un microbiote intestinal moins fourni en bifidobactéries (bactéries garantes du bon fonctionnement intestinal et immunitaire) et présentant 2 types de bactéries potentiellement nuisibles. Ce qui peut éventuellement créer plus d’inconforts digestifs que des bébés nés par voie basse.
Mais la flore peut être en partie restaurée grâce à un allaitement exclusif ³.
– Le tabac :
Une étude néerlandaise a montré que les coliques sont 2 fois plus élevées chez les enfants de mère fumeuse et non allaités. Cependant, les coliques sont moins fréquentes si les enfants sont allaités au sein. L’allaitement réduirait l’intensité des coliques chez les enfants de mère fumeuse ⁹.
– La caféine :
La prise de caféine (café, thé, chocolat) se diffuse rapidement dans le lait maternel mais sa concentration est faible et ne modifie pas la composition du lait maternel. Cependant l’élimination de la caféine est plus longue chez l’enfant. Les effets sur le comportement, le sommeil, le développement cérébral et le contrôle de la respiration ne sont pas clairement établis. Il est donc préconisé de limiter sa consommation à 300 mg/jour soit 2 ou 3 tasses de café par jour ¹⁰.
Deux autres études ont indirectement étudié l’exposition à la caféine et ont relevé une augmentation des coliques. Mais ont conclu également que les preuves étaient discutables, à savoir si la caféine était réellement l’aliment causal de cette augmentation de coliques ¹¹.
Ainsi si vous observez un état d’agitation et/ou de pleurs plus intense chez le bébé après une prise de caféine, il peut être judicieux d’en limiter sa consommation. En tenant compte que chaque bébé réagit différemment.
– Médicaments :
La prise de certains médicaments par la mère peut entraîner une amplification des coliques chez l’enfant allaité. Il est nécessaire de rester vigilant même si le médicament est compatible avec l’allaitement. En effet l’assimilation de certaines molécules peut être délicate pour le bébé. Il conviendra donc de noter la corrélation entre la prise de médicamentation et une amplification des pleurs et/ou de l’état d’agitation chez le bébé. Si le cas se présentait il ne faudra pas supprimer le médicament mais en discuter rapidement avec son médecin afin de discuter d’une autre alternative médicamenteuse.
3. Les coliques et les traitements dît « anti-coliques » :
Non, les coliques au sens propre du terme n’ont pas à être traitées puisqu’elles sont de nature physiologique.
Mais dans de nombreux cas des traitements vont être proposés à la maman, des traitements à base d’eau de chaux ou des probiotiques entre autre. S’il n’y a pas d’inconfort digestif relevant du pathologique, ces traitements pourraient s’avérer inefficaces et il est toujours préférable d’identifier la nature du problème pour le cibler et le corriger.
Concernant les probiotiques, le lait maternel contient des bactéries parfaitement assimilables pour le bébé. C’est d’ailleurs le lait maternel qui assurera une protection optimale du système digestif du bébé jusqu’à qu’il puisse être autonome dans cette fonction (rôle des IgA sécrétoires). Ceci dit certaines études ont montré que la supplémentation en probiotiques par la mère augmenterait la concentration de ces bonnes bactéries (cytokines, lactoferrine et IgA) et que les troubles intestinaux, les régurgitations et les coliques étaient diminués dans le groupe test ⁴.
Une autre étude en double aveugle portant sur la prise de probiotiques, le Lactobacillus Reuteri DSM 17938 sur des bébés allaités canadiens a démontré que les crises de pleurs et d’agitation ont été considérablement diminués ⁵.
Mais il reste à noter la conclusion d’une autre étude qui dit que « Compte tenu de l’absence de traitement efficace des coliques infantiles et du bon profil de tolérance de L reuteri DSM 17938, cette option thérapeutique pourrait être discutée avec les soignants. Les données sur les autres probiotiques, qu’elles soient positives ou négatives, sont trop limitées pour permettre de tirer des conclusions fiables. » ⁶
Voilà pourquoi toute prise de médicament aussi inoffensive puisset-elle paraître, doit être discutée avec un médecin, et la cause des coliques doit être correctement évaluée avant d’être sujette à proposition de médicamentation.
Même si les coliques semblent être de nature physiologique, il faut admettre que le bébé a un système digestif immature et que son microbiote intestinal est en pleine construction. Il est important de respecter la physiologie du bébé et de savoir que des adjuvants extérieurs censés aider à pallier cet inconfort peuvent parfois créer l’effet inverse. Ce sera propre à chaque bébé et à chaque métabolisme de la dyade mère/bébé.
4. Si c’est physiologique, comment aider le bébé qui semble inconsolable ?
Par définition les coliques disparaissent entre 3 à 6 mois de vie. En attendant, bien que difficiles à vivre pour les parents, il est important de noter le caractère physiologique de ces pleurs.
Donner le sein est la réponse la plus naturelle à ces épisodes de grande agitation, d’ailleurs c’est souvent relié aux tétées groupées.
Une étude a mesuré les effets de la mélatonine produite par la mère et excrétée dans le lait maternel par rapport à une alimentation aux PCN, en comparant les résultats. Rappelons que la mélatonine a « un effet hypnotique et relaxant sur le muscle lisse du tractus gastro-intestinal » (le tractus gastro-intestinal étant l’ensemble des organes qui constituent l’appareil digestif).
Il a été noté que les bébés allaités avaient moins de coliques, moins de crises d’irritabilité et tendance à avoir une durée de sommeil nocturne plus longue que les bébés nourris aux PCN et donc supposé que la mélatonine joue un rôle dans ces critères ⁷.
Outre l’allaitement vous pouvez établir un lien de proximité étroit avec le bébé en pratiquant du portage, du peau à peau, en verbalisant au maximum. Vous pouvez agir par les bercements, le fredonnement au contact du peau à peau, les chansons et vous apaiser vous même pour apaiser le bébé.
Certaines mamans rapporte l’efficacité des bruits blanc durant ces moments d’agitation.
5. La difficulté de ces pleurs pour les parents :
Pour les parents et toute la famille, ces pleurs sont difficiles. Il est important de passer le relais lorsque cela devient trop dur.
En effet les pleurs inconsolables font partie de la liste des risques du syndrome du bébé secoué ⁸. Il est nécessaire de passer le relais et d’être unis lorsque ces pleurs incessants et inconsolables deviennent trop difficiles à supporter.
La fatigue joue un rôle non négligeable également. Avoir un bébé n’est pas de tout repos et il est important de prendre conscience de ses propres limites afin de s’occuper au mieux de son bébé. Être à l’écoute de son esprit et de son corps est essentiel. La maman aussi subit une chute d’hormone potentiellement responsable de la dépression post partum et qui peut être accentuée par les coliques.
Pour s’occuper d’un bébé qui a des coliques il faut des parents unis, capables de s’en occuper ensemble, le soutien est donc primordial.
6. Conclusion :
En conclusion, bien que les coliques soient, au sens propre du terme, physiologiques, il ne faut pas négliger la prise en charge du bébé. Un bébé en pleine construction neuronale et physique aura toujours besoin que l’on réponde à ses besoins de la façon la plus naturelle et la plus instinctive qui soit. En s’occupant de lui, en étant attentif à ses pleurs, à ses demandes. Il convient ainsi d’explorer toutes les pistes qui sont susceptibles de mener à ces crises de pleurs et d’écarter toutes pistes pathologiques.
Et dans tous les cas, la proximité et l’allaitement sont des réponses naturelles à cet état d’agitation et de pleurs inconsolables.
*¹ Si la correction de la prise au sein ne suffit pas à être optimale, il faudra penser à faire vérifier les freins du bébé pour s’assurer qu’aucune cause « mécanique » ne viennent entraver le bon fonctionnement de la succion. Un frein lingual, labial voir mêmes de joues, dit restrictif (l’ankyloglossie) peuvent entraîner des problèmes de prise au sein.
Il existe des listes de professionnels formés pour poser le diagnostic de l’ankyloglossie. Cet examen doit être pratiqué de façon méthodique en tenant la tête du bébé de façon à ce que le professionnel puisse passer ses doigts tout autour des freins. Cet examen prend du temps et ne peut s’effectuer d’un simple regard ou sur photo.
*² Il ne faut jamais faire une éviction sans en parler au préalable avec un allergologue ou un médecin. Le suivi médical est essentiel en cas d’éviction. Les allergènes passent potentiellement dans le lait. En éliminant des allergènes qui ne créent pas d’inconfort digestif au bébé il risque de développer un manque de sensibilisation à ces allergènes et être plus violemment atteint lors de la réintroduction. C’est pourquoi une éviction d’une catégorie d’aliments quelle qu’elle soit doit absolument se faire lorsque le problème est clairement identifié puis suivie par un professionnel de santé.
Marina Boudey
pour l’Allaitement Tout Un Art.
Sources :
¹ Américain family physician 92 (7), 577-582, de 2015
² The journal of the royal society for the promotion of health, 124 (4), 162-166 de 2004
³ https://www.biocodexmicrobiotainstitute.com/publications/microbiote-infantile-les-inconvenients-de-la-cesarienne-reduits-par-lallaitement
⁴ https://scienceforhealth.fr/visiteusine/
⁵ The journal of pediatrics 166 (1), 74-78 et de 2015
⁶ Journal of pediatrics gastroenterology and nutrition 63 (1S), S22-S24 de 2016
⁷ European journal of pediatrics 171 (4), 729-732 de 2012
⁸ Fiche de synthèse du syndrome du bebe secoue ou traumatisme crânien non accidentel par secouement – HAS – 2017
⁹ Reijneveld SA et al., Infantile colic : maternal smoking as potential risk factor, Arch Dis Child 2000 ; 83(4) : 302-3.
¹⁰ Mise en oeuvre et poursuite dans les 6 premiers mois de l’enfant- HAS- 2002
¹¹ https://smw.ch/article/doi/smw.2018.14665
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Diversification alimentaire
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Préambule
Vous êtes nombreux à nous questionner régulièrement sur le groupe Allaitement Tout Un Art à propos de la diversification.
Ce sujet revient fréquemment et votre publication est classée hors sujet si elle n’est pas directement liée à l’allaitement et nous nous en excusons. Simplement notre groupe reste focalisé sur les questionnements liés au lait maternel et à l’allaitement.
Afin de vous apporter toutefois quelques réponses, voici un petit topo sur le sujet.
Chez ATUA, nous suivons les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé à savoir :
Quand débuter la diversification alimentaire de bébé ?
L’âge préconisé par l’OMS concernant l’introduction d’autres aliments que le lait (qu’il soit maternel ou préparation commerciale pour nourrisson PCN) est de 6 mois révolus. Ceci pour trois raisons principales :
– la maturation du système digestif du bébé
– l’intégration des réflexes archaïques oraux (notamment le réflexe de protrusion de langue, un réflexe de protection qui empêche d’avaler des solides)
– les réserves en fer du bébé et la biodisponibilité du fer dans le lait maternel, couvrent les besoins du bébé allaité exclusivement environ les 6 premiers mois(¹²³).
Cependant s’il y a des allergies dans la famille, un eczéma, une diversification alimentaire peut être préconisée par le pédiatre avant 6 mois. En effet, la fenêtre d’introduction optimale des allergènes se situe entre 4 et 6 mois de vie et impérativement avant un an. Il est tout à fait possible de les introduire à 6 mois simplement il faudra le faire plus rapidement dans un temps plus court en respectant le protocole d’introduction des allergènes classiques (1 à la fois, présenter l’allergène plusieurs fois, attendre quelques jours entre deux allergènes). Un enfant qui prendrait peu de poids n’est pas forcément à diversifier trop rapidement, il est important de rechercher la cause de la mauvaise prise de poids en priorité.
Comment diversifier mon bébé ?
Il existe deux types de diversification :
La DME
Cette méthode de diversification consiste à proposer des morceaux que l’enfant attrapera avec ses doigts. Il est impératif de respecter les recommandations ci-dessous :
– longueur : petit doigt d’adulte ou tube de colle
– diamètre : poing de l’enfant ou balle de ping-pong
– texture : crousti-fondante, écrasable entre les doigts, pas de fruits durs, de fruits avec noyaux (à retirer), de légumes crus, de maïs soufflé, d’aliments non pelés, de mie de pain non grillée, de petits morceaux ronds, de légumes verts feuillus car ils peuvent coller au palais…
– tonus : bébé se tient assis seul plusieurs minutes, sans aide
Il est possible de proposer la DME même si on a commencé par la diversification classique à la cuillère. Il n’est pas nécessaire d’attendre entre l’alimentation à la cuillère et la DME, c’est du cas par cas, il faut bien observer son enfant. Amy Brown a mené une étude sur 3 groupes : DME stricte, DME libre et diversification classique. Il a été constaté que les 3 groupes ont les mêmes risques d’étouffement(4). La DME et la diversification classique peuvent donc être menées conjointement, par exemple l’une à la maison, l’autre à la garderie. Il suffit de ne pas proposer un plat où est mélangé ensemble de la purée et des morceaux. De plus, les purées sont aussi une texture à découvrir quand la DME est pratiquée.
Il existe plusieurs comptes ressources concernant la DME, je vous suggère le compte Facebook/Site web de Jessica Coll, IBCLC et diététiste (oui on dit comme cela dans son pays 😉 ), le compte Facebook/Instagram de Fanny Abadjian, orthophoniste, le compte Facebook/Instagram/Site web de Marie Ruffier-Bourdet, ergothérapeute, le compte Instagram de Diversibaby… La DME est sans risque si elle est encadrée par des règles strictes, comme celles énoncées par Jessica Coll.
La diversification classique
Cette méthode de diversification consiste à proposer des aliments mixés à bébé, donnés par l’adulte à la cuillère ou portés à la bouche par l’enfant lui-même grâce à des cuillères pré-remplies ou plus rarement avec ses doigts. Actuellement, les pédiatres préconisent de commencer par 2 à 3 cuillères de légumes cuits en purée et/ou fruits en compote.
Les types d’aliments à introduire sont les fruits, légumes, pommes de terre, produits céréaliers, légumes secs, viandes, poissons, œufs cuits et matières grasses. Chaque groupe alimentaire pourra être introduit de façon concomitante(5). Il n’y a désormais plus d’obligation d’ordre ou de rythme particulier. Il est plutôt recommandé de proposer des aliments différents en tenant compte des saisons. Dès que la diversification a commencé, il est recommandé d’introduire sans tarder les allergènes majeurs, tels que les produits laitiers, l’œuf ou l’arachide, et cela, quelque soit les antécédents familiaux.
Les légumes sont ainsi associés à des féculents cuits. La matière grasse est apportée principalement par le lait maternel et/ou infantile, qui reste l’alimentation de base jusqu’à 1 an (à raison de 500 à 800ml/j). De la matière grasse est ajoutée lors de la diversification, à raison de 1 à 2 cuillères à café d’huile, ou 1 noisette de beurre. Les matières grasses sont essentielles pour le développement cérébral des bébés. Il est d’ailleurs recommandé d’en ajouter aux petits pots tout-prêts s’ils n’en contiennent pas déjà.
Les fruits peuvent être introduits en parallèle des légumes selon les dernières recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique HCSP 2020. Le gluten peut être introduit sous forme de céréales (une cuillère à café par jour). Les sources de protéines (viande, poisson, oeuf par exemple) cuites (10 g par jour ou 2 cuillères à café ; à 1 an = 20 g par jour ; à 3 ans = 30 g par jour) peuvent être proposées rapidement. Il est déconseillé de proposer des produits à base de soja jusqu’à 3 ans.
Les légumineuses sont très intéressantes, de par l’apport en protéines qu’elles proposent. On peut les proposer dès le début de la diversification, jusqu’à atteindre une fréquence de 2 fois par semaine à 1 an. On adapte la texture aux capacités masticatoires, et la fréquence à la tolérance digestive. Les associer à une céréale permet d’augmenter la biodisponibilité des protéines.
Les dernières recommandations du HCSP précisent qu’il est important de proposer différents aliments chaque jour afin de favoriser l’acceptation de nouveaux aliments par l’enfant.
La transition vers de petits morceaux se fait entre le 8e et le 10e mois (en tout cas avant 1 an). Lors de cette transition, il est important de permettre à l’enfant de porter des aliments seuls à sa bouche. On fait toujours attention aux aliments dangereux : trop durs et/ou ronds (cacahuète, grain de raisin non coupé, noisette, tomate cerise, morceaux de pomme crus…)
Dans les deux types de diversification, il est important de laisser bébé gérer seul la quantité de nourriture qu’il accepte et s’il veut manger.
Jusqu’à 1 an, le lait maternel ou infantile reste l’aliment principal du bébé nécessaire à sa croissance, l’alimentation solide étant de l’ordre de la découverte jusqu’à cet âge. Par conséquent, jusqu’à 1 an, il est recommandé de donner le lait en priorité avant les repas.
Au Canada, il est recommandé de commencer la diversification par des aliments riches en fer et cela deux fois par jour car les réserves hépatiques du bébé et la teneur en fer du lait maternel ne suffisent plus à combler ces besoins (6, 7). On notera qu’associer au moment des repas des aliments riches en vitamine C pourrait permettre de mieux assimiler le fer disponible dans les autres aliments(8).
Donner des laitages fait partie de la diversification, il est conseillé d’attendre 6 mois avant d’en donner, le lait maternel couvrant l’ensemble des besoins de bébé. Un laitage peut potentiellement remplacer une tétée chez un enfant gardé s’il n’accepte pas le lait maternel (ou plus rarement le lait sous forme de PCN) dans un contenant. Avant 1 an, si le bébé refuse le LM sous toutes formes (y compris les flans de lait maternel), il sera nécessaire que ses apports lactés soient adaptés à ses besoins. Les laitages seront de préférence nature et non sucrés. En cas de sevrage du lait maternel, il est important de compenser par un lait 2e âge jusqu’à 1 an. Passé cet âge, il sera possible de passer sur un lait de vache entier, ou un lait de croissance non sucré et non aromatisé, ou de poursuivre le lait 2e âge. En cas de passage sur un lait de vache, celui-ci contenant moins de fer, il sera nécessaire de compenser par l’alimentation solide. Le lait 1⁄2 écrémé n’est pas recommandé, car il contient moins de lipides. Les fromages et produits laitiers au lait cru ne doivent pas être consommés par bébé.
Enfin, il est conseillé de limiter les aliments sucrés et salés et ne pas proposer de miel avant l’âge de 1 an (risque de botulisme).
Comment repérer un trouble alimentaire pédiatrique lors de la diversification ?
Un trouble alimentaire pédiatrique peut apparaître dès la naissance, à ce moment-là il s’agit d’un trouble de la succion.
Il peut apparaître aussi plus tardivement lors de la diversification, ou lors de l’introduction des morceaux pour les bébés diversifiés en diversification classique.
De manière générale, il convient de consulter un spécialiste formé à la prise en soin des troubles alimentaires pédiatriques (appelés aussi troubles de l’oralité alimentaire) après avis du pédiatre ou médecin généraliste qui suit votre bébé, si :
– votre enfant présente de nombreux réflexes nauséeux, fait des fausses routes, se racle la gorge >> il peut s’agir d’une hypersensitivité orale en lien ou pas avec un frein restrictif buccal
– votre enfant présente des difficultés durables à passer à la cuillère au-delà de 8 mois et/ou aux morceaux au-delà de 16 mois >> les difficultés de transition sont très typiques des troubles alimentaires
– 3 critères sont à retenir pour qualifier un trouble dit alimentaire (Thomas Fondelli, psychologue), un seul critère peut être présent :
Si vous constatez une ou plusieurs de ces difficultés qui perdurent au cours de la diversification (supérieur à 2 semaines) ou même à distance, et en dehors de toute maladie, il s’agit peut-être d’un trouble alimentaire pédiatrique à explorer.
La plupart des enfants passent par un stade de néophobie alimentaire (peur de la nouveauté) qui apparaît vers 2 ans et est physiologique, les enfants sans trouble alimentaire passent ce cap. Cette néophobie alimentaire peut perdurer jusqu’à 6 ans (11 ans selon les auteurs).
Une perte d’appétit peut aussi être liée à une carence en fer (anémie) ou en zinc. Il convient de faire un point avec un pédiatre si vous avez un doute.
Dans tous les cas, nous vous suggérons de discuter de votre projet de diversification avec le pédiatre ou médecin généraliste qui suit votre bébé ou une diététicienne/ diététiste.
Audrey, Orthophoniste et Lact’aidante Isère
Emilie, Infirmière Puéricultrice et Lact’aidante Maine et Loire
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Allaitement mixte / Allaitement partiel
L’allaitement mixte ou « allaitement partiel » est défini par un allaitement qui intègre du lait maternel et des PCN (préparation commerciale pour nourrisson/ lait infantile). Nous allons voir comment établir un allaitement mixte sans que la lactation ne soit impactée.
1. Les raisons de l’allaitement mixte
L’allaitement mixte est un choix qui peut être envisagé tout en maintenant la lactation si on respecte certaines règles.
Ce choix, qui vous appartient, doit s’effectuer pour les « bonnes » raisons. L’allaitement mixte doit résider comme un choix consenti pour des raisons propres à la maman (reprise d’activité et ne souhaite pas tirer son lait, souhaite passer le relais à une tierce personne, souhaite intégrer le mixte dans le cadre d’un futur sevrage….) , et non lié à la physiologie naturelle de l’enfant et le désir de son contrôle (tétées groupées, sommeil de bébé en retirant toutes les tétées de nuit, fatigue associée souvent à tort à l’allaitement, le fameux 4ème trimestre de grossesse).
Il se peut également que l’allaitement mixte soit une nécessité à la naissance pour raison médicale. Dans ce cas il sera important, si tel est le désir de la maman, de donner seulement les compléments nécessaires puis de revenir rapidement vers un allaitement exclusif.
2. Quand mettre en place de l’allaitement mixte :
La lactation de la mère s’établit durant environ les 4 à 8 premières semaines. Durant cette période, la succion de bébé et les mises au sein fréquentes permettent de programmer la lactation future de la maman grâce aux récepteurs aréolaires activant les hormones telles que la prolactine et l’ocytocine ¹. Durant cette période, s’il y a intégration de PCN, la mise en place de la lactation ne s’établira pas correctement et l’allaitement au sein risque d’être écourté. Il est aussi important de s’assurer que la succion de bébé est correcte et que le transfert de lait est bon. Il est possible de faire vérifier ces points par une consultante en lactation certifiée IBCLC, une sage femme formée en allaitement ou même nos Lact’aidantes.
« Hill et All, ont mis en évidence que l’introduction précoce (durant la 2eme semaine) de biberons de substituts de lait était nettement associée à un sevrage plus rapide ».
Branger et Al ont montré que, sur un panel de 150 femmes ayant intégré des compléments, la durée de l’allaitement était beaucoup plus courte (6 semaines VS 13 semaines).
Vogel et Al ont retrouvé, dans une analyse multivariée, un risque d’allaitement écourté en cas d’utilisation de compléments durant le 1er mois.²
Ainsi, par principe de précaution, il est essentiel d’intégrer les PCN le plus tard possible dans une fenêtre de 4 à 8 semaines.
3. Comment mettre en place l’allaitement mixte :
a. Les quantités :
La question récurrente de l’allaitement mixte est souvent :
» Quelle quantité de PCN donner à mon bébé ? « .
Il faudra donner les PCN comme le sein, c’est-à-dire à la demande. Il faudra donc privilégier de petites quantités et augmenter progressivement en fonction des besoins du bébé et de son comportement.
Un bébé reconnaît les signes de sa satiété, il est tout à fait capable de définir de lui-même les quantités qu’il lui faut. Mais, pour lui laisser exploiter cette capacité naturelle, il faudra choisir le bon contenant et/ou la façon la plus physiologique de lui donner.
b. Les contenants :
Le biberon est généralement le 1er choix vers lequel s’orientent les mères. Or, il réside deux problématiques à prendre en considération avant de choisir ce contenant.
Tout d’abord il existe un risque de perturbation de succion et un risque de suralimenter le bébé, ce qui pourrait potentiellement écourter l’allaitement mixte vers un sevrage induit (moins de tétées = moins de stimulation et donc diminution de la production de lait).
En effet, d’après Suzanne Colson ³ parlant d’un biberon avalé goulument: « cette déglutition rapide n’a rien à voir avec l’intérêt ou la faim, mais plutôt avec la longueur de la tétine, prévue pour déclencher le réflexe de succion. […] Il ingère la préparation rapidement parce que les réflexes ont été déclenchés, pas nécessairement par appétit, ni intérêt. »
C’est pourquoi il peut être intéressant de s’orienter vers un choix de contenant n’induisant pas de risque de confusion et respectant donc la satiété de bébé grâce aux efforts de succion fournis avec ces contenants (la softcup et la babycup et/ou verre sont d’excellents choix pour la poursuite d’un allaitement mixte durable).
Ceci dit, si le biberon est le contenant choisi, il sera important de privilégier une tétine à débit lent, longue et en caoutchouc naturel. La technique du Peaced Bottle Feeding permettra au bébé de gérer sa satiété. Les marques qui vendent des biberons « imitant le sein » ne sont que des arguments commerciaux, ils ne limitent pas les risques au même titre qu’un biberon lambda.
Dans le cas d’un allaitement mixte dès la naissance pour raison médicale, il sera important d’utiliser le DAL au sein si possible ou au doigt si le sein n’est pas possible. Ainsi, le bébé recevra ses compléments tout en stimulant la lactation (DAL au sein) de la mère et sans modifier sa succion. La succion est un apprentissage ; plus le bébé tète, plus il apprend à téter de façon efficace.
Dès que les raisons médicales ne nécessitent plus de donner des compléments au bébé, et si telle est la volonté de la maman, il sera nécessaire de revenir à un allaitement exclusif pour permettre la bonne mise en place de la lactation.
c. Le rythme entre LM et PCN :
La lactation ne répond qu’à cette règle essentielle : la stimulation par la succion (qu’elle soit naturelle – bébé – ou fictive – tire-lait-). Plus bébé tète, plus vous maintenez une lactation optimale.
Il a été défini que la moyenne des tétées était entre 8 et 12 par 24h, bien qu’aucune preuve scientifique ne vienne corroborer cette donnée, mais c’est une moyenne tout à fait acceptable pour commencer à établir le rythme d’un allaitement mixte. Bien sûr il faudra ajuster votre rythme en fonction du nombre de tétées moyen de votre bébé, chaque bébé étant unique et chaque rythme l’étant également. Ainsi, plus vous enlevez de tétées, plus la lactation s’ajuste au nombre de tétées qu’il reste. C’est pourquoi il est conseillé d’y aller progressivement et de garder un nombre de tétées suffisant pour le maintien d’une lactation optimale. Vous pouvez donner les PCN dans le contenant de votre choix, de façon physiologique et définir vous-même le rythme qui vous convient en fonction de vos besoins.
Si la fréquence des PCN vous semble trop grande et que les tétées diminuent en nombre et/ou que bébé s’énerve au sein indiquant une potentielle baisse de lactation, vous pourrez réajuster les quantités de PCN à la baisse de façon à faire augmenter les tétées.
De cette question nous revenons à celle de la physiologie naturelle du bébé et de son sommeil. Rappelons que de remplir un estomac par une préparation plus difficile et plus longue à digérer ne réduira pas les réveils fréquents du bébé, le sommeil du bébé étant d’ordre neuronal.
Il a été démontré que les tétées nocturnes sont importantes. Selon la HAS » le taux de prolactine même s’il n’est pas corrélé au volume de lait produit est plus élevé en réponse à une tétée la nuit ; si le bébé peut téter la nuit librement, le taux de base de prolactine sera aussi plus élevé. » ²
On en revient donc à la question de la stimulation par la succion qui permet une lactation optimale.
On peut en conclure que pour qu’un allaitement mixte soit pérenne, il faudra maintenir quelques tétées la nuit.
Si vous souhaitez qu’une tierce personne prenne le relais la nuit, vous pouvez intégrer des PCN et ajuster la quantité en fonction d’une éventuelle baisse de lactation.
Car un bébé qui dort la nuit se rattrape généralement en tétées de jour et active la lactation en tétant davantage. Mais un bébé nourri aux PCN la nuit aura probablement moins de raisons de téter de façon nutritive la journée. Ainsi, votre lactation s’ajustera au nombre de tétées sur 24h.
Si le bébé n’accepte pas le goût de la PCN, il est possible de changer. Mais, il est aussi possible de commencer par proposer du lait maternel dans le contenant, afin que votre bébé se familiarise d’abord avec ce dernier. Puis de mélanger un peu de LM avec les PCN (préalablement préparée. On ne dilue pas la poudre dans du LM mais d’abord dans de l’eau puis on mélange au LM dans ce cas précis). Par exemple en mélangeant 80% de LM à 20% de PCN, puis réduire peu à peu à 60/40, 30/70… Tous ces pourcentages restent approximatifs mais donnent une idée sur la façon de procéder pour habituer le bébé au goût de la PCN sans le brusquer.
4. Comment reconnaître les signes d’une baisse de lactation et ajuster en conséquence ?
Le bébé peut s’énerver au sein car le réflexe d’éjection met plus de temps à arriver, et ce souci n’est pas ponctuel mais régulier.
Les tétées deviennent soudainement plus courtes et plus rares, et évidemment tout cela coïncide en parallèle avec une augmentation de l’appétit de bébé et donc des quantités de PCN. Ces éléments pris de façon isolée n’indiquent pas fatalement de baisse de lactation. En effet, des tétées plus courtes et plus rares peuvent coïncider avec une succion plus efficace et un rythme qui s’ajuste, donc il est important de noter un ensemble de comportements et pas juste un élément isolé.
Il suffira de proposer le sein plus souvent. Et en parallèle, réduire progressivement les quantités de PCN par prise et donc par 24h. Ne jamais forcer un bébé à boire au sein. Favoriser le contact de proximité en peau à peau, la poitrine à l’air. Entourez-vous d’amour et faites monter le taux d’ocytocine, hormone de l’amour et de l’éjection du lait. Et détendez-vous car un retour vers une lactation plus élevée est toujours possible. La stimulation par la succion, ainsi que la réduction des PCN sont les clés pour ajuster le ratio des quantités bues par bébé au sein et avec les PCN. Au besoin, il est possible de booster sa lactation.
5. Conclusion :
Nous avons vu comment établir un allaitement mixte de façon pérenne. Avec ces quelques règles de mise en place et ces suggestions, il sera possible de surveiller votre lactation et ajuster au besoin. Cet allaitement peut être poursuivi aussi longtemps que vous maintiendrez un nombre suffisant de tétées pour permettre à votre lactation d’être optimale. Il est conseillé de ne pas donner de sucette afin de ne pas négliger cette succion essentielle et fragile lors de l’allaitement mixte.
Marina Boudey
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
¹ http://campus.cerimes.fr/ Support de cours- Physiologie de la lactation- comité éditorial pédagogique de l’UVMaF- 01/03/2011
² https://www.has-sante.fr/jcms/c_272220/fr/allaitement-maternel-mise-en-oeuvre-et-poursuite-dans-les-6-premiers-mois-de-vie-de-l-enfant
³ Livre Biological Nurturing de Suzanne Colson
Last Updated: 06/06/2021 by Allaitement Tout Un Art
Conservation du Lait Maternel
La conservation du lait maternel est toujours sujet à beaucoup de questions, conservation du lait fraîchement tiré, du lait décongelé, du lait chauffé… On est souvent confronté à des chiffres différents selon les sources que l’on regarde. Et c’est normal ! De nombreuses études viennent s’ajouter au fil des années. Vous entendrez aussi souvent la règle du 4/4/4 (4h à température ambiante/ 4 jours au réfrigérateur/ 4 mois au congélateur) qui est une bonne règle car elle globalise les données recensées jusqu’à présent, mais ici nous prendrons en compte les dernières études, les plus récentes et essaierons d’être le plus précis possible. Ceci dit, vous pourrez retrouver le comparatif des études, des plus récentes aux moins récentes sur notre tableau.
Le lait maternel a encore bon nombre de mystères qui sont dévoilés peu à peu, c’est pourquoi cet article pourra évoluer en fonction des dernières études mises en exergue.
1. Question d’hygiène :
Avant de tirer son lait il est important de bien se laver les mains à l’eau et au savon ou si aucun point d’eau n’est accessible, au gel hydro alcoolique. Il faudra aussi bien laver le matériel à l’eau et au savon avant de l’utiliser ¹. Le réfrigérateur doit être lavé au moins une fois par mois.
Plus le protocole d’hygiène est respecté et moins la prolifération bactérienne sera rapide. Ainsi les délais de conservation pourront être optimums.
2. Lait fraîchement tiré :
Entre 10° à 29° jusqu’à 6 à 8h maximum selon des conditions optimales d’hygiène. Mais entre 27° à 32° le lait sera conservé plutôt jusqu’à 4h maximum. Quelles que soient les durées maximums énoncées, il est conseillé de réfrigérer le lait maternel aussi vite que possible.¹
À 15° on peut le garder 24h maximum.¹ Il est possible de transporter son lait avec des pains de glace mais si le trajet devait être long il existe des petites glacières électriques transportables qui permettent de contrôler la température. Certaines se branchent sur l’allume-cigare de la voiture.
Ne jamais mettre le lait dans la porte du réfrigérateur, les variations de température sont trop importantes. À 4° jusqu’à 8 jours reste acceptable *¹. Plusieurs études ont montré que 4 jours étaient une limite correcte. Précisément une étude a constaté une faible croissance bactérienne après 72h.¹
De -18° à -20° 3 mois en toute sécurité. 6 mois étant une durée optimale et 12 mois étant une durée acceptable *². ¹
Le lait doit être consommé dans les 1h à 2h suivant la dernière chauffe. Il devra idéalement être réchauffé dans un contenant qui ne devra pas être en contact avec la bouche de bébé afin de limiter la prolifération bactérienne.¹
3. Lait décongelé :
Le lait maternel décongelé depuis 24h au réfrigérateur ne pourra pas être laissé plus de 2h à température ambiante.¹
Le lait maternel décongelé ne pourra être chauffé qu’une seule fois. Aucune donnée ne permet d’assurer la salubrité du lait après une 2ème chauffe, par principe de précaution le réchauffage du lait maternel ne devra s’effectuer qu’une seule fois.
4. Réchauffer un lait :
Le lait réfrigéré devra être réchauffé sous un filet d’eau chaude idéalement. Ou même durant une vingtaine de minutes dans de l’eau tiède (pas plus de 40°) pour avoir une température avoisinant celle du corps (c’est-à-dire 37°). ¹ Ou au chauffe biberon à la puissance faible. Ou encore au bain marie, une fois l’eau en ébullition ajoutez un volume d’eau froide qui permettra de faire baisser la température à 40° environ, et là ajoutez le lait dans son contenant afin qu’il atteigne la température idéale. Mais surtout un lait ne devra JAMAIS être réchauffé au micro-ondes, le risque de brûlures étant considérable et les propriétés globales du lait maternel pouvant être altérées.¹
Un lait congelé doit être idéalement mis au réfrigérateur la veille pour le lendemain. Il est possible de le réchauffer sous un filet d’eau chaude. Ou dans un bac d’eau chaude. La décongélation au réfrigérateur permet de limiter les pertes de lipides (gras) par rapport à une décongélation rapide à l’eau chaude.¹
5. Mélanger plusieurs tirages :
Il est possible de mélanger plusieurs tirages à condition que les laits soient à la même température. C’est-à-dire que plusieurs tirages d’une ou de plusieurs journées (une durée raisonnable de journées, pas un délai de conservation acceptable ou maximum) devront être refroidis au réfrigérateur avant d’être mélangés, puis éventuellement être congelés. Une fois refroidi, il est possible que le lait se déphase, une couche épaisse apparaît en surface. Il s’agit du gras qui remonte, la phase aqueuse restant en dessous. Il suffira de mélanger délicatement le lait maternel pour réunir à nouveau ces deux phases.
6. Congeler son lait :
Il est important de laisser un lait refroidir au réfrigérateur avant de le mettre au congélateur. Le lait maternel doit être conservé dans le fond du congélateur, tenu à l’écart des parois du congélateur, dans un contenant hermétique, daté. Le volume augmentant à la congélation, il faudra penser à laisser un espace vide dans le contenant. Les quantités congelées ne devraient pas excéder 15 à 60 ml afin d’éviter le gaspillage lors du réchauffage ¹. Un lait décongelé ne pourra pas être recongelé.
7. Durées de conservation :
Les durées de conservation ne peuvent pas être cumulées dans leur maximum. Il est important de respecter des règles sanitaires logiques. Si vous laissez votre lait 6 à 8 h à température ambiante, vous ne pourrez pas le laisser encore 8 jours au réfrigérateur. Partez du principe de ne pas calculer les maximums mais que si votre lait doit être tiré puis mis au frigo ou en glacière, puis ramené à la maison pour être congelé,il faudra rapidement le mettre au congélateur une fois rentré.
L’AFSSA est plus stricte dans ses règles de conservation du fait que les règles s’appliquent autant à des nouveaux-nés nés à terme et en bonne santé qu’à des prématurés. C’est pourquoi nous appliquerons ici essentiellement les règles de conservation relatives au protocole ABM #8 datant de 2017.
Vous pourrez néanmoins retrouver toutes les données du protocole ABM, de l’AFSSA et de la HAS dans notre tableau comparatif, ainsi que leurs sources initiales.
Tableau comparatif :
*¹ Après 48 à 72h les capacités bactéricides (qui luttent contre les bactéries) du lait maternel baissent significativement. Mais à 72h une étude a montré malgré tout une faible prolifération bactérienne. Les lipides et les lipases (enzymes digestives) restent stables jusqu’à 96h, la lactoferrine reste stable jusqu’à 4/ 5 jours. Les cytokines (protéines agissant entre cellules), les IgA (anticorps) et d’autres facteurs immunitaires propres au colostrum ne baissent pas après 48h de réfrigération. C’est pourquoi la limite de 4 jours au réfrigérateur est idéale.
*² Après 3 mois, les taux de lipides, de protéines et de calories baissent. Le taux d’acidité augmente en raison de la poursuite de l’activité des lipases (qui sont une enzyme digestive). La lactoferrine baisse également. Après 1 à 5 mois, le taux de vitamine D baisse. Peu de données existent sur la façon dont la congélation affecte les minéraux et les vitamines. Les cytokines (protéines agissant entre cellules), les IgA (anticorps) et le facteur de croissance du colostrum restent quasi inchangés durant 6 mois. Ces données permettent de comprendre pourquoi la durée de conservation de 6 mois reste une limite idéale.
Marina Boudey
pour l’Allaitement Tout Un Art
Source :
¹ protocole ABM #8 2017
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Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Préservation du couple dans la parentalité proximale
Avoir un enfant, on le sait, c’est un bouleversement incroyable dans un couple, entre la vie domestique et le travail (car malheureusement on doit bien y retourner ). Beaucoup n’y survivent pas tandis que d’autres en sortent encore plus soudés. Au-delà de la « solidité » de base du couple, des choses peuvent être gardées en tête afin de surmonter ce passage difficile. En effet, l’arrivée d’un bébé (que ce soit le premier ou le troisième), met quasiment toujours le couple à rude épreuve à certains moments. Cela est d’autant plus vrai si les parents pratiquent le parentage proximal qui demande un investissement important de la part des parents et particulièrement de la maman avec, entre autre, l’allaitement à la demande.
Être parents bouleverse tout: nos idées, nos valeurs et notre place dans la société. Il est alors légitime de se demander ce que le couple peut faire pour affronter au mieux le bouleversement de l’arrivée d’un enfant ? Quelle place pour le deuxième parent ?
Il faut repenser différemment sa manière de vivre pour ne pas se sentir submergé (et malgré tout vous le serez !).
1. Être en accord, se faire confiance et s’aider mutuellement.
Avant tout, il paraît essentiel d’avoir discuté d’une éducation commune afin d’aller dans la même direction et d’éviter les conflits récurrents sur ce sujet (cododo ou non etc).
Le deuxième parent n’est pas une “pièce rapportée », c’est lui en général qui est présent durant l’accouchement et qui parfois coupe le cordon, geste ô combien symbolique de sa place dans ce trio. Il est et restera le soutien indispensable qui rassure la maman, l’aide dans la gestion de la maison et dans les soins du bébé.
Il est très important que le deuxième parent puisse aider dans la gestion du quotidien et notamment des tâches ménagères surtout les deux premiers mois après l’accouchement. C’est une réelle bouffée d’oxygène pour la maman d’avoir une maison à peu près propre (linge plié…) sans pour autant avoir eu à y passer des heures. Cela lui permet de ne pas avoir le sentiment soit de délaisser son bébé et son propre repos, soit d’être une “mauvaise mère” qui vit dans une maison sale (la pression de la société est ici un vrai fléau). Le deuxième parent est aussi une réelle aide dans la gestion des aînés (les nourrir, les divertir …).
C’est en partie cet investissement du/de la conjoint(e) qui fera que la période post-partum se passera plus ou moins bien pour la maman.
Une parentalité réussie c’est donc un binôme qui se respecte, se soutient, se fait confiance et partage les moments de bonheur mais aussi les tâches ménagères, les moments de doute et la fatigue.
2. Dormir et se faire aider si besoin :
Accompagner un enfant demande beaucoup d’énergie, d’investissement, de patience et d’amour pour si peu de sommeil. C’est pourquoi il est PRIMORDIAL d’essayer de dormir quand on le peut. On ne le répétera jamais assez mais profitez des siestes de bébé pour dormir vous aussi (même si bébé dort sur vous !), ne serait-ce qu’un repos de 20 minutes vous fera du bien sur le court/moyen et long terme, vous pouvez aussi fermer vos yeux pendant les tétées.
Gardez en tête que la maison peut prendre un peu la poussière (encore une fois, la pression de la société est énorme, cette pression qui n’a en réalité pas lieu d’être car ce n’est pas catastrophique si la maison est en bazarre quelques mois), que les repas simples (moins d’une demi heure de préparation) peuvent aussi être savoureux et nutritifs, gardez à portée de main quelques fruits secs et snacks rapides. N’hésitez pas avant l’accouchement à préparer des bocaux et tupperwares que vous congelerez pour les jours où vous n’aurez pas le temps. N’hésitez pas également à demander à vos proches de vous préparer de bons petits plats au lieu de vous offrir un énième doudou ou une énième tenue en 1 mois. Ils peuvent également venir vous aider dans les tâches ménagères (surtout si le deuxième parent a déjà repris le travail).
De manière générale, il est important de savoir parfois chercher ou demander de l’aide car même les super héros ont besoin de soutien.
Pensez aussi qu’ il y a toujours moyen de trouver des solutions, être parent ne veut pas dire être parfait. Vous allez faire ou avez fait des erreurs mais les erreurs faites avec amour sont les plus faciles à pardonner, pour soi-même comme pour les autres. N’ hésitez pas à contacter des parents autour de vous, des groupes de soutien (comme le notre) ou des amis pour évacuer la pression.
3. Se dégager du temps à deux, communiquer :
Il faut garder en tête que l’on est mère mais que l’on reste femme également. Il est important de garder des moments pour soi-même et pour son/sa partenaire. Quand vous vous sentez prêts, n’hésitez pas à faire garder votre bébé (ne serait-ce que pour une heure) afin de prendre un bon bain, de dormir ou même pour un déjeuner ou une balade en amoureux.
Continuez à communiquer, dites quand c’est dur, quand vous êtes fatigué, parlez de vos émotions même si elles vous font honte (combien de mamans souffrent de parfois ressentir des émotions négatives envers leur bébé et n’osent pas le partager alors que c’est précisément ce dont elles auraient besoin, d’évacuer !). Évoquez également avec votre partenaire les bons moments, les réussites, les petits bonheurs de la journée, continuez à parler de vos projets pour l’avenir… Il est important aussi d’essayer de garder un contact physique, cela peut se faire par le biais de caresses, de bisous ou tout simplement par le fait d’entourer maman et bébé de ses bras lors d’une tétée, de préparer une petite tisane ou encore un petit dîner au chandelles, bref soyez attentif aux besoins de votre moitié (et de votre bébé), soyez présent et faites preuve d’initiatives.
– Ne pas « forcer » la sexualité
Malgré l’arrivée d’un bébé la préservation du couple et notamment de la sexualité est tout à fait possible à condition d’y rester attentif. En effet, après une naissance, la maman a une chute de libido, cette chute varie dans le temps d’une femme à l’autre. Dans certaines situations, les mamans peuvent également éprouver un rejet total des attentions physiques de leurs partenaires. Les conjoints/es peuvent alors sentir un vide voire un manque par rapport aux rapports sexuels. Malgré ce manque, le deuxième parent se doit de prendre en compte le bouleversement des hormones dû à la grossesse puis à l’accouchement et à l’allaitement. Il doit se rappeler que cette situation n’est que “ponctuelle” et ne transparaît pas d’un état qui durera éternellement, il faut donc être patient.
Il est également important de ne pas “forcer” votre partenaire (en insistant par exemple) ou de se forcer soi-même, surtout après l’accouchement. Quand le corps est prêt la femme le sait, le sent. Insister ne ferait qu’ajouter de la pression supplémentaire sur les épaules de la femme et ne ferait donc que retarder le retour du désir. Vous pouvez tout à fait continuer à séduire votre partenaire malgré tout, caresses, bisous, effleurements, se prendre dans les bras l’ un l’autre ou encore petits pas de danse entre deux portes permettent de perpétuer la flamme tout en la faisant vivre autrement, ou dans les cas les plus extrêmes être présent(e) et compréhensif(ve) . De même, n’hésitez pas au début à ne réaliser que des préliminaires.
Pour conclure :
On peut dire que la parentalité dans un couple qui pratique la parentalité proximale (ou non) n’est pas toujours facile mais est loin d’être insurmontable. Un couple fort et soudé sera moins ébranlé par le tsunami qu’est l’arrivée d’un mini-nous. L’important reste de se sentir en osmose avec votre enfant et votre partenaire. Pour cela il vous faudra communiquer, beaucoup ! Il vous faudra aussi dormir afin d’être “apte” à accueillir vos émotions, à réfléchir et à échanger. Essayez de vous dégager des moments à deux de temps en temps, de rester complice et tactile. Apprenez à déléguer, à demander de l’aide, apprenez à oublier les remarques et critiques qui seront toujours présentes peu importe ce que vous choisissez (quoi !? Il tète encoooore !). Ces critiques n’apportent rien dans votre vie si ce n’est de la peine et des doutes, elles n’ont aucune importance ni valeur de vérité . Profitez à fond des moments passés avec votre bébé, son odeur quand il est blotti contre vous la nuit, sa manière d’enfouir son nez contre votre peau… Gardez en tête qu’il va grandir, s’émanciper, créer sa vie et son monde en s’éloignant de vous. Tous les moments qui vous paraissent insurmontables et angoissants aujourd’hui seront alors devenus de merveilleux souvenirs. N’y a-t-il pas de meilleures raisons pour en profiter et ne pas se poser de questions sur vos choix de parentage proximal (cododo, allaitement non écourté …) malgré les éventuelles critiques ? Restez vous-même, respectez-vous et votre famille, relativisez et prenez du recul car votre aventure sera longue, belle, enrichissante mais aussi très fatigante, elle vous ébranlera parfois mais cela vous fera grandir et évoluer. L’important est réellement de vous faire confiance, soyez sûr de vos choix de couple, vous en avez déjà parlé, vous y avez réfléchi. Rappelez-vous, vous êtes et serez toujours ce qu’il y a de meilleur pour votre enfant !
Belle aventure à tous
Co-écrit par Anne O., Manon C.
de l’Association l’Allaitement Tout Un Art
et Christophe D.
du réseaux des P.A.P.’S (Papas.Allaitement.Partage et Soutien)
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Tabac et allaitement
Beaucoup de mamans fumeuses n’osent pas tenter l’aventure de l’allaitement. Les études montrent qu’au contraire, il vaut mieux fumer et allaiter que fumer et ne pas allaiter. Nous allons évoquer avec vous les différents aspects importants à savoir pour faire votre choix en pleine conscience.
1. Origine des doutes, différence avec la grossesse :
On entend souvent à tort que le tabac est déconseillé pendant l’allaitement comme il l’est pendant la grossesse. Cependant, les échanges entre la mère et son enfant via le lait maternel, sont moins importants pendant l’allaitement que pendant la grossesse via le placenta. Ainsi les conséquences néfastes sur la santé du bébé sont moindres que sur la santé du fœtus.
2. Effets délétères chez la mère et son bébé :
Fumer reste néfaste pour la mère et la nicotine joue sur la production lactée de la mère. Celle-ci diminue la prolactine(1) et influe négativement sur la production lactée, surtout si la maman fume plus de 15 cigarettes par jour(2). Fumer provoque aussi des pics d’adrénaline, qui peuvent retarder le réflexe d’éjection(3).
Cependant la composition du lait reste bonne. Il y a certes une modification modérée de la teneur en lipides, en vitamines C et B12, mais à des dosages qui n’affectent pas la qualité nutritionnelle du lait maternel(4).
La nicotine passe effectivement dans le lait maternel : 2h après la dernière cigarette, 50% de la nicotine présente dans le lait maternel est éliminée(5 et 6), 6h après 90% de la nicotine présente dans le lait maternel est éliminée(7 et 8). Cependant ces taux sont nuancés en fonction du nombre de cigarettes fumées par jour, de l’exposition au tabagisme passif, du temps entre 2 cigarettes, et de la façon dont la fumée est inhalée(9).
Chez le bébé, la nicotine qui passe rapidement dans le lait, peut entraîner de l’irritabilité, des nausées, des vomissements, une modification de la pression artérielle, des douleurs abdominales … Les bébés allaités par une mère qui fume une quantité supérieure ou égale à 5 cigarettes par jour sont plus enclins aux coliques et aux pleurs(10).
La nicotine change le goût du lait, certains enfants peuvent ne pas aimer ce goût, râler ou rejeter le sein.
Il est important de noter qu’il n’existe aucune étude à ce jour sur les effets des autres composants de la cigarette chez les enfants allaités.
3. Une protection pour le bébé
Bien qu’il soit préférable pour la santé de la mère d’arrêter, il vaut mieux que l’allaitement soit poursuivi malgré le tabagisme de la mère. Les études montrent que :
– si la mère a été fumeuse pendant la grossesse, le nouveau-né présentera des syndromes de sevrage. Cependant les nouveau-nés allaités élimineraient mieux la cotinine (produit de la dégradation de la nicotine), que les nouveaux nés nourris au lait artificiel.
– même dans le cas d’une maman fumeuse, le lait maternel protège contre les infections respiratoires (asthme, bronchite, bronchiolite)(11) . Ce qui s’avère une bonne nouvelle pour ces enfants-là particulièrement.
– les enfants allaités par des mères fumeuses ont moins de coliques que les enfants de mères fumeuses au lait artificiel(12).
– l’allaitement modère les effets du tabagisme passif (d’autant plus si l’allaitement se poursuit après 6 mois) : tels que les problèmes respiratoires, les coliques, et les ralentissements de la croissance …(13)
– il y a un effet protecteur sur les bronchiolites aiguës si l’allaitement est supérieur à 4 mois(14).
– le risque de mort subite du nourrisson est plus faible, notamment quand l’allaitement est long et exclusif(15) . Afin de prévenir ce risque, le cododo est d’autant plus déconseillé quand l’un des parents est fumeur, car ce dernier rejette du monoxyde de carbone en expirant.
4. Privilégier les substituts nicotiniques :
Le tabagisme passif est plus néfaste que l’absorption de la nicotine par le lait maternel(16) Pour limiter les effets, les mamans peuvent utiliser des substituts nicotiniques, le passage lacté de la nicotine est moindre, les autres produits toxiques de la cigarette sont absents.
Les substituts nicotiniques ne sont pas contre-indiqués pendant l’allaitement et sont largement préférables aux cigarettes. Si les substituts choisis sont à avaler, il vaudra mieux les prendre juste après une tétée et attendre 2h avant la prochaine tétée(17).
Il y a beaucoup moins de documentations sur la cigarette électronique que sur le tabac. Le liquide qu’elle contient est composé de glycérine végétale, de propylène glycol, d’arômes, avec ou sans nicotine. La glycérine végétale et le propylène glycol sont présents dans des produits alimentaires et cosmétiques, et sont considérés sans danger(18). Quant aux arômes, il n’y a pas d’études sur les effets lors de l’allaitement. L’ANSES (Agence Nationale de SEcurité Sanitaire de l’alimentation) définit le cadre réglementaire qui les régit(19).
La nicotine étant plus facilement assimilée par voie aérienne, il convient de ne pas vapoter en présence des enfants. Les liquides contenant de la nicotine doivent impérativement être conservés hors de portée des enfants.
Mesures de précaution :
Conclusion :
Pour conclure, le tabagisme de la mère ne doit pas être vu comme une contre-indication à allaiter. Les bénéfices de l’allaitement sont supérieurs aux désagréments du tabagisme de la mère, même si le tabac est une contre indication au don de lait maternel(20). Des mesures de précautions simples peuvent être appliquées. Cependant, l’arrêt du tabac reste la meilleure solution pour la santé de la mère et de son entourage proche.
Si vous souhaitez arrêter de fumer ou réduire votre consommation de cigarettes :
Audrey B.
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Plusieurs sein par tétées – Le lait gras
On se demande souvent comment faire pour s’assurer d’un transfert de lait efficace : faut-il donner un ou deux seins, mon bébé aura t-il tous les apports essentiels à son développement, mon lait est-il assez riche pour lui ? Toutes ces questions seront développées ici.
1. Un ou deux seins par tétée?
Il n’y a pas de règle. Le seul paramètre qui compte est celui de drainer au maximum le sein afin de permettre une lactation optimale. En fonction de votre instinct et de l’observation de votre bébé vous verrez si un seul sein suffit ou si les deux sont nécessaires.
Selon une étude menée par Wooldrige et Fisher, il a été observé une différence entre le « lait de début de tétée et de fin » ¹. Le « lait de début de tétée » est surtout plus riche en lactose et peut donner lieu à des inconforts digestifs et des selles vertes, ce qui peut aussi être le cas avec un REF.Ainsi, la règle obsolète de « donner les 2 seins à chaque tétée » peut donner lieu à une prise trop grande de lactose car le 1er sein n’est pas drainé au maximum avant de passer au suivant.
Righard et Al ont étudié, menée sur un panel de 80 femmes, la différence entre donner un seul sein ou les deux, il n’y avait aucune différence sur le sommeil, les pleurs, le nombre de tétées et les selles ¹.
Enfin, l’étude de Evans et Al, menée sur un panel de 302 femmes, a démontré l’impact qu’il y avait à donner un ou deux seins sur les engorgements, les mastites et les « coliques du nourrisson ». Il n’y avait pas de différence significative sur la durée de l’allaitement, les mastites ni dans la prise de poids durant la 1ere semaine. À la rigueur, donner un seul sein semblait réduire un peu le risque de mastite (7% pour un seul sein et 20% lorsque l’on donne les deux) et « les coliques » mais aucune donnée ne permet de conseiller de ne donner qu’un seul sein par tétée ou deux ¹.
En conclusion, il faut se fier à sa seule observation et à son ressenti, chaque mère ayant une capacité de stockage qui lui est propre et chaque bébé ayant un rythme de tétée lui étant propre également. S’il vous semble que le bébé n’est pas rassasié après avoir fini un sein, vous pouvez proposer l’autre. Si le bébé refuse, il ne faut pas le forcer, c’est qu’il a pris la ration dont il avait besoin. Inutile également d’écourter une tétée afin de donner absolument le deuxième sein,le risque serait que le bébé ne boive que le lait plus fort en lactose et qu’il en ressorte un inconfort digestif ¹.
2. Comment savoir si mon sein a été drainé?
Certaines mamans préfèrent la méthode ABBA ( sein A, puis B, puis B encore, puis le A à nouveau), mais il s’agit avant tout de faire selon votre ressenti et de donner le sein qui est le plus tendu. Si à la prochaine tétée vous ressentez encore une tension ou des petites masses dans le sein qui indiquent que le drainage n’est pas optimal, vous pouvez redonner ce sein avant de passer au suivant.
S’il n’y a pas de REF (Réflexe d’Éjection Fort) avéré vous pouvez effectuer une compression du sein, maintenez la compression tant que le bébé déglutit. Lorsque le bébé arrête de déglutir, refaites une compression en tournant vos doigts pour solliciter les autres canaux galactophores. Si de nouveau le bébé ne déglutit plus après 2 ou 3 compressions, proposez l’autre sein. S’il l’accepte tant mieux, si non profitez-en pour regarder ce merveilleux petit être dormir tout contre vous. Cela fera monter votre taux d’ocytocine ce qui permettra une belle éjection du lait ².
Il faut savoir que le lait est produit en continu donc en mettant le bébé au sein à la demande/aux signes d’éveil vous n’aurez pas à vous soucier du fait qu’il draine ou non un sein.
3. Lait de début et de fin de tété, existe-t-il deux laits différents? Le lait de fin de tétée est-il plus gras?
NON ! Le lait maternel contient toujours du gras, les fameux lipides, du début à la fin. En fait, ce qui fait la qualité d’un lait plus concentré en gras c’est justement le drainage des seins. Le lait est composé d’eau et de plusieurs nutriments, micronutriments et enzymes, entre autres.Les lipides sont déposés comme des gouttelettes sur les parois des canaux qui éjectent le lait. Ils sont disséminés tout au long de la tétée et sont plus concentrés une fois le drainage maximal effectué. Le lait étant, à ce moment-là, moins chargé en eau est par conséquent plus concentré en gras.
Certains bébés n’arrivent pas à drainer le sein de la maman mais arrivent tout de même à prendre le gras qui leur est nécessaire en multipliant les tétées par exemple. En revanche, cela peut créer des inconforts digestifs dus au fait que le bébé ne draine pas de façon effective le sein.
On dit que le lait va être plus gras le soir que le matin : c’est une réalité si votre allaitement est à la demande et que le bébé a tété selon ses besoins.
Le matin le lait est plus abondant, chargé en eau, mais le soir il est plus concentré, il contient moins d’eau et donc plus de gras. C’est pourquoi les bébés ont des épisodes de tétées groupées où ils prennent davantage de tétées courtes mais fréquentes.
Voir l’article « Le rythme des tétées«
4. Conclusion
Après toutes ces informations, l’essentiel à retenir est l’observation de son bébé. Il n’y a pas de règles établies lorsque l’on pratique un allaitement aux signes d’éveil. En allaitant à la demande, vous serez assurée de drainer vos seins et que le bébé reçoive ainsi tous les éléments nutritionnels dont il a besoin.
Marina Boudey,
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
(1)has santé- mise en oeuvre et poursuite dans les 6 premiers mois de vie de l’enfant- mai 2002
(2) Dr Jack Newman- feuillet La Compression du Sein
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Le 4ème trimestre de grossesse
Le 4ème trimestre de grossesse est un état qui succède à l’accouchement autant chez le bébé que chez la maman. Un bouleversement hormonal, de sentiments et de sensations qui n’est pas toujours attendu tel qu’il arrive et dont il est difficile de comprendre les signaux… Ici, nous allons essayer de vous aider à comprendre que ces changements sont normaux ce qui peut permettre d’accueillir plus facilement ce tourbillon d’émotions.
Qu’est ce que le 4ème trimestre de grossesse?
– Chez le bébé
Il faut savoir qu’un bébé humain est un des mammifères qui naît parmi les moins aboutis en comparaison à d’autres espèces. Portmann « a estimé qu’au lieu de 9 mois, une période de gestation de 18 à 21 mois serait nécessaire pour que les humains naissent à un stade de développement neurologique et cognitif équivalent à celui atteint par un nouveau né chimpanzé » ¹.
Ses systèmes nerveux, pulmonaire, vasculaire, rénal et sa régulation thermique sont loin d’être achevés à la naissance, la maturation de ces systèmes continueront de s’établir lors de la vie extra utérine ².
C’est-à-dire que le bébé sort d’un monde doucereux et enveloppant, liquide et chaud à un environnement froid et aérien, avec de la lumière partout et des voix fortes qui résonnent. Il y a de quoi se sentir perdu et désorienté.
C’est pourquoi ces petits êtres ont besoin rapidement de contact et d’être près de leur maman, idéalement en peau à peau, avec une source de lait à disposition et à la demande.
Évidemment, cette transition ne s’acquiert pas en quelques jours. Durant 3 à 4 mois le bébé aura besoin de proximité, de tétées, de câlins…
Il aura passé environ 9 mois en vous, à être bercé au rythme de vos activités, à entendre vos discours et ceux de votre entourage, à ressentir vos émotions, à écouter battre votre cœur, à avoir ce contact chaud et rassurant. Il ne pourra donc pas, dès la naissance, être autonome. Il aura besoin d’une transition entre l’utérus familier et ce nouvel environnement qui peut souvent paraître hostile. Son seul point de repère seront les bras, la peau et sa chaleur, les voix qu’il aura entendues tout du long de votre grossesse.
Le manque de maturité des systèmes du nouveau né, énoncés en début d’article, montre que biologiquement le petit être humain n’est pas apte à se défendre seul, à se nourrir seul, à être seul tout simplement.
Si votre bébé vous réclame, que vous trouvez que le rythme de tétées est anarchique (cf article rythme tétées), que ses comportements ne sont pas réguliers, c’est normal, c’est biologique et physiologique. En très peu de temps ce petit être humain va se construire et faire maturer son système mais il ne peut pas y arriver seul, il a besoin de soutien et de se sentir rassuré auprès de vous, auprès de sa famille.
Par ses pleurs, votre bébé vous communique ses besoins qu’il ne peut assouvir lui-même. En répondant à ses sollicitations, vous commencez à développer ses capacités langagières. Le bébé humain naît avec de formidables capacités de communication contrebalançant avec son immaturité.
http://www.berceauducoeur.com/
Il s’agit du respect de son continuum ³. Chaque bébé naît pour apprendre à devenir autonome. Moins nous contraignons les réponses attendues par le corps, plus nous répondons à ses besoins (besoins qui sont inscrits depuis la nuit des temps dans le capital biologique et génétique de l’être humain) et plus le bébé sera en mesure de grandir en toute confiance et avec un développement naturel dicté par sa nature.
La phase des “bras” est, selon Jean Liedloff, une phase indispensable au respect de ce continuum. Dans son livre, elle compare le mode de vie des tribus amazoniennes Yekwanas et Sanemas à celui des pays occidentalisés. Les Yekwanas sont à l’écoute du continuum de leurs bébés en les portant constamment. De ce fait la transition entre la vie intra et extra utérine est à peine perceptible puisque le bébé pratique toutes les activités de sa maman avec elle, s’il a faim, le sein est de suite à disposition, s’il veut dormir, le contact rassurant et chaud du corps de sa mère en mouvement suffit à l’apaiser. Les Yekwanas ne suivent pas un ordre d’idées ou de préceptes établis par telle ou telle personne, ils écoutent leur instinct primaire et répondent aux besoins de leur bébé de cette façon. Les bébés s’épanouissent naturellement et s’émancipent afin de devenir des enfants puis des adultes heureux.
Évidemment, tout ceci n’est pas forcément applicable en dehors d’une vie de village amazonien, mais il est possible de respecter au maximum les besoins de son bébé en respectant son rythme, en l’accompagnant vers cette transition, en le portant au maximum (ateliers de portage) et en lui donnant le sein à la demande.
Finalement, il arrive très souvent que les doutes des mamans sur le comportement de leur bébé viennent de lectures, de conseils, de sources extérieures à leur propre observation. Si une maman devait se fier à son propre jugement sans aucune influence, il y aurait peu de chances qu’elle pose son bébé ou essaie d’instaurer un rythme alors qu’il demande à être près d’elle et à téter quand bon lui semble. Les pleurs et les demandes de bras sont un besoin physiologique, il ne s’agit pas d’un « caprice ».
Ainsi, durant ces 3 à 4 mois où votre bébé sera en constante évolution neuronale, motrice et affective et où il demandera une proximité accrue, il sera important de répondre à ses besoins, afin qu’en toute confiance et rassuré, il puisse apprendre à se sentir prêt à affronter le monde de façon plus autonome et emprunt de curiosité. Cette réponse constante à ses besoins favoriserait un attachement secure (cf théorie de l’attachement de Bowlby). Il faut aussi savoir que le nourrisson a des réflexes archaïques dont le réflexe de Moro, ainsi dès que l’on pose le bébé classiquement les épaules en premier, son réflexe inné lui fera tendre les bras et pleurer car il aura la sensation de tomber, cela démontre son instinct biologique à être porté, cela permet aux parents d’être maintenus en vigilance pour les besoins du nouveau né.
Cela peut évidemment se poursuivre au-delà du 4ème trimestre de grossesse, mais le rythme sera plus modéré et le bébé commencera à découvrir le monde avec son propre regard et ses propres expériences.
– Chez la maman
Si l’arrivée d’un petit être humain dans ce nouveau monde bruyant et éclairé peut être perturbant, il en est de même pour la maman qui se retrouve avec une sensation toute nouvelle. Elle peut se sentir vide, une sensation de tristesse peut l’envahir et ce malgré le bonheur immense de devenir maman et l’amour porté à son nouveau-né. Tout d’abord, la maman subit une chute d’hormone, durant 9 mois la corps de la femme enceinte produit une grande quantité d’oestrogenes et de progestérone descendant en flèche lors de la libération placentaire, appelée « délivrance ». C’est une étape essentielle pour que la prolactine soit activée et permette la mise en place de l’allaitement. Mais cela a des conséquences morales. Cette chute peut donner lieu à des émotions exacerbées, qu’il s’agisse d’émotions positives ou négatives. C’est pourquoi si vous ressentez ce type de sentiments il n’y a aucune culpabilité, aucune honte à les ressentir, la plupart des réponses sont de simples réponses biologiques. N’hésitez pas à en parler à des professionnels compétents, à votre sage femme, au médecin qui vous suit et à vos proches. Demandez de l’aide, vous avez le droit d’être fatiguée, vous avez le droit de vouloir vous reposer avec votre bébé. Et s’il pouvait s’exprimer, votre corps vous parlerait même de devoir. En restant au plus proche de votre bébé certaines hormones vont vous permettre de contrer les sentiments négatifs, de vous endormir plus vite et plus profondément, d’agir comme anti douleurs.
Et aussi d’aider votre corps à se mettre progressivement en place vers une nouvelle construction. Ce nouveau corps qui aura enfanté, qui sera différent de celui avant grossesse, un nouveau corps à regarder, à appréhender et à accepter progressivement. Un acte sublime vient de se produire, un bébé est venu au monde grâce à ce corps qui l’a porté et construit, il ne peut qu’être aussi sublime lui aussi.
Dans son livre Le quatrième trimestre de la grossesse Ingrid Bayot parle de « dégestation » pour expliquer ce phénomène. Vous pouvez retrouver un article issu d’une interview de l’auteur ici:
https://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/36744/quatrieme-trimestre-grossesse
Marina Boudey,
pour L’Allaitement Tout Un Art
Sources
¹https://www.pnas.org/content/109/38/15212.full
²https://sofia.medicalistes.fr/spip/IMG/pdf/Physiologie_du_nouveau_ne.pdf
³ Livre « Le concept du continuum/ À la recherche du bonheur perdu » – Jean Liedloff
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Le rythme des tétées et tétées groupées
Les rythmes de tétée des bébés sont souvent sujet à inquiétude, on se demande toujours si le bébé est dans la “norme” ou s’il a encore faim. Point par point nous allons voir que la seule norme qui compte est celle de votre bébé.
1. Rythme des bébés allaités
a. Rythme du nouveau né
Plus tôt bébé est au sein et plus aisé sera la mise en place de l’allaitement. Il est préconisé de mettre bébé au sein, au mieux dans les 30 minutes suivant l’accouchement, et au maximum, dans les 2h suivant la naissance, de nombreuses études ayant démontré que le réflexe archaïque de fouissement était à son apogée les premières heures suivant la naissance (¹). Pour ne pas entraver ce réflexe, il est important de guider le bébé vers le sein mais de ne pas le forcer. C’est pourquoi le contact peau à peau précoce est important entre la mère et le bébé, afin de favoriser ces réflexes innés qui permettent une succion naturelle (¹). Ainsi, maman garde bébé au maximum près d’elle, idéalement en peau à peau et on laisse bébé, tant que possible, découvrir le sein grâce à ses propres réflexes. On peut l’aider grâce à quelques caresses, le guider en faisant perler une goutte de colostrum, et le rapprocher tout en douceur vers le sein si le bébé a du mal à y venir de lui-même. Le Biological Nurturing (BN) est une approche physiologique parfaite pour amener le bébé au sein de cette façon.
Au départ, dans les premières 24h, le bébé pourra se retrouver dans un état un peu somnolent et téter doucement. Puis le rythme s’accroîtra au cours des 24h suivantes. Les tétées pourront varier sur une échelle de 0 à 11 les 24h premières heures puis de 1 à 22 à 48h de vie (¹).
Ces échelles de tétées démontrent à quel point l’importance de l’allaitement à la demande est primordiale. Ne pas se fier aux nombres, ni à sa montre mais faire confiance en ses capacités de mère allaitante et celles de son bébé.
Le bébé va donc téter avec frénésie ce qui facilitera l’évacuation du méconium (qui sont les 1ères selles du nouveau né, de couleur brunâtre) et favoriser la montée laiteuse, ce rythme sera transitoire. Le nouveau né n’aura donc pas de rythme établi, il aura le sien, propre à ses besoins et essentiel à la mise en place de la lactation de la maman.
Il faut savoir que des tétées fréquentes supérieures à 8 par jour durant les 3 premiers jours favorisent la baisse du taux de bilirubine, et ainsi préviennent d’éventuels ictères physiologiques (jaunisse) (http://allaitement-toutunart.fr/allaitement-et-jaunisse-ictere). Le peau à peau précoce, quant à lui, favorise un contrôle de la glycémie de bébé et permet de réguler également sa température.
b. Rythme d’un bébé allaité jusqu’à 6 mois
On entend souvent parler du rythme moyen de tétées tournant entre 8 à 12 fois sur 24h, or aucune étude ne vient corroborer ces chiffres. Le rythme sera donné par plusieurs facteurs dont la succion du bébé et la capacité de stockage de la maman qui selon l’étude de Kentucky et AL peut varier de 74 à 382g par sein (¹) (L’étude a observé qu’un sein est fréquemment plus productif que l’autre et qu’il s’agit le plus souvent du droit +123ml (¹)).
Des études ont en effet pu établir des moyennes de tétées selon les âges, mais ces chiffres ne sont que des moyennes. Certains bébés feront des tétées courtes et fréquentes tandis que d’autres feront des tétées longues et moins nombreuses, et d’autres encore longues et fréquentes. Un bébé sait se réguler de lui-même, d’où l’importance de mettre le bébé au sein à la demande.
Par exemple, l’étude de Hörnell (¹) montre des échelles de 2.9 tétées à 10.8 tétées par jour à 2 semaines et de 3.2 tétées à 8.5 tétées par jour à 20 semaines. Vous pouvez donc noter que l’écart de ces échelles de moyenne est assez grand.
2) Mais alors comment savoir si mon bébé prend assez de lait ?
Il suffira de contrôler le nombre de couches mouillées selon son âge, ses selles régulières (au moins une par jour) durant au moins 4 à 6 semaines (Voir le visuel « Les premiers jours d’un bébé allaité« ), une prise de poids (en moyenne 20 à 30 g/ jour [moyenne faite sur 15 jours voir 1 mois]), (sachant qu’un nourrisson peut mettre jusqu’à 15/21 jours à retrouver son poids de naissance), sont des indices prouvant que bébé tète efficacement et suffisamment. Lire le feuillet du Dr J. Newman
3) Rythme des tétées nocturnes et sommeil associé
Une autre étude de Hörmell (¹) a établi des moyennes de tétées nocturnes, montrant un nombre de tétées de 1 à 5.1 à 2 semaines et de 0 à 4 à 20 semaines (sur un panel de 506 mères suédoises) et surtout cette étude a permis d’évaluer que l’allongement des intervalles entre les tétées n’allaient pas forcément de pair avec la croissance (¹). C’est à dire que ce n’est pas parce qu’un bébé grandit qu’il va forcément téter de moins en moins la nuit.
Ainsi, la conclusion s’est posée que tous les bébés tétaient la nuit et que les tétées étaient fréquentes et irrégulières (¹). Les tétées de nuit sont importantes et nécessaires au bon développement du bébé et pour la lactation de la maman grâce au pic de prolactine se produisant entre 4 et 7h du matin (⁴).
Selon une autre étude de Kent et Al, sur un panel de 71 mères allaitantes, tous les nourrissons de 0 à 9 semaines tétaient la nuit et 61% des nourrissons de 9 à 26 semaines. Ils consommaient environ 20% de leurs rations journalières et ceux qui ne tétaient pas la nuit se rattrapaient en journée (¹).
En conclusion :
Scientifiquement parlant, grâce à des cas cliniques et donc des panels de mamans allaitantes, personne n’arrive à poser de fréquence de tétées indicative. On en revient à ce qu’un allaitement réussi et dit «normal » est celui qui répond aux besoins physiologiques de l’enfant, en le mettant au sein selon sa demande, ses besoins et selon son propre rythme de tétée.
Il faut également savoir que les nourrissons ont un sommeil biphasique (sommeil paradoxal et sommeil lent). Ils ne possèdent pas de phase de sommeil comme nous, ne font pas la distinction jour et nuit et dorment à tout moment de la journée. Le passage d’une phase à l’autre peut se faire en une fraction de seconde. Et les bébés pourront téter alors qu’ils sont « endormis » grâce à leur réflexes innés.
Viendra le temps, aux alentours de 2 ou 3 mois, de l’acquisition de certaines phases, puis vers 7 mois elles seront acquises jusqu’à l’âge de 3/4 ans, bébé s’entraînera à appréhender ces phases de réveils et les multi réveils par cycles en apprenant à se rendormir seul … Vers 8 mois l’angoisse de la séparation et la découverte du « moi – différent de maman » donne un sommeil agité et redouté. Ils se réveillent facilement d’une phase à l’autre tout en apprenant à se réveiller par la suite de moins en moins (³).
Ainsi, les tétées nocturnes, en plus d’être nutritives peuvent s’ajouter en tant que réconfort lors de l’accompagnement de ces différentes phases de sommeil.
4) Quelle est la durée normale d’une tétée ?
Il n’y en a pas. Tout va dépendre du rythme de succion du bébé et de l’arrivée du réflexe d’éjection de la maman, cela peut aller de 7 à 30 minutes pour des moyennes indicatives (¹).
Le meilleur des indicateurs pour savoir si le rythme de votre bébé est “normal” est l’écoute et l’observation de votre bébé. Une mise au sein fréquente et une proximité constante assurera la mise en place d’une bonne lactation.
5) Tétées groupées/Tétées en grappes
« Pourquoi mon bébé tète davantage le soir ? Il s’énerve, se cambre, je pense n’avoir plus de lait pour lui le soir, faut-il le compléter pour qu’il soit rassasié? «
On observe que les tétées fréquentes, aussi appelées tétées groupées ou tétées en grappes, le soir notamment, n’ont rien à voir avec le fait que bébé ne soit pas rassasié. Il s’agit tout d’abord d’un moment propice à la décharge émotionnelle emmagasinée sur la journée mais il s’agit aussi d’un besoin physiologique qui va au-delà du simple aspect nutritif.
Selon l’étude de Kent et Al, qui a pu quantifier le nombre de grammes prit durant une tétée, (panel de 71 femmes), il a été observé que des bébés pouvaient tout à fait téter 1h après avoir pris des tétées pouvant aller jusqu’à 175g et que certains bébés pouvaient rester sans téter 8h après une tétée de seulement 35g (¹).
On voit bien que le nombre de tétées ne peut donc pas être quantifié seulement par le nombre de grammes de lait ingéré.
Pour explication, les femmes ont une production plus abondante le matin (120/150ml) et les tétées sont donc plus espacées (entre 2 et 5h).
Matheny et Picciano, aux USA, ont étudié si la mesure de production lactée de la femme pourrait être doublée pour déterminer une production sur 24h et ont ainsi constaté que plus de lait était consommé entre 6 et 18h et moins entre 14 et 2h.
C’est pourquoi les tétées seront plus fréquentes avec prise de petites quantités entre 14 et 2h. Cela peut se produire sur une durée condensée de 2 ou 3h, c’est ce que l’on nomme les tétées groupées ou tétées en grappe (²).
Ainsi, la maman a amplement de quoi subvenir aux besoins de son bébé. Celui-ci n’est pas affamé et n’a pas besoin d’être complémenté en lait, il a juste besoin de ces tétées pour subvenir à un besoin physiologique et nécessaire. Si la maman se retrouve avec des seins plus souples, ce ne sera pas un indicateur que la production n’est pas assez conséquente. La maman produit du lait en continu et possède une capacité de stockage qui lui est propre. D’avoir un bébé au sein durant 2 à 3h (à titre indicatif) fait que le stockage de la maman n’a pas le temps de se remplir totalement, ainsi bébé aura besoin de téter pour faire venir le/les réflexe/s d’éjection du lait. Comme si le bébé devait « amorcer » la venue du lait. Le sein n’est donc pas rempli et souple mais le lait reste délivré en continu.
6) Quand et comment savoir que quelque chose ne va pas vis à vis du rythme de mon bébé?
Si votre bébé présente plusieurs facteurs tels que de longues tétées ou au contraire très fréquentes et courtes, qu’il semble avoir des coliques, que ses selles ne sont pas jaune or, que vous avez des problèmes au mamelon tels que crevasses ou canal bouché/mastites à répétition… ; Dans ce cas il est possible d’évaluer ces facteurs et vérifier qu’aucune cause sous-jacente ne nuit au transfert de lait et donc n’impacte le rythme de tétées.
7) Conclusion
Aucune étude n’a pu prouver qu’un bébé ait besoin d’un nombre défini de tétées, qu’elles soient nutritives ou de réconfort. On ne sait qu’une chose : c’est que le bébé saura toujours ce dont il a besoin. Seule la maman peut savoir ce dont a besoin son tout petit. Grâce à la proximité, grâce à l’observation et l’écoute de celui-ci, la maman saura définir comment répondre à ses besoins.
Marina Boudey,
pour l’Allaitement Tout Un Art
Sources :
(1) has santé – Mise en oeuvre et poursuite dans les 6 premiers mois de vie de l’enfant – Mai 2002
(2) Volume of breastfeeding and fat content of breast milk through the day-pediatrics 2006
(3) http://www.chups.jussieu.fr/polys/endocrino/poly/POLY.Chp.20.html
(4) Livre : Dormir sans larmes – Rose Jové
Last Updated: 21/05/2021 by Allaitement Tout Un Art
Les causes des régurgitations
Lorsque notre enfant recrache du lait de manière fréquente, nous ne pouvons nous empêcher de nous inquiéter et de nous poser des questions : est-ce normal? est-ce à cause de ce que je mange? mon lait est-il bon? est-ce que je lui donne trop la tétée? pas assez ? Face à un bébé qui recrache du lait, il convient tout d’abord d’identifier s’il s’agit de régurgitations ou de vomissements (en jet ou non). En effet, les régurgitations sont courantes, physiologiques et souvent « normales » même lorsqu’elles interviennent plusieurs fois par jour sur plusieurs mois. Les vomissements trop fréquents sont, quant à eux, bien souvent le reflet d’une pathologie plus « grave » (virus, sténose du pylore etc.) qu’il convient de diagnostiquer afin de pouvoir la soigner.
Il convient aussi d’identifier s’il existe un problème d’allaitement. Pour cela, il faut regarder les selles, la fréquence des urines, la prise de poids, l’éveil de bébé, si l’allaitement est douloureux, etc. Les régurgitations peuvent, en effet, comme nous allons le voir, être associées à des difficultés au niveau de l’allaitement. Apporter des solutions à ces difficultés apaisera donc les régurgitations.
Les causes possibles :
Historiquement, tous les bébés avaient des longues bavettes qui étaient lavées quotidiennement… Il faut donc garder en tête qu’une bonne partie des nourrissons, pour ne pas dire tous les nourrissons, régurgitent régulièrement.
Faisons le tour des causes les plus fréquentes de ces régurgitations, elles sont souvent multifactorielles. Certaines sont sans incidence sur la santé, elles ne posent qu’un problème de linge et ne nécessitent aucune intervention. Elles ne sont pas non plus douloureuses pour le bébé.
1. L’immaturité du cardia (clapet situé en haut de l’estomac devant, une fois mature, bloquer la remontée du bol alimentaire dans l’oesophage) :
La première cause est l’immaturité du cardia. Le bébé va donc régurgiter une partie de ce qu’il avale dû à cette immaturité (le clapet se ferme « mal »). On ne peut pas agir sur cette cause, le temps et le développement de bébé résoudront ce problème.
2. Les manipulations après tétées :
Toujours sans gravité, le bébé peut aussi régurgiter s’il a été trop manipulé ou trop brusquement, à proximité d’une tétée. Vous pouvez donc éviter au maximum de déplacer ou manipuler bébé après une tétée et comme pour le trop plein ci-dessous, garder bébé dans une position verticale.
3. Le “trop plein” :
Bébé peut également régurgiter s’il a « trop » tété, le trop plein va donc ressortir. Il sera souvent bénéfique de garder bébé dans une position assez verticale un certain temps. Le portage vous aidera à prendre soin de bébé ou à passer le relais à votre partenaire ou à un proche tout en poursuivant une activité. Profitez-en pour vous accorder une pause ! Pensez à suivre un atelier de portage car certaines positions sont plus favorables aux bébés souffrant de reflux.
4. Vitamines et autres compléments :
Certains médicaments ou compléments vont aussi favoriser les régurgitations, c’est le cas notamment de certaines vitamine D3 (données systématiquement aux bébés jusqu’à 18 mois). La vitamine Zyma D, par exemple, contient de l’huile essentielle d’orange douce ainsi que de l’huile raffinée, ces ingrédients peuvent causer des régurgitations ou accentuer les régurgitations causées par un reflux gastro-œsophagien (RGO) déjà présent. Si votre bébé régurgite beaucoup, il vaut donc mieux privilégier une vitamine D3 avec le moins d’ingrédients possibles et avec de l’huile de bonne qualité.
Voir notre article: La vitamine D .
5. Le Réflexe d’Éjection Fort chez la mère :
Si la maman a un réflexe d’éjection fort (REF) (voir notre article Le REF (Réflexe d’Éjection Fort)), cela peut également accentuer les régurgitations pour son bébé. En effet, celui-ci va avaler une grande quantité de lait très rapidement, il va aussi souvent avaler de l’air, tous ces facteurs feront qu’une partie du lait va « ressortir » par la suite (trop plein, trop d’air dans l’estomac …). Pour ces mamans, le mieux reste de vider légèrement leur sein (expression manuelle) avant la tétée afin de limiter la puissance du REF. Il est aussi très important, après chaque tétée, de faire faire le rot aux bébés. En effet, la verticalité permettra au clapet du bébé de bien se « refermer » et l’air avalé sera « évacué ». Les rots limitent ainsi grandement les régurgitations.
6. Les problèmes de “tension” chez le bébé :
D’une manière générale, les bébés qui souffrent de tensions vont également être plus sensibles aux régurgitations. Ces tensions sont fréquentes chez les nourrissons et elles peuvent avoir de nombreuses causes, elles peuvent être « positionnelles ». Par exemple, une mauvaise position in utéro peut entraîner des torticolis, un syndrome de KISS, etc. Elles peuvent aussi être dues à des allergies alimentaires ou causées par des freins restrictifs, etc. Ces tensions sont souvent également la cause des fameuses « coliques du nourrisson».
Quand un bébé est tendu, sa bouche, sa langue, son estomac, etc. sont tendus, la succion est alors bien souvent modifiée (c’est d’ailleurs une cause d’échec d’allaitement ou d’allaitement mis en place difficilement, douloureux …). La digestion est également «altérée» et tout cela aura souvent comme conséquence des régurgitations d’une partie du lait ingéré.
Les tensions, en général tout comme les allergies, peuvent causer ce qu’on appelle communément des « coliques » : le bébé a des gaz, il a mal au ventre, il pousse, se tortille, devient tout rouge, parfois pleure pendant des heures. Les coliques sont donc intimement liées aux régurgitations, tout d’abord car elles sont souvent le reflet d’une autre «pathologie»: tensions, allergies, REF… et également car le bébé qui pousse, qui a mal, sera encore plus tendu, et nous l’avons vu, un bébé qui est tendu régurgite davantage.
Lorsque les tensions sont « positionnelles » et liées au squelette, bien souvent, des séances chez l’ostéopathe ou chez le chiropracteur suffisent à réduire les tensions et donc les régurgitations.
Les nourrissons souffrant d’allergies (gluten, protéines de lait de vache (PLV), oeuf …) sont également beaucoup plus touchés par les régurgitations. En effet, leur système digestif est «inflammé», ils sont également beaucoup plus tendus, souffrent ainsi souvent de «coliques». Tous ces symptômes amènent assez inévitablement des régurgitations fréquentes. Pour traiter les régurgitations dues aux allergies, il convient de stopper la consommation des allergènes à la fois pour le bébé s’il est diversifié mais aussi pour la maman si elle allaite (éviction stricte des PLV par exemple : il conviendra, dans ce cas, de choisir une vitamine D3 issue du lichen et non de la lanoline.).
Les freins (frenulum) sont des éléments anatomiques qui empêchent un élément du corps de s’éloigner trop de sa position habituelle. Ainsi, dans la bouche, il y a trois sortes de frenulum : sous la langue, au niveau des joues et au niveau des gencives / lèvres. Ces frenulum jouent donc leur rôle naturel de frein. Or, il arrive, malheureusement fréquemment, que ces freins soient restrictifs. Ils peuvent, donc également, être la cause des régurgitations. En effet, un frein trop serré amènera souvent des tensions (qui auront été créées in utero) dans tout le corps et notamment au niveau de la bouche. Les freins (et les tensions qui en découlent) vont donc altérer la succion et de la même manière que pour un REF ou que pour un problème de mauvaise position d’allaitement : bébé va avaler beaucoup d’air, mal stimuler le sein et va donc ingurgiter moins de lait « gras » (les conséquences sont alors des selles vertes). Tout cela amènera donc bien souvent des difficultés à digérer, des gaz et bébé souffrira donc de « coliques » qui, comme nous venons de le voir, contribuent à l’aggravation des régurgitations. Les freins restrictifs peuvent être coupés mais cela n’est pas toujours nécessaire. Quoi que vous décidiez de faire, il conviendra de consulter un chiropracteur qui manipulera bébé pour le soulager et vous indiquera les exercices à réaliser à la maison. Parfois (souvent !) un bon suivi chez un chiropracteur formé aux freins (attention ils ne le sont pas tous) peut suffire à réduire voire supprimer les tensions dues à un frein restrictif.
Il y a aussi des causes plus « médicales » qui expliquent directement les régurgitations. Dans ce cas, on parle plutôt d’un “vrai” Reflux Gastro-Oesophagien (RGO) entraînant quasi systématiquement une oesophagite (inflammation chronique de l’oesophage). Ces bébés ont des régurgitations douloureuses ( ce qui est normal puisque l’oesophage est “brûlé”). Les premières choses à faire sont de trouver la cause du RGO et de calmer l’oesophagite. Pour cela, il est primordial de consulter un médecin. Il est important que celui-ci recherche la cause du reflux pour éviter une médicamentation inutile, par exemple, si le RGO résulte d’une allergie, il “suffira” de stopper l’allergène. Il faut savoir que certains médecins face à un RGO ne cherchent pas la cause mais prescrivent des médicaments anti-reflux (comme les inhibiteurs de la pompe à protons). Ces traitements ne sont pas sans conséquence et peuvent avoir des effets secondaires dommageables. En effet, grâce à l’acidité de l’estomac, des alpha-lactalbumines du lait maternel forment la protéine “HAMLET” (qui protège des cancers infantiles, mais pas seulement ). Ces médicaments anti-reflux rendent l’estomac moins acide, empêchant alors la formation de la précieuse protéine HAMLET. Pour soulager un bébé qui souffre de RGO, il conviendra de ne pas trop le manipuler après une tétée. Vous pouvez également le porter de manière physiologique afin de le verticaliser le plus possible. Il arrive très souvent que les bébés souffrant de RGO n’aiment pas être portés (ils se cambrent…) mais il existe des façons de porter qui leur sont davantage adaptées. Consulter une monitrice de portage pour un atelier de portage sera d’un grand bénéfice si vous n’êtes pas coutumière de la pratique. Voici une vidéo d’Isabelle Sertelono sur la façon dont vous pouvez porter un bébé qui souffre de RGO : “Porter un bébé qui a un reflux”.
En Conclusion :
Rassurez vous, cette phase ne dure pas toujours. Et même si cette période vous paraît difficile et fait monter en vous un sentiment d’impuissance, gardez confiance en vous et en vos capacités à accompagner votre bébé. Bientôt, il va grandir, se déplacer, s’assoir, et cette période ne sera alors qu’un lointain souvenir.
Manon pour l’Allaitement Tout Un Art
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